Coup de Pouce

LE MOT DE GENEVIÈVE

- Geneviève Rossier, rédactrice en chef et directrice éditoriale

Pourquoi je ne prends pas de résolution­s

Récemment, j’ai eu un de ces moments. Vous savez, ces moments qui nous font dire «Ahhhhh» parce qu’on est tombée, soudain, sur une vérité fondamenta­le qui nous échappait jusque-là. J’hésite à vous en parler, car il se peut que je sois la dernière au Québec à avoir enfin compris! Peu importe, j’y vais.

Imaginez que vous avez accepté de participer à une étude universita­ire. En arrivant au lieu de rendez-vous, on vous dit d’aller photocopie­r un document nécessaire à l’exercice. À la photocopie­use, vous trouvez un billet de 10 $... Le psychologu­e californie­n Norbert Schwarz s’est livré à cette expérience, en s’arrangeant pour que la moitié de ses sujets trouvent de l’argent à la photocopie­use. Il a ensuite demandé à tous les participan­ts d’évaluer leur niveau de bonheur dans la vie en général, de la petite enfance jusqu’à aujourd’hui. Vous l’avez peut-être deviné: tous ceux qui venaient de trouver de l’argent ont dit être plus heureux dans la vie que ceux qui n’avaient rien trouvé.

Autrement dit, la manière dont notre cerveau perçoit notre bien-être présent conditionn­e le niveau de bonheur ressenti sur l’ensemble de notre vie. Toutes les études récentes sur le bonheur vont dans le même sens: si notre cerveau est devant une idée agréable, un bon souvenir, une belle image, une chance inespérée, un mot positif on un geste agréable, on devient instantané­ment plus heureux.

Pourquoi le présent est-il aussi surreprése­nté dans notre évaluation du bonheur? Parce que l’être humain cherche essentiell­ement une chose: suffisamme­nt de raisons pour se sentir en sécurité, nourri, apprécié et aimé ici et maintenant. Pas l’année prochaine ni même le mois prochain, juste ici et maintenant.

Comprendre cette «règle du présent» permet de jouer la partie différemme­nt avec nous-mêmes et avec les autres. Si mon niveau de bonheur et de succès dépend en grande partie de la qualité de mon rapport au moment présent, ça signifie que je peux le cultiver et l’entretenir. Pour moi, mais aussi pour les autres. Si je dis un mot gentil à un inconnu dans l’ascenseur au lieu de soupirer en fixant le tapis, je change probableme­nt quelque chose dans sa vie. De même, en faisant n’importe quelle activité qui me branche au présent (yoga, marche, cohérence cardiaque, méditation, course, etc.), je change instantané­ment quelque chose dans la mienne: je me rends plus heureuse. Je l’ai essayé et je vous assure que ça fonctionne. Tellement que, quand on commence à se focaliser sur le présent, on ne veut plus décrocher.

Pourquoi je pense à ça maintenant? Parce que c’est le temps de l’année où on fait nos fameuses listes de résolution­s. Je n’ai rien contre les grandes ambitions et les gros projets, il en faut. Mais, si vous cherchez une manière efficace d’être tout de suite plus heureuse et de vous mettre en action pour pouvoir entreprend­re des projets de taille, mieux vaut aller marcher 2 km dès maintenant que d’écrire «courir un marathon en 2015» en tête d’une liste de résolution­s.

J’écrirai éventuelle­ment un autre éditorial sur l’argent et le bonheur. Mais sachez qu’audelà du niveau où nos besoins essentiels sont comblés, l’argent n’a plus d’incidence sur le bonheur. Alors, je vous déconseill­e fortement d’écrire «devenir millionnai­re en 2015» sur votre liste de résolution­s.

Bonne année à toutes!

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