3 questions à Rhodnie Désir
Première lauréate noire du Grand Prix de la danse de Montréal, la chorégraphe et danseuse d’origine haïtienne présentera son spectacle BOW’T TRAIL Tio’tia:ke au 15e Festival TransAmériques, ce printemps. Rencontre avec une militante qui a de l’énergie et
Vous dansez depuis l’âge de trois ans. D’où vient votre passion pour le mouvement?
À l’époque, ma mère rêvait de devenir danseuse professionnelle, mais ses affiliations religieuses la dissuadaient de montrer ses jambes en public. C’était trop «osé». Au fil de l’évolution des mentalités, ma famille m’a permis d’étudier le mouvement et le ballet classique à l’école. J’en suis reconnaissante car, aujourd’hui, à 37 ans, je me sens totalement libre d’exprimer ce que je veux en dansant.
Pour vous, le langage du corps est-il plus puissant que les mots?
Lorsque je danse, ma colère se transforme en une arme pacifique qui me sauve de bien des dépressions et de bien des affrontements (rires). J’encourage les gens à s’exprimer avec leur corps et non avec des textos ou des émojis sur les réseaux sociaux. Ils développeraient ainsi leur sensibilité et canaliseraient mieux leur énergie!
Quel message souhaitez-vous livrer avec votre spectacle BOW’T TRAIL Tio’tia:ke?
Pour le créer, je me suis penchée sur l’esclavage, les traditions et les traumas des peuples afrodescendants de Montréal avec l’aide d’historiens et d’historiennes, d’anthropologues, d’ethnomusicologues, d’artistes autochtones, etc. Je me suis aussi imprégnée des événements qui ont marqué l’actualité, dont l’affaire Camara et les émeutes de Montréal-Nord en 2018. Devant public, en compagnie de mes musiciens, je souhaite donc transmettre le fruit de mes recherches avec puissance et authenticité. Conçu comme un triptyque, mon spectacle risque d’en faire réfléchir plus d’un!