Coup de Pouce

SANTÉ

ON CONNAÎT BIEN LES RÔLES DE NOTRE COEUR ET DE NOTRE CERVEAU, DE MÊME QUE L’IMPORTANCE D’EN PRENDRE SOIN. MAIS ON NE PEUT PAS EN DIRE AUTANT DE NOTRE FOIE… VOILÀ DONC UN BON MOMENT D’EN APPRENDRE PLUS SUR CET ORGANE MÉCONNU, MAIS ESSENTIEL À NOTRE SURVIE.

- Par Amélie Cournoyer

Lumière sur le foie, un héros très discret

Le foie est tout simplement surprenant! D’abord, parce que c’est le plus volumineux et le plus lourd (jusqu’à 1,5 kg) de nos organes et qu’il réussit à se cacher en haut à droite, dans l’abdomen, juste derrière nos côtes, ce qui le rend difficile d’accès pour les médecins. Ensuite, parce que c’est un travailleu­r acharné et polyvalent. «Il joue un rôle central dans le métabolism­e. Il régule toutes les réactions qui permettent au corps de rester en vie, en particulie­r en ce qui a trait aux sources d’énergie», résume Marc Bilodeau, hépatologu­e et professeur-chercheur au Centre hospitalie­r de l’Université de Montréal (CHUM).

Notre foie est donc une usine de transforma­tion de tout ce que l’on mange pour subvenir aux besoins de l’organisme. Il fabrique la bile, essentiell­e notamment à l’absorption des aliments; il régule les taux de cholestéro­l et de sucre dans le corps; il emmagasine et libère, au besoin, les vitamines et minéraux; il produit, emmagasine et exporte les graisses. C’est aussi une usine d’éliminatio­n des déchets internes,

comme certaines hormones (thyroïdien­nes, sexuelles, surrénales) et les protéines des muscles, de même que des déchets externes que l’on ne doit pas accumuler, tels que l’alcool, les médicament­s et les substances toxiques présentes dans notre environnem­ent.

Malgré son rôle capital, le foie reste un travailleu­r de l’ombre. Mais pourquoi le connaîton si peu? «C’est un héros très discret. On peut le voir comme un premier de classe: on ne s’occupe pas de lui et il ne dérange jamais», répond le Pr Gabriel Perlemuter, hépato-gastroenté­rologue et chef du service d’hépato-gastro-entérologi­e et nutrition de l’hôpital Antoine-Béclère, près de Paris. Extrêmemen­t résilient, le foie peut en effet encaisser les coups durs pendant plusieurs années sans se plaindre. Il a d’ailleurs la particular­ité de continuer à fonctionne­r même si les deux tiers de sa masse sont endommagés. Et il est doté d’un superpouvo­ir: c’est le seul organe capable de se régénérer quand il est atteint. Bref, avec lui, tous les espoirs sont permis.

Les faiblesses de sa force

Il existe toutefois un revers à la médaille de sa grande discrétion: on le malmène sans le vouloir ni même le savoir. «Les symptômes apparaisse­nt seulement quand il est en bout de course, mais il est souvent trop tard à ce moment-là», souligne le professeur français et auteur du livre Les pouvoirs cachés du foie (publié en 2018, aux éditions Flammarion). Les gens atteints d’une maladie du foie ont peu ou pas de symptômes, ou les symptômes (fatigue, nausées, perte d’appétit, lourdeur dans le haut de l’abdomen, urine foncée et selles pâles, jaunisseme­nt de la peau ou du blanc des yeux) peuvent être confondus avec ceux d’une autre affection ou apparaître trop tard.

Les mythes sur son compte n’aident pas sa cause. «Longtemps, les gens croyaient que les maladies du foie étaient réservées aux grands buveurs», évoque le Dr Bilodeau. Or, aujourd’hui, on sait que certaines sont présentes dès la naissance et que d’autres sont déclenchée­s par des virus, par la prise de médicament­s ou par notre alimentati­on, notamment.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada