«L’AMOUR, C’EST QUELQUE CHOSE QUI SE DÉVELOPPE À CONDITION QU’ON PRATIQUE SES APTITUDES... C’EST UN ART DONT IL FAUT S’OCCUPER ET J’AI APPRIS À LE FAIRE.»
entourage, j’avais un ami en cinéma. Je lui ai servi de cobaye pour un projet de film. Le résultat était probant. Il m’a dit: “Tu sais, Luc, que tu pourrais en faire un métier?” Je le savais, mais j’ai voulu faire taire cette voix.» Impossible.
Il a fait ses demandes à l’École nationale. «Je m’étais pratiqué avec une amie. On s’était enregistrés.» Devant les membres du comité de sélection, qui ont demandé comment il s’était préparé pour ses auditions, il a innocemment répondu: «Avec un magnétophone.» «Imagine! Tout le monde paie des coachs professionnels pour préparer leur entrée. Je n’étais pas meilleur qu’un autre! J’ai été chanceux! Récemment, j’ai croisé deux membres de la direction de l’École nationale. J’ai pu les remercier de m’avoir ouvert cette porte, une porte vers la vie que je mène. Et je l’aime, cette vie! Je suis tellement reconnaissant.»
Cela dit, le comédien ne croit pas qu’en la chance. Il croit au travail. Et à quelque chose d’un peu moins tangible, qui ressemble à de la projection. «Il faut rêver. Je demande toujours à la vie de me surprendre. On est responsable de ce qu’on demande à la vie. Mais parfois, il faut prendre son temps pour bien réfléchir à ce qu’on demande: Est-ce bien cela qu’on veut? Parce que souvent, la vie répond. Il faut être prêt à accueillir ce qu’elle nous propose.»
Le sujet revient souvent. Aimer. Accueillir. Embrasser, dans le sens de prendre dans ses bras. Remercier. Être conscient, lucide, ouvert. «L’amour, c’est quelque chose qui se développe à condition qu’on pratique ses aptitudes. Je n’ai pas toujours bien aimé. C’est un art dont il faut s’occuper et j’ai appris à le faire. L’amour dans ma vie, c’est le phare et avec Catherine, je me sens moins perdu. Je fais attention à ça. Je m’efforce de garder cette relation “neuve”, comme un objet que tu ne veux pas user. Quand j’étais jeune, j’étais exigeant. Je voulais tout, et sans attendre. Mais est-ce que je partageais vraiment? Et je ne parle pas de matériel. À 55 ans, je peux affirmer que je suis heureux avec ma famille. Mais c’est le résultat d’un cheminement. Quel mot quétaine, mais tellement pertinent! Ça m’a aidé à devenir un meilleur comédien. On reçoit beaucoup d’amour et de reconnaissance quand on pratique mon métier. Je jure que j’en fais aussi un vecteur pour remettre l’amour que je reçois.» Après cette rencontre, impossible d’en douter.