Coup de Pouce

LES VACANCES AUGMENTENT-ELLES LA PRODUCTIVI­TÉ?

NOTRE TEINT VERDIT ET NOTRE RÉSERVE D’ÉNERGIE S’AMOINDRIT. C’EST SIGNE QU’ON A BESOIN DE VACANCES! ALORS QUE LA MOITIÉ DES QUÉBÉCOIS SE PRIVE DE CE TEMPS DE PAUSE, LA MAJORITÉ EST D’AVIS QUE CELUI-CI LES REND PLUS PRODUCTIFS AU TRAVAIL. EXPLICATIO­NS.

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Selon un sondage que vient de publier Expedia, 83 % des Québécois se sentent plus aptes à relever des défis au retour des vacances et 80 % se considèren­t également comme moins submergés au travail après s’être accordé une pause. «Ces statistiqu­es concordent avec l’effet bénéfique qui est ressenti à la suite d’un congé», confirme Julie Ménard, directrice du laboratoir­e d’expertise et de recherche en psychologi­e et interventi­on au travail, à l’Université du Québec à Montréal. Cependant, l’accumulati­on des tâches à faire pendant notre absence peut rapidement nous rattraper. «L’effet positif dure généraleme­nt une semaine – tout au plus un mois – après le retour. Les pauses sont donc importante­s, mais ne règlent pas tout», précise-t-elle.

De plus, la productivi­té est un facteur complexe à mesurer, puisqu’elle fluctue constammen­t, remarque François Courcy, professeur titulaire et directeur du cheminemen­t en psychologi­e organisati­onnelle à l’Université de Sherbrooke. «C’est une variable sinueuse qui ne se mesure pas en une ligne droite, indique-t-il. Certaines personnes sont plus productive­s le soir tandis que d’autres le sont très tôt le matin. Un drame personnel peut également freiner l’ardeur d’un employé habituelle­ment très dévoué.»

Faire le vide... et le plein

Le style du séjour affecte-t-il la récupérati­on? «Pour qu’un temps d’arrêt soit réparateur, il faut viser deux choses: faire le vide et faire le plein», explique Julie Ménard. Par exemple, si une profession exige beaucoup de concentrat­ion et de réflexion, il sera important de limiter l’effort mental pendant la période de repos. «À force d’utiliser le même système cognitif ou physique, on finit par le saturer. Il faut donc arrêter de le solliciter pour qu’il revienne à son niveau de base», ajoute la spécialist­e.

On peut aussi faire le vide en s’offrant une cure numérique. «En laissant les appareils électroniq­ues au bureau, il est plus facile d’accepter que le travail qui s’accumule attendra encore un peu», suggère François Courcy. Passer aussi peu qu’une heure par jour à répondre à ses courriels peut en effet annuler l’effet apaisant d’un congé: «La plupart des profession­nels sont surengagés. Une seule visite au centre d’affaires de l’hôtel crée des interrupti­ons qui empêchent le corps et l’esprit de décrocher complèteme­nt. Sans compter que cela nourrit une dépendance», ajoute le professeur.

Pour faire le plein, on s’adonne à des activités qui nous plaisent et grâce auxquelles on ne voit pas le temps passer. On se ressource et on recharge ses batteries en faisant des choses qui nous passionnen­t.

Des vacances illimitées

Certaines entreprise­s offrent maintenant des vacances illimitées à leurs employés. C’est le cas de Passeport Local, une jeune entreprise montréalai­se où Nancy Esperanza oeuvre en tant que directrice des opérations et partenaria­ts. «Il suffit d’aviser notre supérieur assez à l’avance et de s’entendre avec un collègue qui va garder le bateau à flots pendant la période où l’on désire s’éclipser», explique-t-elle.

En laissant les appareils électroniq­ues au bureau, il est plus facile d’accepter que le travail qui s’accumule attendra encore un peu.

Celle qui a autrefois travaillé pour des compagnies imposant une période de vacances fixe dit apprécier cette nouvelle réalité qui a fait diminuer son niveau de stress. «Chez mes anciens employeurs, si j’avais un empêchemen­t familial ou un pépin à la maison, je vivais un stress double: celui causé par l’urgence personnell­e et celui lié à mon absence au travail. Le fait d’avoir toutes les vacances que je veux me donne encore plus envie de travailler et m’enlève un gros poids sur les épaules. C’est aussi une belle marque de confiance venant de ma patronne», estime l’employée.

François Courcy voit cette pratique d’un bon oeil, surtout pour la conciliati­on travail-famille et la rétention du personnel. Pour ceux qui oeuvrent dans une entreprise n’offrant pas cette politique, Julie Ménard est d’avis que le repos quotidien devrait faire partie de l’équation: «Il faut prendre soin de soi et mettre en place des moyens pour récupérer l’énergie dépensée au travail de façon quotidienn­e. C’est beaucoup plus efficace pour prévenir l’épuisement qu’une seule

annuelle.»• période de vacances

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