APRÈS LE CONFINEMENT
PÉRIODE INTENSE DE PROXIMITÉ POUR LES COUPLES, LE CONFINEMENT A-T-IL EU DES RÉPERCUSSIONS SUR NOTRE RELATION? ON FAIT LE POINT.
C’est ce qui est arrivé à Sophie*, en couple depuis 20 ans et mère de deux préadolescents. «Même si j’aimais encore Stéphane, j’étais rendue à un tournant dans mon couple. Je ne voulais plus d’une vie dans laquelle la charge mentale m’incombait totalement. J’avais déjà discuté avec Stéphane de l’idée d’une meilleure répartition des tâches. Il m’avait répondu qu’il ne voyait pas comment il pourrait arriver à en faire plus.»
UN ARRÊT OBLIGATOIRE
Le couple était donc dans une impasse lorsque la crise du coronavirus a éclaté. «Je peux affirmer que la Covid-19 a sauvé mon couple, reprend Sophie. Et il est clair pour moi que je ne reviendrais pas en arrière!» Le confinement aura permis à Stéphane de voir Sophie travailler même en présence des enfants, de comprendre son quotidien et, surtout, de vivre la même chose qu’elle et de prendre la relève, au besoin. «Je me sens enfin soutenue et comprise; je suis moins préoccupée, plus légère, ajoute Sophie. On fait même l’amour plus souvent! Il faut dire qu’avec notre vie d’avant, les frustrations accumulées et la fatigue, je n’avais pas souvent la tête à ça.»
Selon Marc Pistorio, les couples qui survivront le mieux au confinement sont ceux dont les membres sont bienveillants l’un envers l’autre. «L’objectif de la vie à deux est de se rendre la vie plus heureuse, d’être là l’un pour l’autre. Le fait de fixer ses propres limites, d’exprimer ses sentiments, de prendre le temps et d’être à l’écoute de notre partenaire, de former une équipe et de rester centrés sur les solutions en situation de crise aura des effets très positifs.»
Pour Maryline et Caroline, l’après-Covid est également envisagé avec beaucoup d’optimisme. Elles s’étaient séparées l’automne dernier, après deux ans de fréquentations. Maryline, qui ne s’était jamais véritablement montrée prête à s’engager, a pris l’initiative de reconquérir le coeur de Caroline à la fin de janvier. Cette dernière était alors sur le point de vendre sa maison. En février, acheteur trouvé, elle se cherchait un nouveau chez-soi. Trois semaines avant la date butoir, tout s’est arrêté. Les visites de propriétés se sont compliquées, et son plan B, celui d’emménager temporairement chez ses parents septuagénaires, ne fonctionnait plus. «Pour moi, c’était l’occasion de plonger, raconte Maryline. Quand toutes les visites de maisons prévues ont été annulées, je lui ai dit: “Allez, lâche prise! Viens vivre avec moi.”»
Les trois premières semaines de confinement, occupées à préparer le déménagement, auront été plus que profitables. Elles ont encouragé Caroline à accepter l’offre de son amoureuse: «Maryline a tellement été présente et aidante! On s’est redécouvertes et l’on a savouré tout ça dans le moment présent.»
UN RETOUR À L’ESSENTIEL
Le confinement a permis d’apprendre à mieux vivre l’instant présent. Selon Marc Pistorio, «cette crise a été l’occasion de revenir à soi, de redéfinir notre rapport à la vie, nos propres aspirations, mais aussi nos projets de couple. On apprécie désormais davantage les petits bonheurs tout simples, ce qu’on possède, ce qui est essentiel.»
«Pour moi, le confinement aura été une pause pour vivre, apprécier, respirer, réfléchir et discuter», nous confie Caroline. Cette période leur a donné le temps de s’apprivoiser et de s’adapter à la vie quotidienne, de se créer un nouvel espace de vie commune. Bref, tout ce que leur vie d’avant ne leur aurait pas permis.
«Les couples ont découvert le plaisir d’être ensemble, sans artifice, commente Louise Sigouin. Et tous se demandent s’ils vont revenir en arrière quand la frénésie du quotidien va rembarquer.»
«On a appris à être bien en famille, nous confirme Sophie. Tout le monde a trouvé sa place. On s’est questionnés sur nos activités personnelles et familiales. Qu’est-ce qu’on tient à garder ensuite et qu’est-ce qu’on peut laisser tomber, qu’on ne considère plus comme étant essentiel?» »»
– LOUISE SIGOUIN, psychologue «LE CONFINEMENT AURA SANS DOUTE ÉTÉ UN GRAND DÉFI POUR CEUX QUI AVAIENT BALAYÉ LEURS PROBLÈMES SOUS LE TAPIS. IL FAUDRA S’OCCUPER DE CE QUI A REFAIT SURFACE.»