Coup de Pouce

COUP DE POUCE MAMANS

Habituelle­ment, quand arrive le temps des fêtes, on est aussi émue et presque aussi surexcitée que les enfants. Mais si on vient de se séparer et que c’est notre premier Noël sans eux, on n’a pas le coeur à la fête.

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Noël sans les enfants a quelque chose d’irréel. Souvent, c’est pour eux qu’on a renoué avec nos propres Noëls d’enfants et qu’on a remis de la magie dans nos vies. Puis, pouf! ils ne sont pas là le jour J. Bien sûr, on peut s’entendre avec notre ex sur des horaires de garde modifiés, mais vient toujours un moment où on se dit: «Ils auraient dû être là!» Et là, les larmes coulent.

J’en ai versé, des larmes, ma première veille de Noël sans eux. Une fois la porte refermée, après avoir joué à la maman forte qui encourage ses petits, j’ai laissé libre cours à mes émotions. Une étape normale, selon Hélène Fagnan, coach familiale et fondatrice de Nanny Secours. «Noël nous ramène à notre propre enfance et nous rappelle le temps qui passe. On se voit vieillir, et c’est souvent l’occasion de bilans personnels. Difficile, alors, de vivre les grandes émotions liées à la séparation tout en restant dans notre rôle de parent, soit de rassurer notre enfant et lui permettre de vivre cette transition en douceur.»

En ce premier Noël sans les enfants, on doit décider ce qu’on veut vraiment. Être seule, avec la famille ou avec des amis? Parler de notre peine ou éviter le sujet? On met les choses au clair pour nous d’abord, ensuite, on demande de l’aide, au besoin. «On peut faire passer le message par notre soeur qu’on ne veut pas se faire parler de la séparation par la famille», suggère Hélène Fagnan.

Puis, on saisit l’occasion de créer de nouveaux rituels. On a enfin le choix de perpétuer certaines traditions ou de les réinventer. On peut aussi en profiter pour arrêter de faire ces choses qui nous plaisaient à moitié: la visite chez la cousine éloignée, la dinde, l’échange de cadeaux ridicule...

À chacune de créer une fête qui lui ressemble. Pour ma part, je me suis offert un cadeau de moi à moi: bain moussant, chocolat, un carnet d’écriture et une série télé. Certaines organisent une sympathiqu­e réunion d’amis parce que non, tout le monde n’est pas en famille ce soir-là. D’autres se changent les idées en faisant une chose dont ils avaient envie depuis longtemps. «Faire du bénévolat peut être une bonne idée, car cela permet de sortir de soi et d’aller vers les autres. Sentir qu’on peut aider, faire une différence, même quand on ne va pas super bien, ça nous fait vivre un moment beau et humain qui nous réconcilie un peu», estime mon amie Chantal Dauray, auteure du livre Réinventez vos cérémonies, fêtes et rituels.

Puis, le soir venu, on s’écoute. Je me rappelle avoir eu besoin d’extérioris­er ma peine. Ayant rebattu les oreilles de mes proches et amis dans les mois précédents, je les ai épargnés et j’ai ouvert Facebook. Rapidement, je suis tombée sur quelques copines qui étaient aussi sans leurs enfants. On a échangé quelques mots pour mettre un baume sur nos coeurs à vif ce soir-là. J’ai pu leur dire ma peine et nommer mon ennui sans me sentir jugée, puis j’ai continué ma soirée et déballé mon cadeau.

Noël est un jour comme les autres, ou presque. Un jour de plus pour apprivoise­r notre nouvelle vie. Mais surtout une journée à réinventer... à notre façon.

J’en ai versé, des larmes, ma première veille de Noël sans eux.

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