RACHID BADOURI: que la force soit avec lui!
RACHID BADOURI
J’ai l’impression d’être dans deux affaires en même temps», note l’humoriste, qui prépare un nouveau show tout en continuant de faire vivre son premier spectacle outre-mer. «Mais il faut que je m’y fasse parce qu’il y a de fortes chances pour que, quand je vais commencer mon deuxième one-man show, je fasse encore Arrête ton cinéma à quelque part aux Antilles ou je ne sais trop où... Parce ce que le spectacle se déplace: après le Maroc, c’est Haïti, après, c’est la Tunisie...» Mais il n’a pas peur d’affronter différents publics. «La France m’a donné une force... Dans le monde de Marvel, je suis Hulk!»
De son propre aveu, le public marocain ressemble beaucoup au public français. «Les expressions arabes, il aime ça! Je n’ai pas eu à m’adapter tant que ça. » Il n’en revient toujours pas comme plusieurs personnes là- bas connaissaient certains de ses gags! « On sous- estime le pouvoir des médias, des réseaux sociaux, de You-Tube... Avant que j’arrive là-bas, les gens connaissaient mes blagues par coeur!»
INSTALLÉ EN FRANCE... MAIS PAS PARTI DU QUÉBEC!
Tranquillement, Rachid s’installe en France. « Mais je ne quitterai jamais le Québec. Moi, je vais mourir à Laval.» Ça ne doit pas être facile pour son couple, car Rachid doit se promener constamment entre deux continents... «Ce n’est pas évi- dent. Ma femme me suit quand elle peut. Par contre, si j’avais des enfants, ce qui risque d’arriver à court terme, on verrait peut-être les choses différemment, admetil. Ce qui est sûr, c’est que je ne peux pas partir 10 ans sans revenir au Québec.»
Dans la Ville lumière, l’homme vit en appartement dans le 2e arrondissement. «Je suis situé dans l’endroit le plus parfait de Paris. Je suis à 3 minutes du Marais, à 10 minutes de tout... et juste à côté d’une des plus belles rues de France, Montorgueil, une rue piétonne.» C’est là que le spectacle s’écrit.
À COEUR OUVERT
Avec Badouri rechargé, il sera question de ce qui s’est passé ces dernières années dans sa vie. «Je vais parler de ce qui m’est arrivé en France, de comment je suis passé à travers le deuil de ma mère et mon mariage dans la même année, explique-til. Le spectacle est en train de s’écrire. Ça se peut que je ne sois pas capable de parler de mon deuil et que je décide de parler de mon mariage seulement ou que je n’arrive pas à aborder ces deux sujets...» Mais il promet de tenter de faire une véritable introspection des événements qu’il a récemment vécus.
Tout ne peut pas se faire ou se dire en humour. Il n’y a pas que Mike Ward et Guillaume Wagner qui l’ont appris. Il y a quelques semaines, Rachid décidait de retirer une vidéo qu’il avait mise en ligne et sur laquelle il parodiait le succès Gangnam
Style, du Sud-Coréen Psy. «C’est un cas isolé parce que ç’a été pris hors contexte. En fait, c’est quelqu’un de l’Ontario – qui ne savait pas que j’étais humoriste dans la vie – qui m’a envoyé un message. Il m’a demandé de comprendre son point, celui d’un gars qui ne sait pas qui je suis et qui voit cette parodie: étant d’origine asiatique, ça l’a un peu offusqué. Il m’a tellement bien expliqué son point de vue que je lui ai donné raison et j’ai retiré la vidéo. Et si je peux, je vais la refaire... sans mettre l’accent sur la caricature, mais plutôt sur le fait que je voulais prendre des vitamines qui me rendent “Gangnam Style”! »
«REPOSE EN PAIX, COUSINE!»
Le 4 octobre dernier, Rachid rendait hommage sur sa page Facebook à la jeune policière Katia Hadouchi, décédée le 26 septembre au volant de son auto-patrouille. L’hommage se terminait comme suit: «Repose en paix, cousine!» Les gens ont donc pensé qu’il venait de perdre un autre membre de sa famille. «Dans ma communauté [il est d’origine marocaine berbère], on s’appelle “cousin” entre nous. Jamel Debbouze, quand il me voit, il m’appelle “cousin”. Ça m’a vraiment touché qu’une jeune perde la vie comme ça. Et quand j’ai entendu son nom, j’ai vu qu’elle était d’origine berbère, comme moi. J’ai donc ressenti un lien.»