Decorhomme

LA FORCE TRANQUILLE

Nul besoin d’être un expert en art visuel pour identifier une toile de Marc Samson, aisément reconnaiss­able. Des thèmes simples, parfois naïfs et rehaussés de couleurs éclatantes

- PAR DANIEL ROLAND PLUS D’INFOS : WWW.MARCSAMSON­ARTIST.COM

Le jour où je dois rencontrer l’artiste, on est en fin d’après-midi. J’ai l’humeur brouillonn­e après croisé dans la journée un peu trop de gens cons, comme Brassens les aimait. Et voilà que débarque à l’heure pile pour notre rendezvous quelqu’un qui ne répond nullement aux canons physiques auxquels on est habitué chez certains artistes visuels. Le gars est grand, mince, l’allure sportive qu’on imagine pratiquant son jogging matinal. Ce beau gaillard pose sur vous son regard gris bleu appuyé par un timbre monocorde zen à peine teinté d’un léger accent anglais. Marc Samson est d’origine sherbrooko­ise et aurait aimé devenir dentiste. On a peut-être perdu un arracheur de dents, mais on a gagné tout un peintre qui vit désormais totalement de son art depuis deux ans. Seule note d’excentrici­té, un cabochon énorme au doigt comme en portaient certains princes de l’Église au temps des Médicis.

UNE DISCIPLINE VENANT DU MILIEU SPORTIF

« Je fais beaucoup de sport et mon rythme de travail vient de ce que j’ai hérité de la discipline sportive au plan profession­nel. L’art pour moi, tout comme le sport, fait partie de ma santé globale. J’aime me lever tôt le matin pour pouvoir peindre à la lumière du jour. J’ai condamné une chambre d’invité pour en faire mon studio. Un peintre qui m’a influencé, c’est Matisse. » Pour la petite histoire, c’est à Vancouver dans les années 90 à Vancouver qu’il va faire la rencontre de Terrence Greer, ancien professeur à l’Académie des Arts de Londres qui va l’exhorter à demeurer dans sa voie tout en lui conseillan­t de développer son style propre. Et le conseil a été suivi, et si bien qu’il n’a pas mis de temps à trouver des acquéreurs, dont l’animateur de TVA et humoriste Mario Tessier, qui en possède cinq ou six.

L’UTILISATIO­N DES MÉDIAS SOCIAUX

Il est un peintre bien de son époque qui a trouvé judicieux de recourir au monde numérique pour donner de ses nouvelles et répandre son oeuvre. «J’ai la chance d’avoir pour compagnon de vie et agent, un spécialist­e du domaine, particuliè­rement pour ce qui est du référencem­ent. Et ce qu’il y a de bien avec les réseaux sociaux, c’est que les gens partagent rapidement à grande échelle leurs coups de coeur.» Sans doute que les Picasso, Matisse et Kahlo qu’il admire auraient fait la même chose, mis au fait de ces nouvelles technologi­es. Ce Bélier qui gère très bien sa vie matérielle n’est pas suspendu dans l’optique d’une quelconque célébrité. Que l’on reconnaiss­e seulement son travail et qu’il soit apprécié lui suffit amplement. Et surtout, il a réussi là où plusieurs échouent, à savoir de pouvoir vivre de sa production.

Samson me fait remarquer des subtilités dans son travail. Prenez le temps de décortique­r visuelleme­nt ce qui s’offre à vous, et vous verrez d’infimes détails, qui dénotent un petit côté pince-sans-rire. En cours de conversati­on il a souvent mis l’accent sur le fait qu’il espère que ses toiles dispensent de l’énergie à qui les regarde.

« J’utilise la technique de l’acrylique et mixte, avec le recours au collage, avec l’applicatio­n de pièces de tissu, du plâtre. J’aime mêler les couleurs, mais pas trop. J’essaie de garder un équilibre», nous dit-il. Il a une préférence pour les grands formats. On peut facilement imaginer l’éclat de leur présence dans une salle de séjour. Il peint de deux à quatre toiles par mois et veux éviter la surproduct­ion. Celui qui ne fait pas d’esquisse au préalable, mais attaque directemen­t le canevas, a toujours fait confiance à la vie. C’est sans doute cette force tranquille qui lui confère ce côté zen qui a si bien opéré sur l’interviewe­ur. Au sortir de cet échange, mon cerveau est redevenu plus clair. Ah ce qu’il est fort, ce Samson.

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