FEMMES COUGARS
ON LES DÉPEINT COMME DES CHASSEUSES REDOUTABLES, DES SÉDUCTRICES AGUERRIES QUI TRAQUENT LEURS JEUNES PROIES, LE TEMPS D’UNE AVENTURE D’UN SOIR. LES COUGARS FASCINENT ET INTRIGUENT. MAIS AU-DELÀ DU MYTHE, EXISTENT-ELLES VRAIMENT?
3 mythes déboulonnés
Qui n’a pas entendu parler de ces femmes d’âge mûr qui s’affichent aux bras de jeunes hommes qui pourraient être leur fils? Véritable phénomène culturel et médiatique, la cougar est partout: elle a sa définition officielle dans le dictionnaire, ses propres sites de rencontres, ses croisières thématiques et même ses forfaits de chirurgie esthétique sur mesure pour se cougariser.
On peut comprendre que ces relations atypiques fascinent. Après tout, la cougar bouscule les normes établies dans les domaines de la séduction, de la sexualité et même du vieillissement au féminin. En revendiquant haut et fort son droit au plaisir, elle alimente les fantasmes autant que les discussions. Révolution paritaire ou légende urbaine?
DERRIÈRE LES VOLETS CLOS...
Si ces relations attirent l’attention, elles restent toutefois minoritaires. En Amérique du Nord comme presque partout ailleurs, la plupart des femmes choisissent encore un homme plus âgé comme partenaire de vie.
Peu d’études scientifiques se sont penchées sur les mécanismes de l’amour cougar. Milaine Alarie, chercheuse postdoctorale à l’Institut national de la recherche scientifique, souhaitait jeter un éclairage nouveau et rigoureux sur ces relations souvent raillées, stéréotypées ou même vilipendées.
Elle a interrogé une cinquantaine de femmes âgés de 30 à 60 ans, qui sont dans les premières phases d’une relation avec un homme plus jeune.
MOINS D’AMERTUME FACE À L’AMOUR
Plus pragmatiques, les quadragénaires et les quinquagénaires décrivent leur partenaire comme étant plus énergique et positif que les hommes de leur âge, souvent aigris par l’amour: «Quand je me suis séparée du père de mon enfant, les célibataires de mon âge arrivaient toujours avec des histoires compliquées, raconte Mélanie, 42 ans. Je ne partageais pas leur désillusion, et mon passé était réglé. Avec Tristan, c’est léger: une vraie bouffée d’air frais! On fait plein d’activités, on rit, on voyage...»
Mais attention! Ce nouveau départ n’efface pas toutes les craintes liées à la pérennité de la relation: «Les participantes étaient parfaitement conscientes des défis particuliers de leur situation, affirme Milaine Alarie. La question de la parentalité revenait presque systématiquement.»
Sera-t-il trop jeune quand je serai prête à fonder une famille? Finira-t-il par me quitter pour fonder une famille, alors que je ne veux plus ou pas d’enfants?
«Peu importe ce que disaient les hommes, leur partenaire avait beaucoup de difficulté à les croire, constate la chercheuse. Il ne veut pas d’enfants? À son âge, il ne peut pas vraiment savoir; il changera vite d’idée. Il souhaite en avoir? Il est naïf et ne réalise pas les responsabilités que cela implique.»
Même son de cloche pour l’apparence physique. Certaines s’inquiétaient des signes de vieillesse qui révéleraient bientôt l’écart d’âge, alors que jamais leur amoureux n’avait évoqué cette question.
«Ces femmes doivent désapprendre tout ce que la société leur a enseigné, soit l’importance de la jeunesse, d’un physique avantageux et de la capacité de porter »»
des enfants... Elles ne se conforment pas aux normes. Elles se mettent des obstacles dans leur tête, alors que leur partenaire ne voit pas du tout ces enjeux comme étant problématiques.»
UNE HISTOIRE PRESQUE COMME LES AUTRES
Alors la différence d’âge... un obstacle ou une force? «C’est un facteur parmi d’autres, nuance Milaine Alarie. Si l’on ne sent pas d’attirance pour les hommes de notre âge, ce n’est pas mieux!»
À travers les unions de faits et les mariages canadiens, on retrouve 6% de relations où la femme est au moins 4 ans plus âgée que son partenaire
Les femmes ne s’afficheront pas demain avec le premier jouvenceau venu. Cependant, la société évolue et voit ces relations d’un oeil plus nuancé: «On les a longtemps dépeintes de façon humoristique ou dramatique, constate Milaine Alarie. Plus maintenant. Dans la série Plan B, par exemple, Sophie Lorain est amoureuse de son collègue plus jeune. Ce n’est pas un enjeu en soi, c’est juste comme ça.»