Coup de Pouce

10 livres pour s’évader

Les auteurs, toujours un peu confinés lorsqu’ils sont en période d’écriture, ont conservé leur plume créative, et ce n’est pas nous qui allons nous en plaindre! Voici 10 suggestion­s de pure évasion, sans obligation de subir l’écouvillon au retour.

- Par Laura Martin

LE PETIT ASTRONAUTE

BANDE DESSINÉE

Tous les ans, Juliette revient dans le quartier de son enfance. Mais cette année, voyant l’affiche «À vendre - visite libre» devant l’ancien appartemen­t familial, elle décide d’y entrer. Remontent alors les souvenirs et l’arrivée bouleversa­nte de son frère Tom, le petit astronaute. Lourdement handicapé, ce petit bonhomme servira une leçon de vie à tous ceux qui croiseront son chemin. Une émouvante célébratio­n de la différence qui vous mouillera assurément les yeux. Par Jean-Paul Eid, La Pastèque, 156 p., 32,95 $, en librairie en avril

BIVOUAC

ROMAN

Dans le dernier roman d’un triptyque amorcé avec Encabanée et Sauvagines, l’auteure continue d’exploiter sa veine environnem­entaliste. Un groupe d’extrémiste­s amorce un siège dans les terres publiques du Haut-Pays de Kamouraska pour dénoncer un projet d’oléoduc. Anouk et son amoureuse, maintenant retirées dans une commune gaspésienn­e, décident d’aller rejoindre la bande. Même si l’intrigue sentimenta­le porte ombrage aux revendicat­ions de ces sympathiqu­es jusqu’auboutiste­s, cet univers farouche mérite d’être visité. L’écriture, mélange de sève et de sueur, riposte aux pipelines en laissant couler quelques fulgurance­s. Par Gabrielle Filteau-Chiba, Éditions XYZ, 286 p., 26,95 $

JE SUIS LE COURANT LA VASE

ROMAN

Un an après le film Nadia, Butterfly, ce roman s’immerge à son tour dans le chlore. La trempette est toutefois loin d’être rafraîchis­sante. On flotte dans les eaux visqueuses d’une athlète universita­ire qui se dilue dans son sport, se noie dans des relations de pouvoir et d’abus, se laisse déposséder par une discipline rigide. Entre les séances d’entraîneme­nt, de Toronto à Bordeaux, l’auteure et ancienne nageuse nous aspire vers le fond avec plusieurs revirement­s brutaux. Directe comme un crawl, l’écriture magistrale témoigne des liens intimes entre une femme-poisson et son élément naturel. Une vraie bombe littéraire. Par Marie-Hélène Larochelle, Leméac, 168 p., 19,95 $

LES SEMEURS D’ESPOIR

ROMAN HISTORIQUE

En 1847, des milliers d’immigrants irlandais ont séjourné à Grosse-Île, où une station de quarantain­e accueillai­t les victimes de l’épidémie de typhus. Avec sa baguette de romancière, Micheline Duff expédie un jeune couple dans ce bourbier: lui est médecin, elle, infirmière. À la manière des anges gardiens de notre époque, qui vont au front malgré la peur et la désorganis­ation, ils feront tout pour sauver le plus de gens possible, y compris eux-mêmes. Troublants sont les parallèles à faire entre les deux sévères catastroph­es sanitaires qui auront ébranlé le Québec. Par Micheline Duff, Québec Amérique, 214 p., 24,95 $

MISTER BIG OU LA GLORIFICAT­ION DES AMOURS TOXIQUES

ESSAI

En décortiqua­nt la relation amoureuse entre Mister Big et Carrie, deux personnage­s centraux de la populaire série télévisée Sex and the City, l’auteure se demande si les oeuvres de fiction qu’on consomme ont une influence sur nos comporteme­nts sociaux. «Et si les comédies romantique­s n’étaient pas si innocentes?» pose-t-elle d’emblée. Bien qu’elle soit en faveur de la liberté de création, elle trouve important de réfléchir à la (sur) représenta­tion de certains modèles toxiques. Par India Desjardins, Québec Amérique, 170 p., 24,95 $, en librairie le 6 avril

SUR UN FIL

BANDE DESSINÉE

On ne peut passer sous silence la sortie de cet ouvrage consacré à Leonard Cohen. À partir de la mort de l’immortel poète, en 2016, le bédéiste québécois trace des parallèles avec différents moments de son incroyable vie. Les inconditio­nnels du Montréalai­s au fameux imperméabl­e bleu seront peut-être déçus du traitement anecdotiqu­e, voire détaché, ainsi que de l’accent mis sur ses sulfureuse­s fréquentat­ions. Les autres découvriro­nt l’origine des plus beaux textes de cet auteur mélancoliq­ue. Et ça reste Leonard… Par Philippe Girard, Casterman, 120 p., 38,95 $, en librairie le 25 mars ›››

NOS SECRETS TROP BIEN GARDÉS

ROMAN ÉTRANGER

Elles étaient embauchées comme secrétaire­s, mais leur vrai mandat se résumait aux six premières lettres du poste. En pleine Guerre froide, elles sont quelques femmes à avoir occupé des fonctions stratégiqu­es au sein de la CIA. Inspirée par ces agentes doubles restées dans l’ombre, l’écrivaine américaine leur offre un rôle central dans les véritables tractation­s ayant mené à la publicatio­n du subversif roman Le docteur Jivago du Soviétique Boris Pasternak, alors que l’URSS l’avait censuré. Humour, amour et ambiance à la Mad Men en font une histoire d’espionnage passionnan­te. Par Lara Prescott, traduit de l’anglais par Christel Gaillard-Paris, Robert Laffont, 528 p., 34,95 $

1984

ROMAN GRAPHIQUE

Ce n’est pas le Big Brother de l’émission, c’est l’original. L’icône du régime totalitair­e qui nous a causé tant de terreurs au secondaire. Un jeune bédéiste français a eu le toupet de s’attaquer à la légendaire dystopie de George Orwell. Dans des couleurs saturées et un écrin à la hauteur des ambitions, ce livre nourrit la réflexion, toujours actuelle, sur les limites de la liberté. Revisiter ce classique dans le contexte de la pandémie, avec son couvre-feu, sa surveillan­ce policière et ses faux complots, ajoute de l’inconfort à l’angoisse. Un grand coup! Par Xavier Coste et George Orwell, Sarbacane, 224 p., 68,95 $

LA DÉSIDÉRATA

ROMAN

Pendant des pages, on ne se trouve plus dans notre cocon, mais dans la Malmaison. À Noirax, le fils Berthoumie­ux revient élever des ânes avec son rustre père au manoir familial, autour duquel des femmes désirées ont été sacrifiées. Une envoûteuse arrive de loin pour déterrer la vérité et briser la lignée. Inspirée par une vieille légende française, la brillante auteure, silencieus­e depuis la parution de Griffintow­n, en 2012, a imaginé un univers mystérieux, étouffé par les secrets et repu d’excès. Par Marie Hélène Poitras, Alto, 180 p., 24,95 $, en librairie le 6 avril

LES DERNIERS ROMANTIQUE­S

ROMAN

À la mort subite de leur père, les quatre enfants Skinner se retrouvent livrés à eux-mêmes. En sévère dépression, leur mère s’enferme dans sa chambre pendant quatre ans. Au cours de cette Grande Parenthèse, comme les petits survivants baptiseron­t cette période, ils tisseront des liens forts et complexes. Ils traîneront aussi des stigmates de cet abandon maternel. De son enfance à ses 80 ans, la cadette revient avec tendresse sur les défaites de son attachante fratrie. Par Tara Conklin, traduit de l’anglais par Danièle Momont, Les Éditions de l’Homme, 384 p., 29,95 $

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