Coup de Pouce

Maman prend une pause

DEPUIS QUE J’AI ACCOUCHÉ DE MES DEUX PETITES MERVEILLES, J’AI BEAUCOUP DE DIFFICULTÉ À LES «ABANDONNER», LE TEMPS D’UNE SORTIE ENTRE AMIS OU D’UN WEEK-END EN AMOUREUX… LA RAISON EN EST SIMPLE: JE ME SENS COU-PA-BLE.

- Par Amélie Cournoyer | Illustrati­on: Anne Villeneuve

C’est plus fort que moi, la culpabilit­é m’assaille dès que je planifie de mettre le pied dehors. Je n’ai même pas encore appelé la gardienne (allô, Emmanuelle!) que j’évalue déjà dans ma tête le temps de qualité passé dernièreme­nt avec mes filles pour me dédouaner. Je me calcule ainsi un ratio qui réduira ma désagréabl­e impression d’être une mauvaise mère, parce que je souhaite faire des sorties, certains soirs ou week-ends, moi qui, déjà, travaille À TEMPS PLEIN durant la semaine.

Mais pourquoi? «On s’accuse de ne pas être un parent aussi parfait qu’on devrait l’être, mais cette évaluation de nos compétence­s parentales est erronée. Ceux qui se questionne­nt à ce sujet en font souvent déjà beaucoup pour leur enfant. Ils prennent le temps d’évaluer leurs besoins et veulent en faire le plus possible», explique la psychologu­e Marie-Ève Brabant.

Au fond de moi, je le sais: chaque fois que je quitte le nid familial pour voler de mes propres ailes quelques heures – ou jours tout au plus –, c’est que j’en ai vraiment besoin! Je souhaite prendre du temps pour moi, question de me rappeler que je ne suis pas seulement une mère, mais aussi une amie, une amoureuse, une amatrice de plein air et de culture. Bref, c’est bon pour mon couple, pour moi et... pour ma santé mentale.

«Si l’on se sent coupable, il faut mettre les choses en perspectiv­e en pensant aux nombreux bénéfices que cette sortie nous apporte, et pas uniquement à nous. Quand maman prend du temps pour recharger ses batteries, c’est tout le monde qui en profite, les enfants les premiers», poursuit Marie-Ève Brabant. J’ai en effet remarqué qu’après une sortie, je reviens à la maison plus positive, plus patiente avec ma marmaille (et mon chum!).

Cela dit, pour être totalement honnête, mon sentiment de culpabilit­é diminue à mesure que mes filles vieillisse­nt. Est-ce parce que je les sens plus autonomes, donc moins dépendante­s de moi? Parce que j’ai pris de l’expérience dans la gestion de ma culpabilit­é? Ou encore parce que j’assume davantage mon besoin de prendre des pauses, que je m’accuse moins d’être une mauvaise mère? «C’est un mélange de tout ça. Puis, quand on réalise que nos enfants survivent sans nous, la culpabilit­é se calme», conclut la psychologu­e avec un brin d’humour.

«Si l’on se sent coupable, il faut mettre les choses en perspectiv­e en pensant aux nombreux bénéfices nous.» que cette sortie nous apporte, et pas uniquement à

AMÉLIE COURNOYER EST LA MAMAN DE DEUX FILLES DE 6 ET 8 ANS. •

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