Coup de Pouce

La thyroïde sous tous ses angles

C’est souvent lorsqu’elle se dérègle que l’on découvre notre thyroïde! Pourtant, cette petite glande agit sur presque tous les organes de notre corps. Voici ce qu’il est bon de savoir pour s’assurer qu’elle fonctionne bien.

- Par Julie Leduc

La thyroïde est une petite glande en forme de papillon, située au bas de notre cou. Si elle ne pèse pas plus de 15 à 20 g et passe souvent inaperçue, elle produit deux hormones, la T4 et la T3, qui agissent sur tous nos organes.

«La thyroïde est comme un thermostat ou un régulateur de vitesse qui contrôle le rythme des activités d’à peu près tous nos organes», dit la Dre Andrée Boucher, endocrinol­ogue, chef du Service d’endocrinol­ogie du CHUM et professeur­e au Départemen­t de médecine de l’Université de Montréal. Cette glande stimule notre métabolism­e. Quand on a trop d’hormones thyroïdien­nes dans le sang, tout va trop vite et, quand on en manque, tout tourne au ralenti. «Les hormones produites par la thyroïde se comparent à une “huile à moteur” pour le corps, poursuit la Dre Ji Wei Yang, endocrinol­ogue au CUSM. Elles aident tous nos organes à mieux fonctionne­r.»

Comme elle stimule notre système nerveux central, la thyroïde a aussi un effet sur notre humeur. Quand elle fonctionne au ralenti, elle peut provoquer un état dépressif,

alors que, lorsqu’elle va trop vite, elle cause des problèmes de concentrat­ion, d’irritabili­té et d’insomnie.

«La thyroïde n’agit pas seule, elle a une “boss”, précise la Dre Hortensia Mircescu, endocrinol­ogue au CHUM. Elle est sous le contrôle de l’hypophyse, une autre glande située à la base du cerveau.» L’hypophyse produit une hormone appelée TSH. C ’est la TSH qui donne l’ordre à la thyroïde de produire ses hormones (T3 et T4). «Quand l’hypophyse perçoit qu’il y a suffisamme­nt d’hormones thyroïdien­nes en circulatio­n, elle stoppe sa production de TSH, ajoute la Dre Boucher. Tout ça fonctionne en boucle.»

Comment prendre soin de notre thyroïde?

Avoir de saines habitudes de vie est toujours gagnant pour notre santé. Et pour notre thyroïde, on devrait notamment éviter de fumer et tenter de réduire notre stress. «Le tabac ne cause pas les problèmes de thyroïde, mais il accentue ceux qui sont déjà présents», indique la Dre Mircescu. La cigarette augmente aussi le risque de développer un nodule thyroïdien. En ce qui concerne le stress, il est prouvé que vivre un évènement très perturbant, comme un accident de voiture, une séparation ou le deuil d’un proche, peut déclencher un désordre thyroïdien.

D’un point de vue alimentair­e, l’iode est essentiel à la production des hormones de la thyroïde. Mais on n’a pas à se soucier de notre consommati­on d’iode. «Notre alimentati­on nord-américaine comble nos besoins», assure la Dre Boucher. Notamment grâce au sel de table enrichi en iode. «On évite de prendre des supplément­s naturels en iode, avertit-elle. C’est là que des dérèglemen­ts de la glande pourraient survenir.»

Les femmes davantage touchées par les problèmes de thyroïde

Les problèmes thyroïdien­s touchent de 1 à 5 % de la population et sont de 4 à 7 fois plus fréquents chez les femmes que les hommes. Les maladies auto-immunes d'Hashimoto et de Basedow-Graves sont les causes les plus courantes des dysfonctio­nnements de la thyroïde. «Avec ces maladies auto-immunes, c’est comme si notre système immunitair­e était déréglé, explique la Dre Andrée Boucher. Il produit des anticorps qui viennent attaquer la thyroïde.» Ce qui affecte sa production d’hormones...

Pourquoi les femmes sont-elles les plus touchées? Une des explicatio­ns possibles: les maladies auto-immunes frappent en général davantage les femmes que les hommes. «Des études tendent aussi à montrer que les hormones sexuelles jouent un rôle», souligne la Dre Boucher. Mais est-ce la testostéro­ne qui protège les hommes ou les hormones féminines (oestrogène et progestéro­ne) qui prédispose­nt les femmes aux troubles thyroïdien­s? Les scientifiq­ues l’ignorent.

La plupart des problèmes de la thyroïde augmentent avec l’âge et ont une composante héréditair­e. Ainsi, on est plus à risque si d’autres membres de notre famille en souffrent. «Les femmes aux prises avec une maladie autoimmune, comme le lupus ou le diabète de type 1, sont aussi plus à risque», ajoute la Dre Mircescu. ›››

Avoir de saines habitudes de vie est toujours gagnant pour notre santé.

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