Coup de Pouce

MAMAN A BESOIN DE SA COUPE DE VIN

Après une grosse journée de travail et une soirée mouvementé­e avec les enfants, il m’arrive de prendre une coupe de vin. Je trinque alors avec la communauté virtuelle des mères débordées, en écrivant un statut sur Facebook. Je ne suis pas la seule à lever

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Avec nos statuts, on se dit implicitem­ent: «Je suis des vôtres, les filles. On ne lâche pas! » Mais devant autant de coupes levées, mon amie Guylaine, mère de deux filles, s’inquiète: «Tu crois qu’on boit trop, Danielle?» Je lui ai répondu qu’une petite escapade dans les années 1960 ou 1970 nous rassurerai­t. « Pense aux réveillons de Noël, où nos parents buvaient et fumaient la cigarette pendant qu’on s’endormait, tout habillés, les dents même pas brossées, dans les manteaux de fourrure! Et les tavernes, où les hommes allaient prendre un coup après une dure journée à l’usine?»

Quand j’étais petite, nous fêtions la Saint-Jean avec mes parents. Les adultes buvaient de la bière et chantaient, pendant que les enfants jouaient au parc. Aujourd’hui, pour la Saint-Jean, on amène les enfants voir les feux d’artifice. Et avant même que le dernier feu éclate, les petits sont déjà bien assis dans leur brouette pour le retour à la maison, avec des parents à jeun et impatients de rayer « feux d’artifice» de leur liste de choses à faire. Ne sommesnous pas devenus, au contraire, une génération de parents incapables de s’amuser?

Mylène, qui est mère de trois adolescent­es, met elle aussi les choses en perspectiv­e avec un brin d’humour. «C’est un fait, les femmes boivent plus qu’autrefois. Par contre, on ne peut pas boire enceinte ni en allaitant. Les enfants grandissen­t et, pendant une courte période, il est effectivem­ent possible (et bienvenu) de se servir une coupe de vin aux repas. Il faut profiter de ces années, parce qu’à l’adolescenc­e et même un peu avant, nos soirées sont pimentées de transports pour leurs mille et une activités parascolai­res et leurs sorties! L’adolescenc­e de nos enfants est une période parfois difficile qu’on vit à jeun», conclut-elle en riant.

Mon amie Caroline, mère monoparent­ale de deux enfants, croit pour sa part que ce n’est pas tant nos deux ou trois coupes de vin hebdomadai­res qui font mal aux enfants, mais plutôt nos statuts Facebook: «Quand je lis: “Je n’en peux plus des petits. Vite une coupe de vin!” ou: “Mes monstres sont enfin au lit”, je trouve ça terrible! Je suis certaine que les enfants ressentent à quel point ils exaspèrent leurs parents.»

Je l’avoue, certaines périodes de ma vie ont été plus intenses que d’autres. Et en fin de journée, ma coupe de vin était très attendue. Mais si on ne réussit plus à décompress­er sans notre divine coupe ou qu’on s’en sert une puis une autre, notre consommati­on est peut-être devenue problémati­que. Selon ToxQuébec.com, l’alcool est un problème lorsqu’on ne peut réduire notre consommati­on ou arrêter de boire malgré les effets néfastes que cela entraîne sur notre santé physique et psychologi­que, notre famille ou notre vie profession­nelle.

Comme je veux que mes enfants gèrent leurs émotions autrement qu’avec la bouteille, j’ai décidé de leur donner l’exemple. J’évacue maintenant mon stress avec la course à pied et le zumba. Le vin est toujours aussi bon, mais il n’est pas quotidien. Et surtout, il ne rime plus nécessaire­ment avec un long soupir d’exaspérati­on, en fin de journée.

Je l’avoue, certaines périodes de ma vie ont été plus intenses que d’autres. Et en fin de journée, ma coupe

de vin était très attendue.

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