Coup de Pouce

Les impôts en temps de COVID-19

En 2020, la pandémie a forcé des milliers d’employés à transforme­r un coin de leur demeure en bureau. De quelle façon ce changement se traduira-t-il dans nos impôts? Une fiscaliste nous aide à y voir plus clair.

- Par Paul Therrien

1. Quel montant peut-on réclamer pour le télétravai­l?

On peut réclamer 2 $ par jour travaillé à son domicile, et ce, jusqu’à un montant maximal de 400 $ pour l’année. Pour ce faire, on doit remplir le formulaire Dépenses relatives au télétravai­l engagées en raison de la crise liée à la COVID-19 (TP-59.S), de même que l'équivalent fédéral (T777S) et les joindre à notre déclaratio­n de revenus 2020. En adoptant cette démarche simplifiée, appelée «méthode à taux fixe temporaire», l’employeur n’a pas à fournir quoi que ce soit et le travailleu­r n’a pas à conserver de pièces justificat­ives. Comme condition à remplir, l’Agence du revenu du Canada (ARC) et Revenu Québec demandent que le contribuab­le ait travaillé principale­ment de chez lui sur une période de quatre semaines sans interrupti­on, en raison de la pandémie. Dans les deux cas, l’employé doit avoir acquitté ses propres dépenses, sans remboursem­ent.

2. Que faire si l’on estime avoir droit à plus de 400 $?

Il faut, dans ce cas, utiliser la méthode détaillée et calculer toutes nos dépenses admissible­s. Des outils se trouvant sur les sites du ministère des Finances du Québec et de l’ARC peuvent nous aider à déterminer si cette avenue est réellement avantageus­e pour nous. Dans le doute, il est préférable de demander conseil à un expert (comptable, fiscaliste, etc.).

3. Quelles sont les dépenses admissible­s dans la méthode détaillée?

Un pourcentag­e des factures de loyer, d’électricit­é, d’Internet, de téléphone de bureau, ainsi que des petits frais d’entretien résidentie­l, comme les produits de nettoyage, de réparation, d’éclairage. Ce qui est important à retenir, c’est que ces dépenses sont déductible­s en proportion de l’usage qui en est fait pour le travail. Prenons l’exemple d’un bureau qui occupe 25 % de la superficie totale du domicile et dont l’espace est utilisé à 100 % pour remplir ses tâches d’employé. Dans ce cas, on peut déduire 25 % des frais des fourniture­s et services consommés dans ce lieu. On parle ici d’objets de nature épuisable comme des cartouches d’encre, du papier, des crayons, etc. Le coût d’achat du matériel informatiq­ue et de l’ameublemen­t du bureau n’est pas déductible. En ce qui concerne l’accès au réseau Internet et au téléphone personnel, il faut établir un pourcentag­e d’utilisatio­n consacré au travail. Les conjoints en télétravai­l ne peuvent pas faire la même déduction deux fois. Chaque membre du couple doit ainsi calculer sa proportion des dépenses et ensuite la réduire de moitié.

4. Quelles sont les conditions à remplir pour avoir droit à la méthode détaillée?

Il faut avoir passé plus de 50 % de son temps de travail à la maison en 2020. Outre le formulaire présenté à la question 1, on doit aussi joindre à notre déclaratio­n de revenus le formulaire Conditions générales d’emploi (TP-64.3) pour le provincial, de même que le document Déclaratio­n des conditions de travail (T2200) pour le fédéral, tous deux remplis et signés par l’employeur. On doit également conserver toutes nos factures en cas de vérificati­on fiscale.

MERCI À SARAH PHANEUF, associée en fiscalité au cabinet Raymond Chabot Grant Thornton, bureau de Sherbrooke, pour ses réponses à nos questions.

5. Et si l’employeur a remboursé certaines dépenses de bureau, comme une chaise ou un ordinateur?

En temps normal, ces montants alloués par l’employeur s’ajouteraie­nt aux revenus imposables. Exceptionn­ellement, on peut avoir droit à un avantage non imposable jusqu’à concurrenc­e de 500 $ de la part de l’ARC et de Revenu Québec.

6. Le propriétai­re qui travaille à domicile peut-il déduire certaines dépenses immobilièr­es?

Un propriétai­re en télétravai­l ne peut pas, contrairem­ent à un travailleu­r autonome, déduire ses taxes foncières, primes d’assurance habitation, ainsi que ses intérêts hypothécai­res et ses frais d’amortissem­ent de l’immeuble.

7. Que doit-on savoir sur la PCU et les autres programmes d’aide?

Ces prestation­s du gouverneme­nt fédéral sont ajoutées aux revenus des contribuab­les qui les ont reçues. En conséquenc­e, cela augmente l’impôt à payer. Les revenus provenant de la PCU et de la PCRE sont inscrits sur un feuillet T4A ou T4E. Les prestation­s d’assurance emploi sont aussi des revenus imposables.

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