VOYAGER AU LIBAN... QUAND ON EST GAI
Fréquenter les quartiers de la Paris du Moyen-Orient, goûter l’une des meilleure nourriture de la planète et contempler certaines des plus belles ruines du monde : voici quelques unes des innombrables possibilités du Liban, l’un des pays les plus sécuritaires du Moyen-Orient, mais que les membres de la communauté lgbtq+ hésitent à visiter.
En effet, l’homosexualité, la bisexualité et la trans identité ne sont pas bien perçues au pays du cèdre. Les marques d’affection publiques entre personnes de même sexe sont à proscrire. La discrétion est de mise si vous avez une « date » dans un restaurant, un café ou un bar. Ces interdictions – doublées du fait que les locaux de toutes orientations sexuelles vivent en majorité chez leurs parents jusqu’à ce qu’ils soient mariés – créent une tension très palpable. Sur les applications de rencontre lgbtq+, les profils sans visage sont légion et les demandes pour du sexe extrêmement directes sont nombreuses. Plusieurs immeubles abandonnés servent pour des rencontres clandestines pour du sexe rapide. Cela dit, il est possible de faire des rencontres en tous genres, sans être importuné ni se sentir en danger.
On peut aisément voyager au Liban. Entre autres grâce au fait que le français et l’anglais côtoient l’arabe selon l’endroit où l’on se trouve. Les traditions culinaires locales sont si formidables qu’elles mériteraient qu’on leurs consacre des pages et des pages. Plusieurs des plats libanais sont gras et lourds, mais absolument délicieux. Heureusement, vous devrez marcher durant des heures pour découvrir toutes les beautés au pays. Vous pouvez séjournez à Beyrouth durant toute la durée de votre voyage et faire des sorties d’une journée dans les villes du nord au sud. Les ruines les plus grandiloquentes au pays se trouvent à Baalbek, à 80 km de la capitale : trois temples et les restes d’une cité romaine bâtie sur des vestiges grecques, eux-mêmes construits sur des vestiges phéniciens. Des couches et des couches d’histoires et de contrastes. Pas surprenant que le Liban soit l’un des pays les plus contrasté, avec la cohabitation de plusieurs religions (musulmans sunnites et chiites, druzes, catholiques, chrétiens, juifs, etc.), la présence d’un nightlife effervescent (certains bars ferment à six heures du matin), l’existence de règles sociales rigides, un mélange de modernité et de conservatisme.
On peut rouler jusqu’à Tripoli, deuxième métropole du Liban, pour visiter la citadelle et profiter d’un point de vue unique sur la ville, flâner dans les souks labyrinthiques et manger un knefe au restaurant Abdul Rahman Hallab. On doit faire un arrêt à Byblos pour visiter son château, son vieux souk et ses splendides bords de mer. Un détour à Harissa peut s’avérer majestueux pour ceux qui désirent prendre un funiculaire, afin d’avoir une vue imprenable sur la région, avant de faire un arrêt au grottes de Jeita. Au sud, la ville de Seïda possède un sublime château de mer, un musée du savon très intéressant et
un souk qui vaut le détour. De son côté, Beyrouth est grouillante de vie, d’histoire, de culture et de saveurs. Peu après votre arrivée au pays, combattez le décalage horaire en marchant le long de la Corniche, prenez un verre dans l’un des restaurants offrant une vue plongeante sur la Grotte aux pigeons (sorte de Rocher percé libanais) et déambulez dans Hamra, un quartier tantôt riche, tantôt bobo rénové depuis les affres des nombreuses guerre : vous aurez l’impression de marcher dans des rues parisiennes. Un arrêt s’impose également au musée Sursock, une splendeur architecturale qui héberge des expositions de qualité. Le Musée national du Liban vous donnera l’occasion de voir des tombeaux égyptiens, des mosaïques ancestrales, des sculptures et des artefacts fascinants. Peu importe votre confession religieuse, il est difficile de rester indifférent à la Mosquée bleue, dont l’allure et la musique vous rentreront dans le coeur (à condition de couvrir genoux et épaules). Autre idée fort sympathique : une visite déambulatoire du quartier arménien. En visant son souk, vous pourriez y trouver de vieux disques vinyles, dont celui d’un célèbre Arménien : Charles Aznavour. Ne manquez pas l’occasion de faire une razzia dans les boutiques de friandises libanaises et prévoyez vos stratégies de négociation avant de mettre les pieds au marché : le marchandage est un art et un jeu, déstabilisant au début, mais réjouissant quand on sait comment s’y prendre. Dans le quartier Gemmayzeh, prévoyez quelques heures au Café Em Nazih, situé à moité à l’extérieur et à l’intérieur, avec une déco ultra chaleureuse, ainsi que de la nourriture délicieuse et abordable.
Les amateurs de plein air seront servis par plusieurs treks en montagnes : on vous suggère ceux de la réserve Jabal Moussa, de la vallée Qadisha et de la réserve de cèdres. Vous pourrez vous rendre à ces montagnes en louant une voiture ou en faisant appel à un chauffeur, dont les services sont relativement dispendieux. Les déplacements entre Beyrouth et les principales villes peuvent être faits à coûts minimes grâce aux autocars climatisés de la compagnie Connexion, à partir du terminus Charles-Helou ou du rond-point Colla. Vous serez maintes fois interpellés par les chauffeurs de petits autobus qui sillonnent les rues et l’autoroute, s’arrêtant au passage pour prendre les autostoppeurs : les Libanais rencontrés nous ont cependant déconseillé cette pratique en tant qu’étranger. Le taxi est à lui seul une expérience à Beyrouth. On peut payer le gros prix en l’utilisant en solo ou un coût faible en acceptant de le partager. Il suffit de formuler votre destination au chauffeur en précisant « service » pour environ deux milles livres libanaises ou « servicen » pour le double, dans le cas d’un déplacement plus long. À nouveau, vous serez confrontés à l’obligation de marchander… sans nécessairement parler la même langue. C’est ça, le Liban. Des cultures qui cohabitent relativement bien dans un petit pays. Une énergie unique. Un accueil chaleureux envers les étrangers. De la nourriture renversante. Une capitale électrisante. Des vestiges incomparables. Et la conviction que même après cinq ou dix jours, on est loin d’avoir tout vu et tout compris de ce coin du monde.