Entrevue avec Lydia Bouchard
On pourrait lui accoler de multiples étiquettes, mais celle qui lui sied le mieux est celle d’artiste. Entretien avec une femme à la créativité sans borne, un peu punk, à qui tout réussit.
Vous êtes la metteuse en scène de Vive nos divas, soit la sixième création de la Série hommage du Cirque du Soleil. Que célèbre-t-on dans ce spectacle?
On célèbre nos grandes voix, ces artistes qui ont fait avancer la condition féminine dans l’oeil du public. Elles ont vraiment tout changé pour les jeunes femmes qui montent aujourd’hui sur scène. Les conditions – quand on compare celles d’aujourd’hui à celles qu’avait La Bolduc! – ne sont plus ce qu’elles étaient. Il y en a eu, du défrichage, pour qu’on arrive à cette liberté d’être ce que l’on veut sur scène.
Comment la trame narrative s’est-elle construite? Le concept est arrivé avant ou après le choix des chansons?
Presque en même temps. Au Cirque, on aime bien raconter une histoire, une fable, pour insuffler un peu de magie. Pour être honnête, disons que le choix des chansons a été tout un casse-tête! Je n’en ai pas dormi pendant plusieurs nuits… Je voulais que ça respecte l’amour que l’on a pour nos chanteuses et que ça touche tous les genres, toutes les époques. On aurait pu faire cinq heures de show, juste avec les années 1990! Il y en aura pour tout le monde, mais il en manquera pour tout le monde. Tu vois ce que je veux dire?
Nos grandes chanteuses ont exploré des univers bien différents. Comment ratisser aussi large tout en conservant un ensemble cohérent?
C ’est l’oeuvre phénoménale de Jean-Phi Goncalves (directeur musical et arrangements). Il a cette façon tellement respectueuse de déshabiller et de rhabiller une oeuvre sans la dénaturer. Pour qu’on la voie d’un oeil nouveau... Parce que faire un mauvais pastiche ou une imitation, ça ne sert à rien... Une pâle imitation de ce que ces grandes dames ont été serait une occasion ratée. Rendre hommage, c’est aussi faire une relecture personnelle, une déclaration d’amour.
Dans le cours de maître Dreaming is not enough, vous dites: «La somme de tous vos choix fera votre signature artistique.» À quoi reconnaît-on la vôtre?
Je mets dans chaque spectacle, de la passion, ce qui m’anime et le plus de vérité possible. Je dirais que j’ajoute tout le temps un brin d’humour et un bon edge un peu punk, un peu irrévérencieux. Je suis aussi très inspirée par les arts visuels, plus particulièrement le surréalisme: Magritte, Dali m’inspirent beaucoup. J’aime jouer avec les perceptions. J’adore tout ce qui est un peu «mindfuck». Je pense que mes obsessions teintent ma signature. Pour Vive nos divas, la scénographie est comme un diorama en papier, fait main, bricolé. Les costumes sont dans un camaïeu de rouge, comme un grand trait. La somme de ça, comment la définir? Vous me le direz. Quand je serai très vieille, peut-être pourra-t-on parler d’un courant, mais pour l’instant, je préfère laisser les autres se prononcer.