«J’AI EU UNE VIE EN DENTS DE SCIE» – Louise Forestier
Elle se raconte dans Forestier selon Louise
Suis- je la première artiste des années 1970 à écrire sa biographie? J’en ai l’impression.» Louise Forestier nous fait part de cette réflexion alors qu’elle explique pourquoi elle a décidé de parler de sa vie.
Louise Forestier s’inscrit, dans l’imagerie populaire, comme une des incarnations artistiques de la période débridée qu’ont représenté la fin des années 1960 et les années 1970. Plusieurs avaient suggéré à Louise d’écrire sur son parcours, d’autant plus que l’artiste a eu une vie mouvementée.
Louise indique: «Après m’être posé toutes sortes de questions sur l’intérêt de ce projet, j’ai eu un flash: j’ai demandé à mon ami Georges Nicholson de réaliser des entrevues maison. Je ne voulais pas écrire comme un journaliste ou un biographe professionnel. Après, comme on dit, j’ai mis de la graisse autour des os. C’est mon éditrice qui me disait que les gens aimeraient en savoir plus sur tel ou tel événement.»
Le fi ls de Louise, Alexis, a aussi voulu connaître plus de détails. « Je lui ai demandé la permission, puisque je parlais de lui, de sa vie. Il n’a rien enlevé, au contraire. Quand il m’a dit “Vas-y”, cela a donné 60 pages de plus!»
AUCUN FREIN
Dans son livre, Louise ne se limite pas à son parcours professionnel. Il y est également question de sa personnalité, qui, semble- t- il, n’est « pas reposante » , y compris pour elle- même, de son cheminement personnel houleux, de sa dépendance à l’amour et aux hommes. En plus de parler de sa famille et de ses amis, elle se penche sur la dualité – la rigueur et la rébellion – qu’elle a toujours ressentie.
Louise a vécu beaucoup d’expériences de créations collectives et individuelles entremêlées à sa carrière de chanteuse solo et à son métier de comédienne diplômée. Sa créativité et sa curiosité l’ont toujours tenue en alerte et l’ont menée vers l’écriture de chansons et la mise en scène ainsi que l’enseignement.
A-t-elle eu des accès de pudeur? «Pantoute! Ça n’a pas brassé non plus des affaires difficiles. J’avais déjà fait deux thérapies: tout était réglé. C’est pour ça que j’ai pu écrire le livre; il y avait comme un détachement, une distance. Et l’avoir écrit m’apporte une espèce de sérénité.»
PAS DE CHAISE BERÇANTE
«J’ai eu une vie en dents de scie, poursuit Louise. Les années 1970 n’étaient pas si merveilleuses. Les femmes
jeunes et féministes, elles se faisaient pousser... Même entre femmes, il y avait des extrémistes. Cependant, j’ai toujours eu un instinct incroyable pour me protéger des situations extrêmes. Sauf en amour! Je n’ai jamais voulu souffrir pour créer. Mais tout se transforme: ce dont j’ai souffert m’a servi, comme le reste.
«Avec ce livre, quelque chose s’achève. Je l’ai porté; maintenant, j’ai le goût d’essayer d’autres affaires. Mais le milieu de la chanson n’est plus ce qu’il était, et je ne suis pas armée pour m’exposer aux nouvelles règles du show-business. C’est de plus en plus difficile de pouvoir se produire. Il faut que le spectacle ait un concept et, souvent, il ne s’agit pas du tien. Ça tourne autour de l’image. Si on me proposait un projet, je voudrais savoir qui le monte et qui en fait partie. Plus jeune, j’embarquais, car je pensais que j’allais apprendre quelque chose. Maintenant, je choisis.
« Je veux continuer à écrire, probablement des nouvelles. Je suis toujours ouverte à ce que la vie peut m’apporter. J’adore me bercer... mais j’ai peur de ça comme de la peste!»