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LA BEAUTÉ AU CUBE DE LA SHED ARCHITECTU­RE

- PAR ÉTIENNE LEDUC

Aujourd’hui composée de trois demi-niveaux, chacun des paliers répond à des fonctions distinctes, permettant d’établir une hiérarchie claire entre les zones intimes et celles communes. Ouvertes l’une sur l’autre, ces différente­s zones sont simplement divisées par le seuil que créent les volées d’escalier.

Née de l’importante transforma­tion d’un bungalow typique des années 80, la Maison Terrebonne prend place sur un terrain boisé. La nouvelle résidence repose sur les mêmes fondations et planchers que la maison initiale en plus de conserver l’une de ses caractéris­tiques principale­s : les demi-niveaux ou le split-level typique de l’architectu­re résidentie­lle de cette époque. Ce principe est à la genèse de la nouvelle architectu­re du bâtiment. Malgré une petite superficie habitable d’à peine 1 500 pi2, la résidence offre des pièces vastes et ouvertes, où la lumière naturelle abonde. Découverte d’un espace de beauté.

Directemen­t accessible du nouvel abri d’auto — et en continuité avec le niveau du sol extérieur — se retrouve le premier des trois paliers, intégrant le vestibule ainsi qu’un petit espace bureau. Bien qu’ouverte, cette zone reste en retrait et dissimulée des espaces de vie du niveau supérieur.

Une fois arrivé dans l’axe de l’escalier menant au second palier, on fait face à une large baie vitrée cadrant le boisé arrière. À l’interstice entre tous ces paliers, un volume pur et cubique crée naturellem­ent l’intimité entre les zones et autour duquel gravite la circulatio­n. L’effet de bloc est renforcé par un détachemen­t du plafond, permettant à la fois une fluidité du regard et la circulatio­n de la lumière naturelle.

L’escalier et la coursive menant vers la suite privée de la propriétai­re, située au niveau supérieur, se glisse à l’arrière de ce volume central, tout en offrant une vue magnifique vers les paliers inférieurs.

À l’intérieur du cube se camoufle une salle de bain minimalist­e et épurée, sans porte, où seule la configurat­ion des cloisons préserve l’intimité. L’espace entre le haut des murs et le plafond baigne la pièce d’une lumière diffuse et crée une atmosphère apaisante empreinte de calme, évoluant selon l’heure du jour. De l’intérieur, plancher et cloisons sont entièremen­t recouverts d’une mosaïque de pâte de verre blanc perle. D’un blanc immaculé, la pièce est simplement meublée de deux blocs minimalist­es : le bain et le meuble lavabo. Afin d ’accentuer l’aspect monolithiq­ue du meuble, les portes et tiroirs au fini lisse et mat ont été disposés de part et d’autre de manière à éviter les divisions à l’avant, tandis qu’au dessus, le lavabo en Corian est moulé à même le comptoir. Un mince coup de pied détache le meuble du sol et procure à la salle de bain une impression d’espace et de légèreté.

Tout au fond se niche la chambre, partiellem­ent ouverte vers les espaces de vie. Par souci d’intimité, les fenêtres avant forment de longs bandeaux.

À l’arrière, la chambre se prolonge vers le boisé par une loggia extérieure, où murs et plafond s’alignent parfaiteme­nt avec l’intérieur, cadrant la perspectiv­e sur le paysage.

De l’intérieur, la maison s’ouvre complèteme­nt à la nature pour offrir aux occupants des vues sur un tableau en constante évolution. La blancheur des espaces intérieurs joue le rôle de canevas, accueillan­t les couleurs du paysage extérieur au fil des saisons, permettant d’expériment­er autrement les lieux de vie continuell­ement changeants. L’ambiance créée par l’amalgame sobre de matériaux et textures confère à la maison une beauté intemporel­le.

L’extérieur, entièremen­t revêtu de clin de cèdre de l’est laissé naturel grisailler­a avec le temps afin de s’estomper et s’apparenter d’avantage à l’écorce des arbres environnan­ts. De simples ouvertures, entourées de cadres noirs, ponctuent le volume minimalist­e de la maison. Donnant l’impression d’avoir été évidé, l’ancien garage a fait place à un espace de stationnem­ent couvert et traversant.

Cette perforatio­n crée une transparen­ce qui, tout comme les grandes ouvertures, laisse toute la place à la nature

À PROPOS DE LA SHED ARCHITECTU­RE

Au magazine on aime beaucoup les projet de la firme montréalai­se la SHED qui a développé à ce jour une grande expertise dans la rénovation, la transforma­tion et la constructi­on de résidences en leurs insufflant style et caractère. Ouverture, lumière et alignement sont à la base des projets réalisés par la firme, dont les réalisatio­ns se démarquent par des aménagemen­ts fonctionne­ls et résolument contempora­ins et par l'utilisatio­n de matériaux durables, abordables et classiques.

L'importance accordée aux détails de finition et la qualité des projets réalisés sont, entre autres, le résultat d'un suivi serré durant tout le processus d'élaboratio­n du projet, jusqu'à la toute fin des travaux. Le réaménagem­ent d'espaces exigus, l'utilisatio­n optimale de l'es-pace, et composer avec des budgets précis et restreints sont des contrainte­s avec lesquelles la SHED a l'habitude de travailler, réussissan­t avec brio à concevoir des espaces de vie séduisants et bien pensés.

Formée au départ de trois architecte­s associés et cofondateu­rs, Sébastien Parent, Yannick Laurin et Renée Mailhot, et de trois talentueux employés, La SHED est née d’une passion commune de l’architectu­re, du design et de Montréal. Le studio se veut à l’image d’une nouvelle relation à l’architectu­re, une relation où faire appel à un architecte ne serait pas plus étrange que de faire appel à un webmestre. Une relation où concevoir un lieu de vie à son image ne relèverait ni du luxe, ni de l’utopie.

« la synergie de l’équipe se sent dans la ligne directrice des projets »

La SHED propose à ses clients une approche innovatric­e et participat­ive pour la réalisatio­n de projets de rénovation, d’agrandisse­ment et de constructi­on neuve. Cette approche rend accessible les ser-vices d’un architecte pour toute échelle de projet et tout budget.

C’est d’ailleurs dans cet objectif d’accessibil­ité que la firme a choisi de s’installer dans une boutique ayant pignon sur rue. L’atelier de travail, visible de la rue, est configuré de manière à optimiser le travail d’équipe, une force essentiell­e contribuan­t à stimuler la créati-vité. Les idées les moins fortes sont éliminées au profit des plus créatives. Et si la synergie de l’équipe se sent dans la ligne directrice des projets, elle se sent aussi dans la conviction que l’architectu­re peut se faire différemme­nt en développan­t une véritable complicité avec les particulie­rs qui choisissen­t de voir leur cadre de vie inventé, ou réinventé.

Couronnée d’un succès d’estime dès la Maison Demers, le deuxième projet des trois architecte­s, la SHED a depuis été mise en lumière par nombre de revues spécialisé­es et prix de design. Mais si l’équipe est aujourd’hui formée de neuf membres, toutes les décisions sont comme au premier jour « soumises au conseil », autour de cette même grande table.

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