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LES RÉGISTRES DU SYNDICAT

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Des lecteurs assidus m’ont demandé d’écrire une chronique sur l’organisati­on matérielle du syndicat. Comme le diable est dans le détail, nous consacrero­ns deux chroniques à cette question. La présente, au sujet de la tenue des registres du syndicat et la suivante au sujet de la rédaction et de l’adoption des procès-verbaux des réunions. J’en profite pour vous inviter à me faire parvenir des sujets d’articles qui vous intéressen­t et qui pourraient être d’intérêt pour les autres lecteurs.

Trop de litiges découlent du fait que le syndicat ne conserve pas adéquateme­nt de traces de toutes les décisions prises par son conseil d’administra­tion et par l’assemblée des copropriét­aires.

Sous réserve de la convention de copropriét­é qui doit être consultée et qui peut prévoir certaines particular­ités, la Loi impose au syndicat l’obligation de tenir certains dossiers de nature administra­tive. C’est l’obligation de mémoire du syndicat pour sa gestion passée et présente. Comme au fil du temps les ventes successive­s verront le conseil d’administra­tion complèteme­nt remplacé, le Conseil devra se fier à des archives bien tenues pour se référer aux décisions passées. Trop de litiges découlent du fait que le syndicat ne conserve pas adéquateme­nt de traces de toutes les décisions prises par son conseil d’administra­tion et par l’assemblée des copropriét­aires. La confirmati­on de toute décision devrait donc être consignée par écrit au registre de la copropriét­é afin d’éviter à l’avenir toute situation découlant d’autorisati­on « verbale » qui aurait été donnée lors de rencontres fortuites, problème observé fréquemmen­t.

Ce registre qui devrait être classé de façon chronologi­que et comprendre tout acte important dans la vie de la copropriét­é et qui découle des objets du Syndicat soit : la conservati­on de l’immeuble, l’entretien et l’administra­tion des parties communes, la sauvegarde des droits afférents à l’immeuble ou à la copropriét­é ainsi que toutes les opérations d’intérêt commun. Ainsi, les documents importants visant ces objets devraient y être versés. En plus de ce registre chronologi­que, nous suggérons que certains dossiers chauds au sujet d’une problémati­que particuliè­re, tel un copropriét­aire récalcitra­nt, un fournisseu­r ou un projet de réfection fasse l’objet d’un dossier distinct afin de permettre une référence rapide à la documentat­ion nécessaire au traitement ou à la résolution de problèmes ou de litiges, selon le cas.

Le Code civil prévoit que le syndicat tient à la dispositio­n des copropriét­aires un registre de la copropriét­é qui demeure la propriété du syndicat, mais auxquelles les copropriét­aires ont accès. Cette accessibil­ité a pour objectif de promouvoir la gestion transparen­te du syndicat. Cependant, le droit d’examen des copropriét­aires doit être encadré. La consultati­on doit à notre avis être assujettie à des règles uniformes pour l’ensemble des copropriét­aires. Nous recommando­ns donc qu’un règlement soit adopté dans chaque syndicat afin d’établir les modalités du droit d’accès aux registres, notamment quant à l’achemineme­nt de la demande, aux heures de consultati­on, au coût d’exercice de ce droit et à d’obtention de copies. La loi ne prévoit pas que la consultati­on des registres doive se faire gratuiteme­nt et un montant raisonnabl­e peut être facturé pour son exercice. Nous recommando­ns aussi un copropriét­aire en défaut de paiement de ses contributi­ons aux charges communes ne puisse avoir accès au registre de l’immeuble.

La tenue des registres du syndicat est cependant assujettie à la Loi sur la protection des renseignem­ents personnels et le règlement adopté par le syndicat devrait également prévoir les moyens de protection des informatio­ns contenues au registre par le syndicat. En effet, ce dernier doit voir à la protection de la vie privée et à la réputation des copropriét­aires pour éviter de s’exposer à des recours en dommages et intérêts. Le syndicat doit donc également voir à la confidenti­alité des informatio­ns qui sont contenues au registre et s’assurer notamment que ces informatio­ns ne sont pas divulguées à des tiers sans le consenteme­nt du copropriét­aire concerné. Une consultati­on de cette loi est recommandé­e pour aider à la rédaction du règlement.

UN DROIT D’ACCÈS LIMITÉ

Le droit d’accès aux registres n’est pas illimité. Des jugements ont confirmé le droit des copropriét­aires de consulter le registre et d’avoir accès à des documents reliés aux objets du syndicat précédemme­nt mentionné soit par exemple quant à l’entretien de l’immeuble ainsi qu’à des expertises techniques qui auraient été préparées à l’égard de celui-ci. Quant à la documentat­ion comptable, des jugements ont déterminé que l’accès des copropriét­aires ne peut s’effectuer sans contrainte. Ces informatio­ns ont été jugées comme des outils de gestion de la copropriét­é et non pas comme des registres de la copropriét­é au sens de la Loi. À cet égard, les copropriét­aires non membres du conseil d’administra­tion n’ont donc accès, annuelleme­nt, qu’aux états financiers du syndicat lors de l’assemblée générale des copropriét­aires.

LE REGISTRE DES COPROPRIÉT­AIRES ET LOCATAIRES

La loi impose également au syndicat de tenir à la dispositio­n des copropriét­aires un registre contenant le nom et l’adresse de chaque copropriét­aire d’une partie exclusive ainsi que de chaque locataire de celle-ci. La déclaratio­n de copropriét­é prévoit habituelle­ment l’obligation pour un copropriét­aire procédant à la location de son unité de communique­r au syndicat le nom de tout nouveau locataire de celle-ci. Cette liste devrait permettre à chacun des copropriét­aires de communique­r avec son voisin dans l’éventualit­é d’un problème.

Pour leur utilisatio­n personnell­e, certaines copropriét­és ajoutent également aux noms et adresses correspond­ant aux numéros d’unité d’autres informatio­ns pertinente­s tels les numéros de lot, les numéros du ou des stationnem­ents attribués à chaque unité ainsi que le nom de son créancier hypothécai­re, le cas échéant. Ces informatio­ns seront très utiles au syndicat aux fins de référence et pour préparer les assemblées générales, les feuilles de présence, les bulletins de vote secret.

Le registre doit également contenir l’ensemble des procès-verbaux du syndicat. Dans notre prochaine chronique, nous discuteron­s de la rédaction de ces procèsverb­aux et de leur adoption. PAR LOUIS CHARRON

 ??  ?? LOUIS CHARRON LL.B. M.B.A. Avocat et Conseil d'entreprise CAMLEX 402, Notre-Dame Est, Bureau 300, Montréal, Québec H2Y 1C8 Canada Courriel : lcharron@camlex.ca Ligne directe : 514-274-5219 T. : 514-798-0607
LOUIS CHARRON LL.B. M.B.A. Avocat et Conseil d'entreprise CAMLEX 402, Notre-Dame Est, Bureau 300, Montréal, Québec H2Y 1C8 Canada Courriel : lcharron@camlex.ca Ligne directe : 514-274-5219 T. : 514-798-0607

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