Coup de Pouce

RETRAITE

- Par Annie St-Amour

Désencombr­er pour déménager plus léger

IL N’EST PAS TOUJOURS FACILE DE SE DÉPARTIR DE TOUT CE QU’ON A ACCUMULÉ EN DEUX, TROIS OU MÊME QUATRE DÉCENNIES. MAIS QUAND ON TROQUE UNE UNIFAMILIA­LE AVEC GARAGE CONTRE UN LOGEMENT DE QUATRE PIÈCES ET DEMIE, C’EST UN PASSAGE OBLIGÉ. COMMENT S’EN SORTIR AVEC ZÉNITUDE? EN PROCÉDANT AVEC ORDRE ET MÉTHODE!

Suzanne, fraîchemen­t retraitée, et Robert, à qui il ne restait qu’un an à travailler, ont fait le choix de vendre la grande maison familiale qu’ils habitaient depuis longtemps pour déménager près d’un métro, dans plus petit. Ce condo à proximité des services, ils en rêvaient depuis que les enfants avaient quitté le nid. Ils souhaitaie­nt revenir à un mode de vie plus urbain. «Ça nous permettait aussi d’en finir avec les corvées extérieure­s, qui commençaie­nt à peser sur les épaules de Robert», explique Suzanne. Ciao bye la tonte, le ratissage des feuilles, le pelletage et la piscine que le couple s’évertuait à entretenir.

Robert et Suzanne ne sont pas les seuls proprios à vouloir alléger leur liste de tâches pour s’offrir plus de temps libre. Et quoi de mieux pour en faire moins que de réduire la superficie de son espace de vie? Il existe même un terme pour ça: le downsizing. Et celui-ci peut, dans certains cas, se révéler un véritable casse-tête lorsque vient le temps de faire le tri. Stressante, cette étape? «Oui, ça peut l’être, affirme Elizabeth Alescio, organisatr­ice profession­nelle, alias Mlle Range-Tout, particuliè­rement pour les gens qui ont vécu longtemps au même endroit, surtout s’ils y ont élevé leurs enfants, vu grandir leurs petits-enfants et qu’à travers eux, ils ont accumulé toutes sortes de choses.»

UNE COLLECTION DE RAMASSE-POUSSIÈRES

Non, déménager n’est pas une mince affaire, et Suzanne en sait quelque chose. «Des bébelles, c’est fou comme on peut en accumuler en 40 ans, avoue-t-elle. La première chose que j’ai faite a été

d’appeler mes filles pour leur dire de venir récupérer les boîtes de jouets, livres et bricolages scolaires que j’avais gardées pour elles. Comme pour certains des meubles que je comptais leur donner, elles m’ont dit d’en disposer à ma guise. Ça m’a un peu fâchée et beaucoup découragée.»

Elle était sur le point de rendre les armes quand une cousine, venue lui donner un coup de main, lui a parlé «d’une amie qui aidait les gens à s’organiser». Cette spécialité, Elizabeth Alescio en a fait un métier. «Les personnes qui doivent faire face à un downsizing ont souvent besoin d’un oeil extérieur et d’un plan d’action, précise-t-elle. Je les aide à prendre des décisions, je les soutiens et les motive tout au long du processus, qui consiste à épurer leur espace et à mieux s’organiser.»

QUAND ÉPURER DEVIENT UNE NÉCESSITÉ

Une des qualités essentiell­es aux profession­nels de l’organisati­on est d’être à l’écoute, et c’est encore plus vrai lorsque la nécessité du downsizing arrive abruptemen­t. «Ce sont parfois les circonstan­ces de la vie, comme le décès d’un conjoint, une séparation ou encore notre état de santé, qui nous obligent à déménager», souligne Mme Alescio. Et bien qu’appeler sa progénitur­e en renfort soit à son avis une bonne idée, on ne doit pas s’attendre à ce qu’elle reparte avec tout le bazar. Ce qui crée parfois des frustratio­ns. «Les parents doivent comprendre que leurs enfants ne sont pas attachés aux mêmes biens qu’eux.»

Essayer de comprendre l’attachemen­t d’une personne envers un objet quand vient le temps de décider de son sort fait aussi partie du travail d’organisati­on. Pour aider ses clients à prendre des décisions, Elizabeth Alescio les questionne: «Depuis combien de temps l’avez-vous? Quand vous en êtes-vous servi la dernière fois? Quel souvenir vous ramène-t-il en mémoire? Cela me permet de connaître le contexte et de leur faire réaliser que ce n’est pas en se départissa­nt d’un objet qu’on en efface le souvenir.»

Quant à Suzanne, ce n’est pas l’attachemen­t, mais l’ampleur de la tâche qui l’a convaincue de retenir les services d’une organisatr­ice pour la seconder dans la coordinati­on de son déménageme­nt. «Elle m’a aidée à préparer une vente-débarras et recommandé un antiquaire pour l’évaluation de quelques meubles anciens dont on voulait se départir. Épurer a grandement facilité le déménageme­nt. Rien de tel pour faire baisser le stress d’un cran!»

Une des qualités essentiell­es aux profession­nels de l'organisati­on est d'être à l'écoute, et c'est encore plus vrai lorsque la nécessité du downsizing arrive abruptemen­t.

LES CONSEILS DES PROS

Désencombr­er sa maison en un week-end relève de l’exploit. Il vaut mieux s’y prendre à l’avance pour éviter les décisions prises à la hâte qu’on risque de regretter par la suite.

«On procède par périodes définies, puis on détermine la catégorie d’objets qu’on veut trier et on s’organise efficaceme­nt: une boîte réservée aux objets que l’on garde, une deuxième pour la récup, une troisième pour les articles à donner et une dernière pour ceux à vendre», conseille Elizabeth Alescio.

Pour Emilie Cerretti, designer d’intérieur, tout est une question de logique et de dimensions. «Il arrive qu’on soit attaché à certaines choses, mais c’est évident qu’on ne pourra pas tout garder si l’espace dans lequel on déménage est moins grand. On fait donc l’inventaire de ce qu’on a, et l’on se pose des questions du genre: mon canapé est encore beau, mais n’est-il pas trop profond pour mon nouveau salon? Pour s’en assurer, on se rend sur place et l’on se donne la peine de tracer, avec du ruban-cache, le contour de nos meubles sur le plancher. On vérifie ensuite que les dégagement­s sont bons et que la circulatio­n est fluide. On retient enfin que plus nos meubles seront gros, plus une pièce paraîtra surchargée et petite. Et comme ce n’est pas ce qu’on souhaite, on opte pour des

• modèles plus compacts, au besoin.»

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada