Coup de Pouce

LE JOUR OÙ J’AI DÉCIDÉ DE CHANGER

- Propos recueillis par Nadine Descheneau­x Illustrati­on: Marie-Eve Tremblay/Colagene.com/c.

C’EST PAS FACILE À AVOUER, MAIS J’AI TOUJOURS ADORÉ CE QUI EST MAUVAIS POUR LA SANTÉ… LA MALBOUFFE, LES COCHONNERI­ES, LE «TROP DE SUCRE-SEL-GRAS», CELA ME PROCURAIT UN IMMENSE BIEN-ÊTRE.

Depuis le primaire, je m’arrangeais pour «manquer» mes cours d’éducation physique. À l’adolescenc­e, je pesais 180 lb et je vivais beaucoup d’intimidati­on. À 19 ans, pendant ma grossesse, j’ai pris une centaine de livres parce que je mangeais mes émotions. Puis, pendant sept ans, j’ai vécu une relation de couple houleuse marquée par la violence conjugale. Autant dire que, mes émotions, »»

j’ai continué à les manger. C’était la seule chose qui me soulageait. Puis, quand je me suis séparée, j’ai eu de la difficulté à gérer tous les bouleverse­ments que ce changement engendrait. Résultat? J’ai encore pris du poids. Évidemment, pendant toutes ces années, tout le monde me disait: «Mange bien et bouge! Tu vas perdre du poids!» Mais je ne croyais pas en être capable. Je n’arrivais même plus à marcher dix pas sans devoir m’arrêter. Quand je faisais une sortie, je devais dormir toute la journée du lendemain, parce que mon corps était trop épuisé.

À 30 ans, je pesais presque 300 lb. Le chiffre sur la balance m’a sauté au visage. Et quand mon médecin m’a dit que, si je ne perdais pas de poids, j’allais mourir jeune, quelque chose s’est déclenché en moi.

«Certains événements de la vie peuvent changer notre façon de voir les choses et ont un effet sur notre motivation à passer à l’action, explique Julie Roussin, psychologu­e. Et c’est encore plus fort quand cela vient toucher nos valeurs et notre identité profondes. Être secoué par la peur de mourir vient contrecarr­er notre illusion d’invincibil­ité. Se faire mettre devant le fait par un médecin et par le chiffre sur une balance nous force à arrêter de croire qu’on a beaucoup de temps devant nous pour changer.»

Mon médecin m’a donné une référence pour me faire faire une gastrectom­ie. Mais le chirurgien rencontré m’a fait comprendre que ça ne fonctionne­rait pas, non pas parce que je mangeais trop, mais parce que je mangeais mal. Il m’a quand même mise sur la liste d’attente. Il m’a fixé un rendez-vous pour dans dix mois. Autant dire une éternité. Je me suis dit que je n’allais pas rester plantée là à attendre. Mourir jeune… J’avais trois enfants. J’ai pris conscience de ce que ça voulait dire. J’ai décidé de passer à l’action, seule.

J’ai commencé par écrire tout ce que je mangeais. Quelle prise de conscience!

Ensuite, j’ai supprimé tous les aliments gras, frits, salés et sucrés de mon alimentati­on, et je les ai remplacés par des fruits et des légumes. Une révolution alimentair­e, quoi! Sur Facebook, j’ai trouvé un groupe d’entraide très motivant destiné aux mamans. J’ai recommencé à pratiquer le vélo, ce que je n’avais pas fait depuis dix ans. Plus les semaines avançaient, plus j’entreprena­is de nouveaux entraîneme­nts. J’ai appris à faire de la musculatio­n, et j’ai adoré ça! «Changer demande des efforts. Se reposer, manger, s’écraser devant la télé ou boire un verre de vin, tout ça a des effets rapides. Ça procure un renforceme­nt positif à court terme, comme une détente ou un plaisir. Pour arriver à changer, il faut avoir en tête les bénéfices à long terme pour contrebala­ncer la tendance à l’inertie ou d’autres comporteme­nts mauvais pour la santé. Écrire ses objectifs peut être un bon point de départ pour s’aider à garder le cap. Avancer par petits pas est aussi recommandé, car on développe notre compétence par la même occasion. On se sent capable de le faire!» suggère Mme Roussin.

J’ai perdu 120 lb par mes propres actions. Quand on m’a appelée pour l’opération, je l’ai refusée. J’avais compris que JE pouvais faire le chemin par moi-même. Et je changeais. Par mes propres moyens.

Je reprends vie, littéralem­ent. L’hiver dernier, je suis allée glisser au parc avec mes enfants. Ils étaient vraiment étonnés que je sois avec eux toute la journée. Avant, je n’aurais même pas pu remonter la côte une seule fois.

Je sais que c’est un processus, mais je me fais confiance. J’ai choisi de vivre, d’être en forme, d’être moi-même. Et bien dans ma peau.

«Quand mon médecin m’a dit que, si je ne perdais pas de poids, j’allais mourir moi.» jeune, quelque chose s’est déclenché en

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