Casablanca, Paris, Toronto
l'histoire d'amour avec le cinéma qui a donné naissance à Cinéfranco.
LE CINÉMA EST DANS MON ADN : dans sa jeunesse, mon grand-père maternel travaillait comme projectionniste itinérant dans des villages isolés du Maroc. Souvent pris pour un sorcier, il devait s’enfuir pour rester en vie. Plus tard, il était devenu projectionniste au cinéma d’art et d’essai mythique de Casablanca,
Le Triomphe. A 9 ans, je l’entendais parler d’alain Resnais qui n’évoquait rien pour moi. Sa passion pour le cinéma avait rempli mon coeur de petite-fille de rêves, d’aventures et de magie.
Le nom prestigieux d’alain Resnais ressurgit plus tard alors que j’organisais un ciné-club au collège du Haut du Roy, près de Paris où j’enseignais. Avec le temps, j’ai découvert le rôle majeur joué par Alain Resnais dans la Nouvelle
Vague et le cinéma européen moderne. Paris, dans les années 60 et 70 connaît une explosion artistique avec, au-devant de la scène, le théâtre et le cinéma dans ce renouveau culturel. 1968, c’est une année révolutionnaire pour la France et pour l’adolescente que j’étais. Je jouais dans des troupes théâtrales professionnelles, j’étudiais le cinéma américain, je consommais du film à tire larigot. Je suivais le parcours des monstres sacrés comme Brigitte Bardot, Alain Delon, Jean-paul Belmondo… je passais des heures entières à discuter et analyser des films avec mes amis dans des cafés parisiens.
Vers les années 75 à Toronto, j’étais en manque de cinéma français. Sa représentation étriquée de cinéma élitiste, intellectuel me frustrait. Je cherchais à la démystifier pour faire connaître son côté populaire.
En 1994, le réalisateur Claude Miller maintenant décédé et sa femme m’ont encouragée à développer la visibilité du cinéma français à Toronto. Ils m’ont inspirée à créer un espace culturel qui permettrait aux spectateurs d’apprécier sa richesse. En tant que membre du conseil d’administration de Téléfilm Canada, j’avais compris la valeur du cinéma francophone dans le paysage audiovisuel ontarien et canadien.
J’étais prête à démarrer un festival. Mais le financement se présentait comme un grand obstacle jusqu’à ce que Ralph Lean, mon époux, et moi-même avions réussi à ramasser assez d’argent pour fonder Cinéfranco en 1997.
La première édition se déroula en 1998 au Cumberland démoli depuis. La montée rapide de Cinéfranco en a fait un des festivals favoris de Toronto. Apprécié pour sa pertinence culturelle et son efficacité comme outil éducatif, Cinéfranco crée un programme jeunesse, maintenant fréquenté par plus de 9,000 élèves.
J’ai participé comme membre du jury ou programmatrice dans des festivals locaux et internationaux : au Maroc, Lumières de Safi et le Festival international de Marrakech, Le Festival international de la république dominicaine, The Floating Film Festival… Des documentaires diffusés par Vision TV, TVO, TFO, Radio Canada, l’internet ont illustré mes activités récompensées par la médaille de Chevalier des Lettres et
des Arts de France, le Prix de l’alliance française et le Prix Jean-baptiste Rousseau (Société d’histoire de Toronto).
En 20 ans, Cinéfranco fait partie intégrante et vibrante du tissu culturel de l’ontario.