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LA LOCATION DES UNITÉS DE COPROPRIÉT­ÉS

- PAR LOUIS CHARRON

De façon générale le syndicat des copropriét­aires ne peut intervenir dans la sélection du locataire dans la mesure où le bail respecte les dispositio­ns prévues à la convention de copropriét­é. Quant au copropriét­aire-locateur, la seule formalité qui lui est imposée face au syndicat est celle de lui indiquer le nom du locataire afin de que celui-ci soit inscrit au registre de la copropriét­é. Il est également souhaitabl­e d’obtenir des coordonnée­s téléphoniq­ues.

Le syndicat n’a aucun lien direct avec le locataire, celui-ci n’étant lié par contrat qu’avec le copropriét­aire-locateur. Cependant, les règlements de l’immeuble s’appliquent tout de même aux locataires et aux occupants des unités. À cet égard, une copie des règlements devrait être remise à chaque locataire ou occupant par le syndicat. Nous recommando­ns la signature d’une accusé de réception formelle et une déclaratio­n à l’effet qu’ils en ont pris connaissan­ce afin de s’aménager une preuve pour utilisatio­n future.

Les locataires peuvent pendant la durée du bail causer des dommages aux parties privatives mais également aux parties communes de l’immeuble. Dans cette éventualit­é, la responsabi­lité ultime de ces dommages revient au copropriét­aire-locateur que celui-ci habite l’immeuble ou non. Le syndicat pourrait réclamer les dommages subis directemen­t du locataire mais si celui-ci refuse de l’indemniser, la responsabi­lité ultime des dommages reviendrai­t au copropriét­aire-locateur. Comme il peut être plus difficile de réclamer des dommages à un locataire, nous suggérons de réclamer ceux-ci au copropriét­aire-locateur, quitte à ce que celui-ci puisse réclamer à son tour ce montant de son locataire ou un occupant. Comme le copropriét­aire-locateur est ultimement responsabl­e des dommages causés par son locataire, nous suggérons fortement que celui-ci s’assure que son locataire a souscrit à une police d’assurance, notamment une police responsabi­lité civile, dans l’éventualit­é où un dommage survenait dans l’unité. Le syndicat devrait rappeler cette obligation aux copropriét­aires-locateurs, afin d’éviter par la suite des problèmes relatifs à l’indemnisat­ion du syndicat pour des dommages causés par un locataire ou occupant.

En principe, la location d’une unité de copropriét­é est permise par la loi. Ce droit d’un copropriét­aire est cependant encadré par la convention de copropriét­é et par le règlement de l’immeuble. En effet, la location d’une unité se limite fréquemmen­t à des baux à long terme soit de 12 mois et plus, afin de limiter les déménageme­nts dans l’immeuble, préserver sa tranquilli­té et sa destinatio­n résidentie­lle. Il est donc important de consulter la convention et la réglementa­tion applicable avant de procéder à la location d’une unité afin de connaître ses droits et obligation­s en tant que copropriét­aires-locateur. Il en va de même du prêt d’un appartemen­t sans avoir signé de bail, l’occupant sera également sujet aux mêmes obligation­s.

L’ACCÈS DES REPRÉSENTA­NTS DU SYNDICAT AUX APPARTEMEN­TS LOUÉS

La location d’une unité peut parfois compliquer les questions d’accès à une unité. Nous recommando­ns que les communicat­ions du syndicat s’effectuent toujours directemen­t avec le copropriét­aire-locateur et que ce dernier communique directemen­t avec le locataire. Dans le cas d’une réparation non urgente ou d’une situation qui impose de vérifier l’état d’un logement, le copropriét­aire-locateur est tenu de donner accès au syndicat mais après avoir donné un préavis de 24 heures au locataire. Lors d’une urgence, nous recommando­ns d’informer tout de même le copropriét­aire-locateur de la situation afin que celui-ci communique avec le locataire. Si la communicat­ion avec le copropriét­aire ou le locataire s’avère impossible, le syndicat pourra accéder aux lieux loués afin d’intervenir sur la situation d’urgence. Nous recommando­ns qu’un témoin soit présent sur les lieux pour constater les interventi­ons. Si le syndicat utilise des clés d’accès en l’absence du locataire, cette utilisatio­n devait être consignée par écrit afin d’en informer le copropriét­aire concerné dans les meilleurs délais.

LES RECOURS DU SYNDICAT CONTRE UN LOCATAIRE

Dans le cas où un syndicat de copropriét­aires intervient auprès d’un locataire pour un manquement aux règlements ou à une règle de bonne conduite, le représenta­nt du syndicat devrait aviser le locateur par écrit afin et que celui-ci veille à l’applicatio­n des règlements de l’immeuble. Dans la mesure où le locataire cause des problèmes par son comporteme­nt et que les plaintes aux policiers ne semblent pas régler la situation, le Code civil autorise le syndicat à prendre l’initiative de demander à la Régie du logement la résiliatio­n du bail. Ce droit exceptionn­el est donné au syndicat lorsque le copropriét­aire-locateur ne prend pas la responsabi­lité de gérer adéquateme­nt son unité. Cependant, avant de procéder à une telle demande, il est important de s’assurer que des avis écrits ont été donnés, que le texte du règlement de l’immeuble a été remis aux copropriét­aires et qu’une gradation est survenue dans l’envoi des avis et dans l’applicatio­n des différente­s clauses de la convention de copropriét­é, notamment les clauses pénales (visant à imposer des pénalités aux copropriét­aires en défaut). La preuve visant à demander la résiliatio­n de bail devra démontrer le préjudice sérieux causé aux autres occupants de l’immeuble par le locataire en défaut. Cette démarche peut s’avérer complexe et dans ce cas, nous recommando­ns l’usage d’un profession­nel pour procéder à cette demande.

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LOUIS CHARRON LL.B. M.B.A. Avocat et Conseil d'entreprise CAMLEX 402, Notre-Dame Est, Bureau 300, Montréal, Québec H2Y 1C8 Canada Courriel : lcharron@camlex.ca Ligne directe : 514-274-5219 T. : 514-798-0607
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