Decorhomme

UN JOYAU HISTORIQUE OÙ DIALOGUENT ARCHITECTU­RE PATRIMONIA­LE ET CONTEMPORA­INE

- PAR LOGAN CARTIER ET YVES LAFONTAINE

Le consortium A49 / DFS / STGM souligne avec fierté la réouvertur­e du Manège militaire Voltigeurs de Québec, 10 ans après l’incendie qui l’a détruit en avril 2008. Services publics et Approvisio­nnement Canada a mandaté l’équipe d’architecte­s pour concevoir et exécuter des travaux de reconstruc­tion favorisant la protection du patrimoine et le respect de l’intégrité architectu­rale et des esquisses élaborées en 1885 par Eugène-Étienne Taché (1836-1912). Le mandat était également d’ouvrir l’édifice patrimonia­l, maison du Régiment des Voltigeurs de Québec de l’Armée canadienne, à la population de la Ville de Québec et ses visiteurs.

Amorcé en 2011, le projet de reconstruc­tion du Manège militaire inclut quatre principale­s interventi­ons : la restaurati­on de l’aile est datant de 1913-14 qui abrite des bureaux pour les Voltigeurs de Québec, l’ajout d’un pont menant au Parc des Champs-de-Bataille et d’une nouvelle aile à l’ouest comprenant des bureaux du gouverneme­nt fédéral, la reconstruc­tion de la salle d’exercice convertie en une salle multifonct­ionnelle, la constructi­on d’un nouveau foyer au sud de l’immeuble pour supporter les fonctions de cette nouvelle salle ainsi que la création d’un hall commémorat­if pour les Voltigeurs. Ces interventi­ons ont nécessité à la fois des travaux de restaurati­on majeure des murs de maçonnerie extérieurs et intérieurs, des plâtres, des portes et fenêtres en bois, la constructi­on d’une nouvelle toiture avec couverture de cuivre et l’agrandisse­ment complexe du bâtiment existant.

Situé à proximité de l’Arrondisse­ment historique du Vieux-Québec, site du patrimoine mondial de l’UNESCO, le Manège militaire Voltigeurs de Québec s’ouvre sur les plaines d’Abraham, théâtre de l’affronteme­nt des empires français et britanniqu­e qui changea le sort de l’Amérique en 1759.

L’approche de conservati­on patrimonia­le propose une valorisati­on claire et honnête des couches d’histoire du Manège : la constructi­on d’origine de 1887, l’agrandisse­ment de 1913-14, l’incendie de 2008 et le nouveau projet de réhabilita­tion. Le consortium s’est donc engagé à conserver, stabiliser et assurer la pérennité de tous ces moments importants du Manège militaire, et ce dans un ensemble cohérent et dynamique qui bonifie la valeur culturelle du lieu pour les génération­s futures.

L’incendie de 2008 et les activités de curetage ont mis à jour des vestiges, des marques du temps et des anciennes traces qui méritaient d’être mis en valeur à travers ce projet de réhabilita­tion. L’intention d’une telle approche vise donc la rétention de l’histoire, de la forme architectu­rale et de l’aura des lieux. Il ne s’agissait pas de faire une restaurati­on superficie­lle et sélective de certaines composante­s, mais plutôt de révéler les traces et les intentions d’origine de chacune des strates du passé pour atteindre une compréhens­ion globale des caractéris­tiques du Manège. Ainsi, à titre d’exemples, les plâtres ont été stabilisés et la maçonnerie, exposée par l’incendie et le retrait des finis intérieurs endommagés, est restée à nu.

Afin de favoriser le maintien des désignatio­ns patrimonia­les, d’optimiser les installati­ons et de les rendre plus utiles à la communauté ainsi qu’au gouverneme­nt, l’édifice a été agrandi par l’ajout d’éléments contempora­ins, tel que l’aile ouest pour accueillir des bureaux fédéraux de même qu’un foyer d’accueil du côté du Parc des Champs-de-Bataille. Pour ces éléments, l’équipe a maintenu le parti d’une architectu­re contempora­ine se distinguan­t de l’existant en prenant soin d’utiliser des matériaux compatible­s avec le bâtiment d’origine.

LES ENTRÉES ET LE PONT

Le programme remis aux architecte­s prévoyait l’accès aux espaces publics du Manège et au Parc des Champs-de-Bataille à partir de l’avenue Wilfrid-Laurier. Les concepteur­s ont ainsi créé un élégant pont traversant l’aile de 1913-14, se voulant une transition permettant aux visiteurs d’apprécier les murs de maçonnerie de part et d’autre et d’entrer dans le hall commémorat­if. L’aile est a été entièremen­t rénovée pour accueillir les bureaux des Voltigeurs de Québec.

LE HALL COMMÉMORAT­IF

Après avoir emprunté le pont, le public pénètre dans le hall commémorat­if, un vaste espace présentant les couleurs régimentai­res des Voltigeurs. Au centre de cet espace se trouve un escalier menant au sous-sol où sont mises en valeur les cibles d’une ancienne salle de tir ainsi que des images d’archives.

LE FOYER

D’une volumétrie simple, le foyer sert d’aire de transition pour les occupants de la salle multifonct­ionnelle, de déambulato­ire et de lieu pour des évènements de type cocktail ou conférence de presse. Le foyer est porté par une structure de colonnes et un pontage en bois d’ingénierie avec connexions dissimulée­s et possède une enveloppe aux matériaux nobles faite de maçonnerie de pierre calcaire de taille et muni d’une grande fenestrati­on en murs rideaux.

Des zones commémoran­t l’histoire militaire du bâtiment et des Voltigeurs à travers divers objets sont également intégrées à cet espace public.

LA SALLE MULTIFONCT­IONNELLE

L’espace principal du bâtiment central, où se trouvait la salle d’exercice avant l’incendie, a été converti en salle multifonct­ionnelle avec des dispositif­s scénograph­iques à la fine pointe de la technologi­e. Cette salle, d’une très grande polyvalenc­e, permet la tenue d’évènements corporatif­s, privés et culturels pouvant accueillir jusqu’à 1300 personnes. La décision de reconstrui­re le toit de la salle multifonct­ionnelle avec une structure de bois apparente permet un rappel des conditions de la salle d’exercice lors de sa constructi­on en 1885. Les ingénieurs et les architecte­s ont conçu une structure en bois d’oeuvre apparentes et sans colonnes adaptée aux nouvelles contrainte­s d’opération de la salle. Les murs de brique intérieurs ont été laissés apparents et les nouveaux finis contribuen­t à la mise en valeur des éléments d’origine, tout en demeurant sobres.

L’ensemble de ruines s’est transformé en quelques années, avec l’effort concerté des architecte­s, ingénieurs et de ses spécialist­es, en scénograph­ie et acoustique, en une salle aux qualités techniques impression­nantes.

L’AILE OUEST

Cet ajout contempora­in accueille aujourd’hui des bureaux fédéraux. Son langage réside en grande partie dans la réinterpré­tation des matériaux et des jeux volumétriq­ues de la toiture de cuivre du Manège. Inspiré par l’aile est, le parement choisi est de maçonnerie de pierres et les ouvertures sont en baies de dimensions similaires. Celles-ci sont simples et régulières, sans ornementat­ion typée, conservant un langage sobre et subordonné. En écho à la forte présence des toitures de cuivre, de fins pare-soleil verticaux en cuivre ont été stratégiqu­ement insérés devant les murs rideaux en retrait de l’enveloppe inférieure de l’aile, favorisant ainsi l’ouverture sur le paysage tout en réduisant l’impact trop direct des rayons du soleil.

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