3 livres à lire

VALIDE

De Chris Bergeron

Deux femmes trans ont récemment fait une entrée distinguée en librairie. Chris Bergeron publie un récit futuriste aux antipodes de la poétique autofiction de Gabrielle Boulianne-Tremblay, La fille

d’elle-même. Cette ex-rédactrice en chef devenue publicitaire emprunte une couverture cyberpunk et déverse des phrases-slogans pour remonter le chemin qui l’a un jour menée à cesser de déguiser sa réalité. Christian avait alors 40 ans. Projetée en 2044, dans un monde où l’intelligence artificielle est désormais naturelle, Chris révèle les bouleversements de sa «vie mutante» à son algorithme. Sous le ton grinçant et les codes informatiques, on atteint le coeur de cette femme qui a longtemps vécu dans le flou identitaire, coincée entre la fierté et la honte. Éditions XYZ, 224 pages, 24,95 $.

CE QUÉBEC QUI M’HABITE

De Dominique Anglade

Elle est la première personne noire à diriger une formation politique au Québec et la première femme à accéder aux commandes du plus vieux parti de la province. On ne peut qu’applaudir devant le concert des plafonds de verre qui éclatent. Ce bilan hâtif permet de percer la carapace d’une cheffe aussi distante en apparence que mordante au travail et de comprendre les engrenages intérieurs qui la font avancer. Les passages sur la perte de ses parents, qui ont péri dans le séisme en Haïti, et sur ses batailles en faveur des négligés témoignent d’une force de caractère et d’une pugnacité peu communes. On pourra reprocher à l’ambitieuse ingénieure de tenir la plume d’une main trop rigide, mais pas de succomber au racolage partisan.

Libre Expression, 288 pages, 29,95 $.

TU AURAIS DÛ T’EN ALLER

De Daniel Kehlmann

Il aura fallu attendre cinq ans après sa parution originale et un an après la sortie d’une adaptation ciné avec Kevin Bacon pour que ce court roman offre enfin sa frousse en français. Un scénariste en panne d’inspiration et de passion mise sur une retraite avec femme et fillette dans une maison d’architecte perchée en altitude pour trouver un nouvel élan. Le cadre est idéal. Tout fout le camp quand d’autres présences se manifestent entre les murs. Ça vous rappelle The Shining? Ce n’est pas parce qu’il ne meuble que 90 pages que ce huis clos étouffant ne vous hantera pas pendant des jours. Gare à votre reflet dans la fenêtre, le soir, et aux sons dans le moniteur de votre bébé…

Traduit de l’allemand par Juliette Aubert, Actes Sud, 90 pages, 21,95 $.