«Nous avons tous quelque chose à faire pour remplir notre vie le mieux possible» – Rita Lafontaine
Ces dernières années, Rita Lafontaine a connu des hauts et des bas tumultueux. La comédienne a subi deux déceptions majeures: la faillite de son Centre des arts Rita-Lafontaine à Ham-Sud et la fin de son implication dans le certificat de théâtre qu’elle pilotait à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Elle a perdu beaucoup d’argent et, surtout, a dû faire le deuil douloureux d’expériences humaines et professionnelles exaltantes. Au fil de ces aventures, Rita a continué à jouer
– dans Grosse vie, Belle- Baie, L’Auberge
du chien noir, ainsi qu’au Théâtre d’été de L’Assomption – et elle écrit un téléroman.
Rita est une grande dame. Sa douceur est combative, ses intérêts sont ouverts sur les autres, son travail est réfléchi. Si elle ne cache pas les difficultés, elle préfère faire preuve de réserve. «J’ai appris le respect avec les religieuses durant mes études: ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. Même dans un métier aussi compétitif, j’essaie de ne pas être dans les conflits, de ne pas “partir en peur”. Je n’ai jamais été très négative et j’ai appris à vivre l’instant présent. Ça ne m’empêche pas d’être consciente et de constater que des choses révoltantes se passent. Les inégalités sociales et les injustices m’indignent. Mais je crois aussi à la compassion.»
Depuis ses débuts professionnels à 21 ans, Rita Lafontaine a joué dans plus de 60 pièces de théâtre, plus de 30 émissions ou séries télévisées et dans presque 40 films.
LES RÔLES ET LA MISE EN SCÈNE
«Explorer la nature humaine à travers les textes reste une vraie passion pour moi. Quelles sont les motivations dans le texte? Pourquoi ces mots? Travailler en équipe, c’est toujours attachant et nourrissant. Il faut avoir tous ses outils affûtés, mais c’est une joie, une synergie qui se réalise. La créativité, c’est comme une “ébullition heureuse”.
«Je fonctionne bien avec de la confiance; ainsi, je peux me déployer. Avec le metteur en scène André Brassard, durant 30 ans, je recevais toute une richesse intérieure. C’est une vieille âme... On creuse, on se questionne, on réfléchit. Par exemple, pour Oscar et la dame en rose, des éléments me laissaient perplexe. J’ai consulté Brassard. Pour un passage où Oscar s’adresse à Dieu à propos d’un rejet qu’il a subi, Brassard, qui parle peu, m’a dit: “N’est-il pas fâché à ce moment-là?”
«J’y ai réfléchi et j’ai présenté la scène dans la colère. L’auteur, Eric-Emmanuel Schmitt, a été surpris: sur les 20 productions différentes, c’était la seule avec cette couleur-là. Il était ému...»
PROFESSEURE
« Je les aime sincèrement, ces jeunes! Ils sont tellement passionnés! » Si Rita fait toujours de l’encadrement individuel, elle n’enseigne plus à l’UQTR au Certificat en interprétation théâtrale qu’elle avait développé. Un nouveau directeur de programme a tout modifié, sans contacter Rita qui s’en occupait. «Je ne l’ai appris
qu’à la fin du cours, en avril! Je ne veux pas rester amère, mais ç’a été difficile à accepter.» Rita a été blessée des propos tenus par ce directeur, d’autant plus qu’il n’en a jamais discuté avec elle. «Ce responsable ne me connaissait même pas. Il ne faut pas suivre le théâtre et la télévision pour ça... Je ne pouvais pas continuer.»
LES RÉSEAUX SOCIAUX
« J’aime les courriels et Facebook! Depuis que ma fille Elsa m’y a initiée, j’y vais souvent. Je retrouve ce contact amical du public. Ça me permet aussi de savoir ce que font mes collègues, de leur envoyer quelques mots à l’occasion, car j’ai beaucoup d’affection pour mes camarades.»
Rita apprécie l’action. « J’aime jardiner: quand tu es nez à nez avec une petite fourmi qui transporte une grande feuille, ça dédramatise les choses. Il ne faut pas être paresseux, surtout mentalement. Nous avons tous une mission, quelque chose à faire pour remplir notre vie le mieux possible.»