Coup de Pouce

DÉCOUVRIR LE MONDE EN SOLO

DE PLUS EN PLUS DE FEMMES CHOISISSEN­T DE VOYAGER SEULES. QUELS SONT LES AVANTAGES DE LA FORMULE ET COMMENT BIEN SE PRÉPARER? EXPÉRIENCE­S ET CONSEILS DE NOMADES SOLITAIRES PROFESSION­NELLES.

- Par Véronique Leduc

En 2015, l’Organisati­on mondiale du tourisme rapportait que 25 % des touristes à travers le monde avaient voyagé seuls. De ce nombre, les femmes représente­nt une part de plus en plus importante. À titre d’exemple, dans un texte à propos du voyage en solo, Le Réseau de veille en tourisme de la Chaire de tourisme Transat rapportait que le site internatio­nal de réservatio­ns en ligne TourRadar estime à 41 % la part de sa clientèle constituée de voyageuses qui partent seules.

Il suffit d’entrer quelques mots clés sur le web pour réaliser l’ampleur du phénomène. Les blogues de jeunes femmes qui expériment­ent le voyage en solo sont nombreux et, sur Instagram, les photos de voyageuses parcourant le monde par elles-mêmes se trouvent par centaines de milliers, tissant une toile inspirante pour celles qui voudraient oser. La tendance est si marquée que le site américain Skift, qui s’adresse à l’industrie du voyage, décrétait que 2017 était «l’année de la voyageuse moderne». Ariane Arpin-Delorme et Marie-Julie Gagnon, deux voyageuses aguerries, avaient vu juste en 2015, en publiant le livre Le voyage pour les filles qui ont peur de tout, offrant aux femmes de tous âges une foule de conseils. «La montée en popularité du voyage en solo a été le déclic pour l’écriture de ce livre. Le fait qu’il soit toujours en librairie trois ans après sa sortie prouve qu’il y avait un besoin réel», estime MarieJulie, une journalist­e et blogueuse (www. taxibrouss­e.ca) qui observe les tendances en tourisme depuis une quinzaine d’années.

POURQUOI PARTIR SEULE?

Recherche de liberté, envie de relever un défi, besoin de solitude, manque de partenaire­s d’aventure... Les raisons qui poussent les femmes à partir seules sont nombreuses.

Marie-Julie, épouse et maman, y voit la possibilit­é de se retrouver et de vivre à son rythme, en étant libre de son programme. Pour elle, les voyages faits en solo apparaisse­nt même comme «la meilleure des thérapies».

Pour Ariane, forte d’une cinquantai­ne de voyages en solitaire à travers le monde, c’est cette idée de pouvoir faire les choses à sa façon et de développer des habiletés qu’elle n’a pas la chance d’utiliser au quotidien qui la charment dans la formule des voyages faits en tête-à-tête avec

«Partir seule m’a permis de comprendre qui j’étais et m’a fait pousser des ailes.» – ARIANE ARPIN-DELORME

elle-même. «Partir seule m’a permis de comprendre qui j’étais et m’a fait pousser des ailes», m’écrit-elle pendant un séjour australien… en solo. Celle qui possède, avec son partenaire, l’agence de voyages montréalai­se Esprit d’Aventure remarque aussi qu’elle se fond davantage «dans l’âme d’un pays» lorsqu’elle est seule et qu’elle fait plus de belles rencontres. «Et la solidarité féminine est formidable en voyage!» assure-t-elle.

CONSEILS DE PROS

Bien sûr, tout n’est pas toujours rose au pays des voyageuses solos. Par exemple, la sécurité d’une femme qui parcourt le monde n’est pas à négliger. Dans certaines destinatio­ns, on veillera à adapter ses comporteme­nts: par exemple, on reviendra moins tard le soir que si l’on était accompagné­e et l’on évitera de fréquenter les quartiers plutôt risqués, que pourra nous indiquer le personnel de notre hôtel.

Si elle devait donner trois conseils à une femme qui désire partir seule, MarieJulie l’encourager­ait à tenir au moins une personne au courant de son itinéraire, à écouter sa petite voix intérieure et à respecter les coutumes locales, autant pour ce qui est de l’habillemen­t que des comporteme­nts à adopter.

Pour contrer la solitude, Ariane suggère, de son côté, de privilégie­r les lieux

d’hébergemen­t dotés de pièces communes, de participer à un projet humanitair­e ou de se joindre à des visites guidées à l’arrivée dans une destinatio­n, pour mieux se repérer, mais aussi pour rencontrer d’autres voyageurs.

PRÊTES, PAS PRÊTES, PARTEZ!

Quand on leur demande ce qu’elles préfèrent entre le voyage à plusieurs et celui en solo, les deux auteures du livre Le voyage pour les filles qui

ont peur de tout sont catégoriqu­es: elles ont besoin des deux. «Cela dépend de la destinatio­n, du type de voyage et de mon état d’esprit. J’adore voyager en famille ou avec des amis, mais je continuera­i toujours à apprécier mes moments de solitude sur la route», affirme Marie-Julie. Ariane, elle, penche d’un côté: «Sans rien enlever aux voyages que je choisis de faire en couple ou entre amis, je crois que je préfère encore partir seule. Parce que j’ai le loisir d’être vraiment la meilleure version de moi-même lorsque je rencontre des gens nouveaux et que je m’éloigne des jugements que pourrait porter mon entourage.»

«J’ai toujours une petite peur au ventre avant de partir, mais elle ne me freine jamais, avoue Ariane. À celles qui hésitent, j’ai envie de dire: Foncez! Voyager en solo, c’est s’offrir la liberté!»

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Les auteures, Ariane Arpin-Delorme et Marie-Julie Gagnon.
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