SOCIÉTÉ: UN ÉQUILIBRE À TROUVER
André Mondoux, professeur à l’École des médias de l’UQAM, spécialisé dans les nouvelles technologies. Et la pression est souvent forte sur les employés, car l’idéologie dominante de performance et de rentabilité est encore plus présente qu’avant, à cause justement des nouvelles technologies et de la connexion sur le monde qu’elles permettent.» Sans compter tous les nouveaux outils avec lesquels les employés doivent se familiariser constamment. «Il y a toujours de nouveaux logiciels avec lesquels on doit apprendre à travailler, dit Catherine. Ce n’est pas toujours évident, mais ça peut aussi être très stimulant. Disons que, comme employé, on doit rester ouvert et être toujours prêt à apprendre!» «Un impact assez évident sur le plan social est l’hyper-individualisation qu’entraînent certaines technologies comme les médias sociaux», affirme André Mondoux. De fait, selon plusieurs experts, des technologies comme les médias sociaux ou YouTube, où il est désormais possible d’exposer tout ce qu’on veut, rendent les gens particulièrement narcissiques, surtout les jeunes, les plus grands utilisateurs de ces technologies (voir notre reportage Facebook nous rend-il méchants? à la page 83). Autre reproche: des chercheurs comme l’Américain Howard Rheingold, spécialisé dans les nouvelles technologies et ses impacts, sont d’avis qu’Internet favorise la superficialité et la distraction.
«Lorsqu’une technologie voit le jour, elle génère depuis toujours les mêmes réactions: il y a ceux qui sont emballés et voient ça d’un oeil très favorable, et il y a ceux qui croient que ça aura un impact négatif sur la société», souligne toutefois Nicolas Saucier, qui ne croit pas, quant à lui, que les technologies, dont les médias sociaux, aient un effet antisocial. Au contraire. « Certains voient l’ado dans son sous-sol, face à son ordinateur, isolé et coupé du monde, dit-il, mais cet adolescent a peutêtre une discussion intéressante avec un garçon en Chine! Tout dépend de la façon dont on voit les choses.»
Le spécialiste est toutefois convaincu qu’il est essentiel de garder un équilibre entre nos relations virtuelles et nos relations réelles, et qu’on ne doit surtout pas se couper de notre famille et de nos «vrais» amis. On garde à l’esprit que très peu de nos 389 amis Facebook répondraient à un appel d’urgence lancé à 2 h du matin.
Pour Geoffroi Garon, les médias sociaux contribuent à faire de notre société une société plus participative. «Même si plusieurs s’expriment encore n’importe comment et si bien des niaiseries circulent, les médias sociaux incitent les gens à s’exprimer, ce qui est une bonne chose en soi. Le fait de s’exprimer de plus en plus favorise à mon avis le tissu social, un atout pour une société quand vient le temps de défendre de grands enjeux, par exemple sur le plan environnemental.» Un constat avec lequel Marianne, 38 ans, est tout à fait d’accord: « On diabolise souvent les médias sociaux ou même l’Internet en général, dit-elle. Moi, grâce au financement participatif, j’ai réussi à amasser des fonds pour une cause qui me tenait à coeur. Et je connais beaucoup de gens qui profitent de telles plateformes.»
Éducation, voilà, selon Nicolas Saucier, le mot d’ordre pour les années à venir. «Les nouvelles technologies sont à l’adolescence, dit-il. On est en train d’apprendre à s’en servir. Mais il faudra une génération pour qu’elles soient mieux adaptées à nos besoins et que leur utilisation devienne plus naturelle et appropriée.» Même vision chez Geoffroi Garon: «Je crois qu’il y aura toujours des abus, des gens qui utiliseront mal et trop les technologies, dit-il. Mais je crois aussi au gros bon sens des humains. Je ne pense pas que les gens laisseront se perdre leur humanité au profit du virtuel.»
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