3 livres à lire
MONTRÉAL-NORD
De Mariana Mazza
On l’aime pour son franc-parler et son ambition décomplexée. Ayant réussi ses baptêmes au cinéma et en galerie d’art, la gardienne de l’Olivier de l’humoriste de l’année communie aujourd’hui en librairie avec le même abandon. Dans ce chapelet de chroniques, on découvre une Mariana Mazza moins polissonne, plus nostalgique. Si l’arrondissement montréalais du titre est souvent le théâtre de manchettes dramatiques, la verbomotrice peint avec l’encre humide de ses souvenirs d’enfance un tableau lumineux des lieux et des personnages qui les animent. Par-dessus tout, elle témoigne beaucoup de gratitude pour sa maman qui l’a élevée seule en cumulant les boulots de serveuse. Québec Amérique, 208 pages, 19,95 $
J’ÉTAIS UN HÉROS
De Sophie Bienvenu
Les mordus de cette auteure attendaient depuis six ans un nouveau roman à dévorer. Entre-temps, Et au pire, on se mariera a été porté à l’écran et Chercher Sam a suivi le même chemin. À la manière des livres-jeux dans lesquels le lecteur décide de l’aventure, Sophie Bienvenu propose deux destins à Yvan, un alcoolique qui vient de se savoir condamné par une cirrhose: soit il renonce à la bouteille et renoue avec sa fille qu’il n’a pas vue depuis 18 ans, soit il se laisse noyer dans la bière et les remords. Encore une fois, l’écrivaine offre, dans sa prose crue et douloureuse, l’occasion à un coeur bon, mais disloqué, de se ramancher. Quelle fin cet attachant antihéros choisira-t-il pour sa propre histoire?
Cheval d’août, 186 pages, 25,95 $
OH, CANADA
De Russell Banks
Sur son lit de mort, un éminent cinéaste accepte d’accorder une ultime entrevue à une équipe de la CBC. Leonard Fife profite de cette tribune pour déballer la vérité sur sa vie de mensonges. Devant épouse et caméra, le documentariste, lourdement médicamenté et sujet aux hallucinations, s’emmêle dans les confessions de petits adultères et de grandes trahisons, notamment autour des circonstances dans lesquelles il a migré au Canada en 1968, en pleine conscription pour la guerre du Vietnam. Dans ce roman remarquable, qui mêle Trudeau père à l’affaire, le géant des lettres américaines, âgé de 82 ans, montre la sagacité du vieux routier, mais le nerf d’un jeune premier. Aurait-il signé son propre testament?
Traduit de l’anglais par Pierre Furlan, Actes Sud, 336 pages, 39,95 $