Dans la chaleur du froid sec de WINNIPEG
Avec un sourire et un clin d’oeil les Winnipégois s’adressent aux visiteurs : « Alors, il fait assez froid pour vous? ». Et ce n’est pas une blague. C’était en février que j’avais amené mon mari pour la première fois. Mon père était tellement inquiet pour sa santé dans cette température de 30 degrés en-dessous de zéro, qu’il lui avait offert un manteau en fourrure de buffle.
L’accueil de l’auberge At The Forks est chaleureux et amical avec son feu de cheminée et son plateau bien garni de fromage et de charcuterie posé sur une table de salon. Smith, la salle à manger, est un des secrets les mieux gardés du Canada. La philosophie de la fourche à la fourchette, raffinée, et d’une vive fraîcheur, conçue par le chef et ses créations bien présentées et originales sont une surprise délicieuse. Je dois me rappeler que nous sommes dans une ville des Prairies canadiennes et non pas à New York.
C’est à cinq minutes à pied du Marché de la Fourche en passant devant le Johnson Terminal, Le Musée des Enfants, le musée des Droits de l’homme de renommée mondiale avant d’entrer dans le vaste centre commercial à deux étages. Ici vous ne trouverez pas de chaînes de restauration rapide. Les restaurants locaux mettent sur la table les produits alimentaires du Manitoba : ragoût de bison, pain de riz sauvage, des hotdogs de chez Skinners, fournisseurs de hotdogs depuis 1929, et une carte fringante de vin et de bière, sélectionnée avec expertise par la sommelière de renommée mondiale Véronique Rivest. Dotée de 30 ans de carrière aux multiples récompenses, Rivest élabore avec expertise chaque liste trimestrielle pour refléter le changement des saisons et offrir à ses clients une expérience gustative de haut calibre, qui est devenue très populaire.
A midi c’est le silence total. Le seul bruit est le craquement de la neige durcie sous mes bottes. Avec une température de moins 30°C, sous un soleil éclatant, c’est une journée d’hiver moyenne à Winnipeg. « C’est un froid sec » clament avec aplomb les habitants locaux, fiers de posséder la meilleure sorte de froid du genre. La réflexion de la lumière éblouissante du soleil sur la neige me laisse à penser à tort qu’il fait chaud. Incroyable tous ces gens qui font du patin à glace, rient, se prennent par la main et profitent de l’hiver. Ils enfilent leurs patins et jouent au « Croquicurl » dans la patinoire située devant le marché de la Fourche : c’est un jeu local hybride entre le croquet et le curling. Allez d’accord, je vais être bonne joueuse et faire une promenade cet après-midi sur la rivière gelée. Nous nous arrêtons dans les « Warming Huts », oeuvres architecturales bâties par les vainqueurs des concours annuels internationaux. Attention, il n’y a rien de chaud dans ces « Warming huts »; ce sont tout simplement des abris contre les intempéries. Vous ne trouverez pas un seul appareil de chauffage sur une rivière gelée.
Nous avons appris l’histoire de notre patrimoine à l’école primaire : comment La Verendrye arriva en canoë sur les rives de La Fourche en 1738, qu’il appela Le Fort Rouge. Après la construction d’autres forts, la région fut connue sous le nom de la Colonie de la Rivière Rouge. La Fourche devint l’épicentre d’un commerce de fourrures très prospère dans les années 1800 et l’abondance du gibier, des poissons et des oiseaux aquatiques et des bisons attira encore plus de colons. Les Nakodas (Assiniboines), les Cris, les Anichinabés et les Dakotas ont parcouru ce territoire à pied, là où la rivière Assiniboine se jette dans la Rivière Rouge, en suivant les énormes troupeaux de bisons. La Fourche était devenue le lieu de rencontre pour se faire des amis et faire du commerce, exactement comme pendant 6,000 ans auparavant quand les chasseurs de bisons longeaient ces rivières gelées. Exactement encore comme aujourd’hui.
Il y a seulement 30 ans que les promoteurs immobiliers projetèrent leur vision en s’emparant de ces vieilles cours de triage abandonnées et créèrent un secteur riverain exceptionnel qui fait la fierté de la ville. Aujourd’hui c’est un vibrant espace public au centre-ville où les gens se réunissent pour des fêtes et des loisirs et, tout comme les Premières Nations d’antan, se rencontrer. Il comprend un parc d’interprétation, des bâtiments historiques revitalisés et nouveaux, un planchodrome, un port historique et une myriade de divertissements en plein air et en salle tout au long de l’année.
Les « Ex-peggers » (les Winnipégois exilés) possèdent un code. Personne ne s’en va sans avoir emporté les emblèmes culinaires de la ville : la « laquaiche aux yeux d’or de Winnipeg » et le gâteau de Jeanne.
Il y a quelque chose dans l’air qui fait ressortir la convivialité des Winnipégois, quelque chose dans nos gènes. Et bien sûr la plaque d’immatriculation dit « Friendly Manitoba Bienvenue » www.tourismwinnipeg.com