Échos vedettes

«J’AI EU UNE VIE EN DENTS DE SCIE» – Louise Forestier

Elle se raconte dans Forestier selon Louise

- DANIELLE DESBIENS

Suis- je la première artiste des années 1970 à écrire sa biographie? J’en ai l’impression.» Louise Forestier nous fait part de cette réflexion alors qu’elle explique pourquoi elle a décidé de parler de sa vie.

Louise Forestier s’inscrit, dans l’imagerie populaire, comme une des incarnatio­ns artistique­s de la période débridée qu’ont représenté la fin des années 1960 et les années 1970. Plusieurs avaient suggéré à Louise d’écrire sur son parcours, d’autant plus que l’artiste a eu une vie mouvementé­e.

Louise indique: «Après m’être posé toutes sortes de questions sur l’intérêt de ce projet, j’ai eu un flash: j’ai demandé à mon ami Georges Nicholson de réaliser des entrevues maison. Je ne voulais pas écrire comme un journalist­e ou un biographe profession­nel. Après, comme on dit, j’ai mis de la graisse autour des os. C’est mon éditrice qui me disait que les gens aimeraient en savoir plus sur tel ou tel événement.»

Le fi ls de Louise, Alexis, a aussi voulu connaître plus de détails. « Je lui ai demandé la permission, puisque je parlais de lui, de sa vie. Il n’a rien enlevé, au contraire. Quand il m’a dit “Vas-y”, cela a donné 60 pages de plus!»

AUCUN FREIN

Dans son livre, Louise ne se limite pas à son parcours profession­nel. Il y est également question de sa personnali­té, qui, semble- t- il, n’est « pas reposante » , y compris pour elle- même, de son cheminemen­t personnel houleux, de sa dépendance à l’amour et aux hommes. En plus de parler de sa famille et de ses amis, elle se penche sur la dualité – la rigueur et la rébellion – qu’elle a toujours ressentie.

Louise a vécu beaucoup d’expérience­s de créations collective­s et individuel­les entremêlée­s à sa carrière de chanteuse solo et à son métier de comédienne diplômée. Sa créativité et sa curiosité l’ont toujours tenue en alerte et l’ont menée vers l’écriture de chansons et la mise en scène ainsi que l’enseigneme­nt.

A-t-elle eu des accès de pudeur? «Pantoute! Ça n’a pas brassé non plus des affaires difficiles. J’avais déjà fait deux thérapies: tout était réglé. C’est pour ça que j’ai pu écrire le livre; il y avait comme un détachemen­t, une distance. Et l’avoir écrit m’apporte une espèce de sérénité.»

PAS DE CHAISE BERÇANTE

«J’ai eu une vie en dents de scie, poursuit Louise. Les années 1970 n’étaient pas si merveilleu­ses. Les femmes

jeunes et féministes, elles se faisaient pousser... Même entre femmes, il y avait des extrémiste­s. Cependant, j’ai toujours eu un instinct incroyable pour me protéger des situations extrêmes. Sauf en amour! Je n’ai jamais voulu souffrir pour créer. Mais tout se transforme: ce dont j’ai souffert m’a servi, comme le reste.

«Avec ce livre, quelque chose s’achève. Je l’ai porté; maintenant, j’ai le goût d’essayer d’autres affaires. Mais le milieu de la chanson n’est plus ce qu’il était, et je ne suis pas armée pour m’exposer aux nouvelles règles du show-business. C’est de plus en plus difficile de pouvoir se produire. Il faut que le spectacle ait un concept et, souvent, il ne s’agit pas du tien. Ça tourne autour de l’image. Si on me proposait un projet, je voudrais savoir qui le monte et qui en fait partie. Plus jeune, j’embarquais, car je pensais que j’allais apprendre quelque chose. Maintenant, je choisis.

« Je veux continuer à écrire, probableme­nt des nouvelles. Je suis toujours ouverte à ce que la vie peut m’apporter. J’adore me bercer... mais j’ai peur de ça comme de la peste!»

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 ??  ?? Le 28 mai 1968, L’Osstidcho, présenté au Théâtre de Quat’Sous, est conçu pour provoquer et bousculer les codes habituels. Le spectacle crée l’événement. Ses créateurs? Louise Forestier, Yvon Deschamps, Mouffe et Robert Charlebois.
Le 28 mai 1968, L’Osstidcho, présenté au Théâtre de Quat’Sous, est conçu pour provoquer et bousculer les codes habituels. Le spectacle crée l’événement. Ses créateurs? Louise Forestier, Yvon Deschamps, Mouffe et Robert Charlebois.
 ??  ?? 1er avril 1972. Dans Échos Vedettes, sous le titre «Plus qu’une comédie musicale», le critique Claude Jasmin encense la création Demain matin,
Montréal m’attend, de Michel Tremblay et François Dompierre. Louise Forestier tient le rôle principal, celui...
1er avril 1972. Dans Échos Vedettes, sous le titre «Plus qu’une comédie musicale», le critique Claude Jasmin encense la création Demain matin, Montréal m’attend, de Michel Tremblay et François Dompierre. Louise Forestier tient le rôle principal, celui...
 ?? PHOTOS: ARCHIVES ?? «Que j’aime cette photo! dit Louise. Tout est dans le regard…» En 1973, Louise interprète une assistante sociale dans le film Les ordres, de Michel Brault. Le long métrage a été sacré chef-d’oeuvre par Médiafilm en 2012. À partir de 1973, l’artiste...
PHOTOS: ARCHIVES «Que j’aime cette photo! dit Louise. Tout est dans le regard…» En 1973, Louise interprète une assistante sociale dans le film Les ordres, de Michel Brault. Le long métrage a été sacré chef-d’oeuvre par Médiafilm en 2012. À partir de 1973, l’artiste...
 ?? PHOTO: JACQUES GREGORIO ?? 1981. Louise voulait tellement le rôle de la serveuse automate dans la première mouture québécoise de Starmania qu’elle a relancé Luc Plamondon jusque chez lui afin de le convaincre. Elle a réussi! Luc a aussi participé à l’écriture pour les concepts...
PHOTO: JACQUES GREGORIO 1981. Louise voulait tellement le rôle de la serveuse automate dans la première mouture québécoise de Starmania qu’elle a relancé Luc Plamondon jusque chez lui afin de le convaincre. Elle a réussi! Luc a aussi participé à l’écriture pour les concepts...
 ??  ?? 2006. Faux cheveux, fausses dents, faux cils, faux seins et faux ongles… Le personnage incarné par Louise dans Le négociateu­r, avec le reporter Mac (Frédérick De Grandpré) et le photograph­e Hector (Julien Poulin). Le rôle d’Irma, exprostitu­ée,...
2006. Faux cheveux, fausses dents, faux cils, faux seins et faux ongles… Le personnage incarné par Louise dans Le négociateu­r, avec le reporter Mac (Frédérick De Grandpré) et le photograph­e Hector (Julien Poulin). Le rôle d’Irma, exprostitu­ée,...
 ?? PHOTO: PAUL DUCHARME ?? Dans son autobiogra­phie, Louise relate des anecdotes marquantes. Ainsi, en 1975, pour les spectacles de la Saint-Jean-Baptiste sur le mont Royal, Gilles Vigneault compose Gens du pays,
c’est votre tour... et Louise refuse, tout comme Yvon Deschamps,...
PHOTO: PAUL DUCHARME Dans son autobiogra­phie, Louise relate des anecdotes marquantes. Ainsi, en 1975, pour les spectacles de la Saint-Jean-Baptiste sur le mont Royal, Gilles Vigneault compose Gens du pays, c’est votre tour... et Louise refuse, tout comme Yvon Deschamps,...
 ?? PHOTO: JOCELYN CHEVALIER ?? 1998. Louise et son fils, Alexis, avec Michel Tremblay, à la première de la pièce Une visite inopportun­e à l’Espace Go,
mise en scène par André Brassard.
PHOTO: JOCELYN CHEVALIER 1998. Louise et son fils, Alexis, avec Michel Tremblay, à la première de la pièce Une visite inopportun­e à l’Espace Go, mise en scène par André Brassard.

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