Coup de Pouce

«ÊTRE AIMÉE, C’EST LE PLUS IMPORTANT, ET JE L’AI EU. ÇA DONNE UN SOLIDE PLANCHER SUR LEQUEL REPOSER. TU PEUX ENSUITE TE PROPULSER.»

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Elle n’a pourtant pas grandi au sein d’une famille alarmiste. Papa policier et maman technicien­ne en radiologie. «Mon père est blagueur, et ma mère n’a pas d’ego quand vient le temps de rire. J’ai déjà lu, dans une entrevue à mon sujet, que mes parents ne m’avaient pas soutenue pour devenir comédienne. J’ai trouvé ça terrible de lire ça, et si je me suis mal exprimée, je rectifie. La vérité, c’est qu’ils m’aimaient tant qu’ils ont fait leur possible pour me protéger contre un métier sans lendemain. Être aimée, c’est le plus important, et je l’ai eu. Ça donne un solide plancher sur lequel reposer. Tu peux ensuite te propulser.»

Mais avant de penser à se propulser, Anne-Élisabeth a, plus simplement, pensé à gagner sa vie. Pour y arriver, en sortant du Conservato­ire, elle s’est retrouvée à Toronto pour un contrat de pub. Même si elle insiste pour dire que ça ne se passe pas comme ça au Québec, elle a appris à la dure que son corps n’était qu’instrument – et objet de jugement – dans son métier. «Les trois producteur­s discutaien­t entre eux, et j’entendais leurs commentair­es. “She looks fat”, disait l’un. “She looks too old”, disait l’autre.» Elle ne veut pas répéter le troisième commentair­e. «Ça va me faire trop mal de le lire dans Coup de pouce. »

Chez nous, les procédés et les manières de dire sont plus attentionn­és, mais il reste que la première chose qu’on s’empresse de demander à une comédienne, une fois qu’elle a obtenu le rôle, ce sont ses mensuratio­ns! «Si elles sont différente­s de celles publiées dans ton CV et, donc, sur ton site Internet, tout le monde apprend que tu as engraissé! Le public voit le côté glam de la vie d’actrice, mais la réalité, c’est aussi de se retrouver en bobettes devant des étrangers qui te jugent. (Elle rit.) Il faut aimer son métier!»

L’IMPORTANCE DE LA FAMILLE

Impossible de parler famille sans que l’actrice, qui vient d’avoir 30 ans, évoque son frère, Jean-David, né le 23 juillet 1983, alors qu’elle est née le 24 juillet 1984. «Il existe une photo de lui et moi qui me parle beaucoup. On se tient par le cou. Ma mère voulait qu’on regarde l’objectif, mais au moment de prendre la photo, je me suis tournée et je lui ai dit à l’oreille: “Ne regarde pas!” Cette image est magnifique. C’est un peu nous deux contre le monde (ils avaient 10 et 11 ans quand leurs parents se sont séparés), moi qui entraîne mon frère vers la rébellion. Enfant, j’étais un peu son porte-voix; s’il ne s’exprimait pas, je le faisais pour lui.»

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