Coup de Pouce

CHACUN SON LIT ADIEU INSOMNIE!

PARTAGER SON LIT QUAND ON EST EN COUPLE, CELA VA DE SOI, NON? PAS POUR CERTAINS, QUI PRÉFÈRENT NE PAS MÉLANGER VIE COMMUNE ET SOMMEIL. UN CHOIX BÉNÉFIQUE POUR LA RELATION... OU PAS?

- Par Isabelle Bergeron

Anne-Marie et Jean-François s’aiment depuis 11 ans. L’idée de ne pas dormir dans le même lit ne leur serait jamais passée par la tête. Du moins, pas avant la première grossesse d’Anne-Marie, il y a huit ans. «J’étais énorme, je me réveillais fréquemmen­t et je dérangeais mon chum», explique la femme de 41 ans. Le chum en question a donc eu la brillante idée de déménager sur le divan. Une nuit sur quatre, une sur deux... puis toutes les nuits.

«J’avoue que je dormais tellement mieux seule, dit Anne-Marie. Je pouvais dormir en travers du lit et bouger comme une anguille sans avoir peur de déranger Jean-François.» Ce dernier s’accommodai­t très bien de cet arrangemen­t. Puis bébé est arrivé, et contrairem­ent à ce que le couple envisageai­t, repartager le lit n’était guère plus évident, avec bébé que maman allaitait dans le lit et avec qui elle finissait par s’endormir. Bref, le choix qui ne devait être que temporaire est peu à peu devenu une habitude.

Idem pour Isabelle, que les ronflement­s de son conjoint réveillaie­nt quatre fois par nuit — sans compter le chien, qui avait ses droits sur le lit et qui ronflait autant que l’amoureux. La chambre d’amis est graduellem­ent devenue SA chambre. «Au début, on se sent un peu mal parce que ce choix déroge à une convenance sociale, avoue la femme de 38 ans. Mais quand on y réfléchit bien, on se dit: pourquoi pas?»

QUAND LE SOMMEIL VA, TOUT VA

Selon les différente­s études, au moins un couple sur quatre fait chambre à part. «Ce n’est pas une norme, loin de là, mais je pense que de plus en plus de couples font ce choix, avance Sophie Brousseau, sexologue. L’important est de le faire pour les bonnes raisons.» Mille motifs peuvent expliquer l’envie de dormir seul: des horaires trop différents, une grossesse, les ronflement­s de l’autre ou ses mauvaises habitudes nocturnes, comme se lever cinq fois par nuit. La maladie aussi peut

pousser le couple à faire chambre à part. «On peut également vouloir dormir seule simplement par indépendan­ce, pour avoir un espace uniquement à nous», remarque la sexologue.

Isabelle n’en pouvait plus des nuits en dents de scie et de l’humeur qui y était associée! Son amoureux non plus, d’ailleurs. C’est lui qui l’a encouragée à faire son nid dans la chambre d’amis. «Ç’a été un soulagemen­t, vraiment, se souvient Isabelle. Je dormais enfin!» Résultat: un sourire plus radieux le matin, des cernes moins apparents et une humeur au beau fixe. De fait, une étude du Laboratoir­e du sommeil de l’Université Surrey concluait en 2009 que dormir à deux augmentait de 50 % le risque de souffrir de troubles du sommeil. PRÉSERVER L’INTIMITÉ Le couple d’Anne-Marie se porte toujours très bien. «Au début, quand je disais que je ne dormais pas dans le même lit que mon chum, je sentais souvent le jugement: ton couple ne va pas bien? Vous ne faites plus l’amour?» Culturelle­ment, le lit conjugal marque encore les esprits et constitue presque une sorte de baromètre de la santé du couple.

«C’est fou, parce que, depuis qu’on ne dort plus ensemble, on fait plus souvent l’amour et on est plus proches que jamais», affirme Anne-Marie. Passer une heure dans le lit ensemble, le soir, le matin, l’aprèsmidi. Continuer à discuter tout bas pendant que les enfants dorment. Nous raconter nos journées. Nous retrouver, à un moment ou un autre. «Parce que l’éloignemen­t peut se faire subreptice­ment, observe Sophie Brousseau. Si toute notre intimité était vécue dans le lit, on doit continuer à l’alimenter autrement.» «C’est un ajustement, conclut Isabelle. Au début, mon chum se plaignait qu’on ne se collait plus le matin, que ces moments-là lui manquaient. Alors, je vais régulièrem­ent me glisser dans le lit tôt le matin pour me coller contre lui!»

«CE N’EST PAS UNE NORME, LOIN DE LÀ, MAIS JE PENSE QUE DE PLUS EN PLUS DE COUPLES FONT CE CHOIX. L’IMPORTANT EST DE LE FAIRE POUR LES BONNES RAISONS.» — Sophie Brousseau, sexologue.

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