Le cancer colorectal touche aussi les femmes
Il a longtemps fait partie des cancers dont les femmes se souciaient peu. On pensait qu’il touchait davantage les hommes, on se croyait à l’abri…
Or il faut se rendre à l’évidence: le cancer colorectal (aussi appelé cancer du côlon) touche autant les hommes que les femmes. Selon la Société canadienne du cancer, c’est le troisième cancer le plus meurtrier chez les femmes au pays. On estime que, l’an passé seulement, 12 000 Canadiennes ont reçu un diagnostic de cancer colorectal et que 4400 sont mortes de cette maladie.
Lente progression, absence de symptômes
Alertés par ces chiffres, les spécialistes sont bien évidemment à la recherche de solutions pour les faire diminuer. «D’abord, si le taux de décès liés à ce cancer est aussi élevé, c’est qu’on le détecte souvent à un stade avancé», souligne le Dr Réjean Savoie, gynécologue-oncologue et professeur agrégé à la Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke. Médecin-conseil dans le Réseau de lutte contre le cancer au Nouveau-Brunswick, il a collaboré au déploiement du programme de dépistage du cancer du côlon dans cette province maritime.
Il y a une autre raison qui explique pourquoi il est détecté tardivement: ce cancer se développe lentement. «Au départ, il n’y a qu’une petite masse de chair qui se forme sur le revêtement du côlon ou du rectum, qu’on appelle polype. Celui-ci est bénin et ne cause aucun symptôme», précise la Dre Carole Richard, chef du service de chirurgie digestive au CHUM et professeure agrégée à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Le polype a toutefois un potentiel de malignité. «Quand il commence à provoquer des symptômes, c’est qu’il est devenu assez gros et au stade de cancer, un processus qui peut prendre de 5 à 10 ans», ajoute-t-elle.
Il faut savoir que, lorsque ce cancer est diagnostiqué au stade 1, les chances de survie après cinq ans sont d’environ 90 %, un chiffre qui chute sous la barre des 15 % lorsqu’il est détecté au stade 4. «Comme pour tous les cancers, plus on intervient tôt, meilleures sont les chances de guérison», rappelle le Dr Savoie. À titre comparatif, la survie relative à un cancer du sein après cinq ans est de 100 % quand il est dépisté au stade 1 et de 22 % au stade 4.
En hausse chez les jeunes adultes
L’autre donnée sur le cancer colorectal qui interpelle les spécialistes, c’est sa prévalence au sein de la population. Ces dernières années, il a atteint la troisième marche du triste podium des cancers les plus fréquents au pays. Comme pour tout type de cancer, le risque s’accroît avec l’âge. Pour celui-ci, l’âge moyen du diagnostic tourne autour de 62 ans. Les maladies inflammatoires de l’intestin (colite ulcéreuse, maladie de Crohn), la présence de polypes et les cas de cancer colorectal dans la famille font partie des autres facteurs susceptibles de jouer un rôle dans la survenue du cancer colorectal et sur lesquels on n’a pas de pouvoir.
La médecin spécialisée en chirurgie colorectale, la Dre Richard, se dit aussi préoccupée par le fait qu’il touche des adultes de plus en plus jeunes. «Depuis 10 ou 15 ans, on voit davantage de trentenaires et de quarantenaires se faire diagnostiquer un cancer colorectal sans nécessairement avoir de prédisposition génétique», rapporte-t-elle. Les spécialistes s’expliquent encore mal le phénomène. En Amérique du Nord, quelques groupes de recherches – dont celui de la Dre Richard – étudient le microbiome intestinal pour tenter de comprendre les raisons de la progression de la maladie chez les plus jeunes. «Il y a probablement des facteurs environnementaux qui affectent le microbiome», avance-t-elle.
La sédentarité, le surpoids ou l’obésité, le tabagisme, l’alcool et l’alimentation peuvent non seulement modifier négativement le microbiome, mais être également des facteurs de risque du cancer colorectal… sur lesquels on a du pouvoir, cette fois. «Cette maladie a une composante héréditaire sur laquelle on n’a pas de contrôle. L’âge, on n’y peut rien non plus. Par contre, on peut adopter de bonnes habitudes de vie qui vont contribuer à réduire le risque de la développer et, par ricochet, nous aider à nous sentir mieux en général», commente le Dr Savoie.
Pas d’aliments miracles, sauf que…
On le sait, une saine alimentation – c’est-à-dire variée et équilibrée – est l’une des bases de la prévention des cancers en général. Et c’est encore plus vrai pour les cancers gastrointestinaux dont fait partie le cancer colorectal. «Évidemment que l’alimentation occupe une place centrale dans la prévention de ce type de cancer, entre autres pour le maintien d’un poids équilibré», assure Francis Trépanier, ›››
Comme pour tout type de cancer, le risque s’accroît avec l’âge. Pour celui-ci, l’âge moyen du diagnostic tourne autour de 62 ans.