ENTREVUE AVEC

Kim Thúy

Kim, vous publiez cet automne le magnifique livre illustré Le poisson et l’oiseau. De quelle manière est né cet ouvrage?

Il est né dans une chambre d’hôtel de Mississauga. Un matin, avant même que j’ouvre les yeux, toute l’histoire était écrite dans ma tête. Sans sortir du lit, j’ai téléphoné à l’illustrateur Rogé pour la lui raconter.

Quel message porte votre livre?

Tout part d’une phrase qu’Einstein a dite: «Si on juge un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide.» Le problème, c’est que nous nous comparons souvent avec des personnes dont les talents n’ont rien à voir avec les nôtres, et ça nous rend tristes. J’aimerais que ce livre nous incite à aller vers l’autre et à contempler ses différences sans jalousie, mais plutôt dans l’optique de l’admiration mutuelle.

Vous animerez La table de Kim cet hiver à ARTV. Quel est le concept de cette émission?

Je fais souvent des soupers improvisés à la maison. Une soirée qui commence avec 3 invités peut facilement finir avec 20! Les gens qui mangent chez moi proviennent de toutes les sphères, et nos discussions sont loin d’être monolithiques. La productrice Ève Déziel a souvent assisté à ces repas, et elle m’a proposé de transposer ce concept à la télévision. J’ai sauté à pieds joints dans le projet, sachant que je rencontrerais de nouvelles personnes choisies par la production.

L’émission sera tournée chez vous. Quel est votre rapport à l’intimité?

Je n’en ai pas! Quand nous sommes arrivés au Québec, mes parents ont ouvert notre maison à toutes les familles qui en avaient besoin. C’était un véritable hôtel! Je ne sais pas combien de gens avaient les clés de notre demeure. Ça a forgé la personne que je suis.

Il y a 10 ans, vous publiiez Ru. Quelle est la plus belle chose que ce roman vous a apportée?

Ce livre m’a donné une mission: celle de parler des migrants et des réfugiés. Je suis devenue un peu utile grâce à lui.