Coup de Pouce

MÉCHANCETÉ DERRIÈRE L’ÉCRAN

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Comme dans n’importe quelle situation sociale, tout peut basculer rapidement quand on oublie à qui et à combien de gens on parle. Ainsi, si en chair et en os, une phrase cinglante peut être entendue par une poignée de personnes, sur Facebook, elle peut être lue et partagée par plus de 500 personnes, si on tient compte de nos amis, de leurs amis et des amis de leurs amis. Sans compter qu’elle laissera des traces indélébile­s qui pourraient avoir des répercussi­ons désolantes sur nos amitiés, au travail ou lors d’un entretien d’embauche.

Même si elle a conscience d’être devenue une vedette des réseaux sociaux, Tatouée maman croit que Facebook encourage les gens à dire effrontéme­nt ce qu’ils pensent. «C’est dans l’air du temps de monter au front et de juger l’autre sur quelque chose comme l’allaitemen­t, l’environnem­ent ou la santé, explique-t-elle. Mais j’imagine mal quelqu’un m’arrêter dans la rue pour m’accuser de racisme à cause de mon fils costumé ou pointer mon mauvais choix santé en voyant la boîte de biscuits aux brisures de chocolat dans mon panier d’épicerie.»

Ces malvenus, bien qu’ils ne soient pas très nombreux, ont une présence très remarquée dans les réseaux sociaux. Nadia Seraiocco, blogueuse et conseillèr­e en communicat­ions numériques, les qualifie de cowboys. « Ils voient passer un sujet dans leur fil de nouvelles et arrivent dans la conversati­on sans se soucier du ton ou de l’atmosphère qui règne dans le petit groupe. Un peu comme si quelqu’un débarquait dans notre salon pour nous insulter avec ses grosses bottes sales.»

Souvent, le cowboy a été ajouté à notre liste d’amis parce qu’il ou elle était dans notre classe à l’école secondaire, parce qu’il s’agit d’un lointain cousin ou parce qu’il habitait dans notre rue il y a 15 ans! «Il arrive aussi qu’on ne connaisse que certains aspects d’une personne. Par exemple, notre beau-père peut être un excellent grand-père, mais manquer totalement de tact ou être raciste dans ses propos», précise Mme Seraiocco.

Que fait-on, justement, quand le cowboy en question est notre beau- père ou notre soeur? «On clarifie la situation de vive voix, en parlant au “je” et on modifie nos paramètres de confidenti­alité avant de l’éliminer de notre liste d’amis et de créer un malaise dans la famille», soutient Sylvie Boucher, psychologu­e et coach en développem­ent personnel.

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