DES EXPOS À VOIR CET ÉTÉ
Vénéré aussi bien par ses contemporains que par les couturiers des générations suivantes, Cristóbal Balenciaga représente l’apogée de la haute couture des années 1950 et 1960. Fondateur de la maison du même nom, Balenciaga, est mis à l’honneur dans le cadre d’une grande exposition mode montée par le Victoria and Albert Museum et présentée en exclusivité Nord-américaine au Musée Mc Cord, tout l’été. Une exposition qui célèbre son génie créateur mais aussi son héritage, toujours très présent dans les grandes maisons de coutures contemporaines, d’André Courrèges à Oscar de la Renta. De son premier défilé haute couture à Paris en 1937, à la nomination du créateur Demna Gvasalia à la tête de la maison en 2015, la maison Balenciaga a su s’imposer comme l’emblème d’une haute couture novatrice. Son style raffiné, son emploi révolutionnaire des tissus et ses coupes novatrices donnent le ton à une interprétation moderne de la mode de la seconde moitié du vingtième siècle.
De belle manière, l’exposition Balenciaga, maîtredelahautecouture illustre le savoir-faire du couturier. Sous des apparences simples, des robes passées aux rayons X dévoilent leurs structures complexes. Derrière les drapés maîtrisés, les corsets se révèlent, comme les poids que le créateur utilise pour s’assurer que le tombé de la robe soit parfait. Ce qui frappe, c’est la modernité du travail de Cristobal Balenciaga. Bien des robes exposées trouveraient leur place au milieu des collections actuelles. Les patrons sont également mis à l’honneur, pour témoigner de la complexité des pièces, dans la découpe comme dans l’assemblage.
L’exposition est remarquable par la quantité d’informations qu’elle donne sur la vie de Cristobal Balenciaga mais aussi sur son époque. Les courts films montrant le créateur au travail plongent le visiteur au coeur de l’atelier de haute couture où Ava Gardner avait ses habitudes. L’espace de quelques instants, on se retrouve au coeur de la vie de l’artiste, qui dès l’âge de 12 ans se faisait la main comme stagiaire chez un tailleur local de son petit village de pêcheur du Pays Basque espagnol. Le plus impressionnant restant sans doute les images de Cristobal Balenciaga en pleine création, directement sur le mannequin, assemblant des volumes et des coupes avec une maîtrise incomparable. Rafael Lozano-Hemmer est l’un des plus importants artistes internationaux travaillant actuellement sur la scène canadienne. Au cours des dernières décennies, il s’est fait connaître par des installations technologiques participatives à grande échelle employant fréquemment des projections lumineuses et l’architecture de lieux publics. Les plus importants et médiatisés de ces «antimonuments» sont présentés dans des espaces extérieurs qui optimisent leur impact et leur accessibilité. Le travail de Rafael Lozano-Hemmer jouit d’une importante visibilité à l’international, où il est périodiquement présenté dans les institutions les plus prestigieuses, mais il a été peu exposé à Montréal, sa ville de résidence, (qui par ailleurs est pourtant internationalement reconnue pour sa scène médiatique). Plutôt qu’un bilan de mi-carrière, l’exposition propose une perspective conceptuelle inédite sur la production des dix dernières années de l’artiste, dont elle explore les dimensions poétiques et politiques à partir de l’un de ses plus importants principes : la notion de co-présence. Cette notion renvoie d’abord et surtout à la coexistence de voix, de perspectives et d’expériences singulières dans les oeuvres de Lozano-Hemmer : aux relations qui se nouent entre étrangers, aux situations que le dispositif dialogique des oeuvres permet de faire advenir. Cette même notion évoque aussi divers types de relation plus asymétriques, de cohabitations forcées et d’enjeux de pouvoir, et concerne le jeu des regards et des corps soumis aux techniques contemporaines de surveillance et de contrôle.