LE Y FAIT ENTENDRE SA VOIX ET CONNAÎT SA VALEUR
Éduqués dans des écoles où on les poussait à s’exprimer et où toutes les opinions étaient valables, les Y questionnent et proposent un échange d’idées. «C’est en posant des questions qu’on finit par être plus instruits sur notre métier, affirme Katherine, 25 ans, pharmacienne. Si je n’avais jamais affronté mes peurs pour demander tout ce que je ne sais pas, je n’aurais jamais pu être à la tête d’une pharmacie aujourd’hui.» Durant son parcours, ses supérieurs l’ont parfois rabrouée parce qu’elle remettait des procédés en question ou cherchait à en connaître davantage. «Si je posais tant de questions, je n’ai pas l’impression que c’est parce que je suis moins douée, mais plutôt parce que mes supérieurs ne s’étaient jamais questionnés comme moi, je le faisais.»
Autre avantage: les Y sont conscients de leur valeur et n’hésitent pas à revendiquer ce qui leur semble dû. Près de la moitié d’entre eux ont vécu les réformes scolaires qui les plaçaient vainqueurs en toutes situations. S’ils veulent la médaille d’or, ce n’est pas forcément par égoïsme, mais bien parce qu’ils l’ont toujours eue. De plus, «ils ont vécu avec l’exemple du parent qui a travaillé très fort pour obtenir très peu en retour et ils ne veulent pas subir le même sort, explique Tania Saba, professeure titulaire à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal. Ils sont plus coriaces dans les négociations et demandent des avantages concurrentiels dès le départ.»
La génération X qui les précède est régulièrement scandalisée de voir les conditions de travail intéressantes que réussissent à obtenir les Y. Shirley Brochu est chef du département de français et responsable de l’embauche dans une école secondaire. Selon elle, qui appartient aux X, la nouvelle génération a accès à des privilèges qu’elle et ses confrères n’ont pas eus. «Alors que les enseignants de ma génération ont mis 10 ans à obtenir leur permanence, en ce moment, à moins que tu aies déjà donné une claque à un élève, tu as une permanence après deux ans», soutient-elle. Selon elle, c’est en partie grâce au départ à la retraite des boomers, mais aussi à la facilité des nouveaux employés à obtenir ce qu’ils veulent. Elle comprend que les membres de sa génération puissent le voir comme une injustice, mais reconnaît aussi que sa génération gagnerait à s’exprimer davantage et à oser demander, comme les Y.
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