Marie- Ève Milot: inspirée par l’anxiété
MARIE-ÈVE MILOT COSIGNE ET MET EN SCÈNE LA PIÈCE CHIENNE(S), OÙ IL EST QUESTION DE TROUBLES ANXIEUX. AFIN DE CRÉER CE SPECTACLE, LA COAUTEURE ET ELLE ONT EFFECTUÉ QUATRE ANS DE RECHERCHES SUR L’ANXIÉTÉ ET LA DÉPRESSION...
Une jeune femme de 30 ans s’enferme chez elle le jour de son anniversaire, en crise de panique. Peu à peu, elle remonte à la genèse de son trouble anxieux afin de tenter de se nommer autrement que par un diagnostic. Voici la proposition de la pièce Chienne(s), qui sera présentée du 13 au 31 mars à la salle Jean- Claude- Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, à Montréal. Marie- Ève Milot a fait la mise en scène de cette oeuvre, coécrite avec Marie- Claude St- Laurent (cette dernière joue aussi dans la pièce). «La trentenaire est prise dans une société où il faut aller mieux, et vite. Le fait de s’enfermer est donc un acte de résistance.» À un moment donné, dans la pièce, une artiste mystérieuse visite la jeune femme. « C’est une artiste palestinienne qui existe réellement et qui s’est enfermée dans son appartement pendant un an.»
ÉCHANGES PERSONNELS ET SCIENTIFIQUES
Pourquoi avoir effectué des recherches durant quatre années avant de créer le spectacle? «Parce que c’est une question complexe, beaucoup de choses entrent en ligne de compte. On avait envie, aussi, de sortir de nos propres expériences et d’élargir le spectre des troubles anxieux, au- delà de nous. C’est ce qui nous a poussées à prendre le temps de bien faire les choses, de bien étudier la question. On n’avait pas envie d’écrire rapidement, on voulait plutôt le faire à notre rythme, explique l’actrice. On a commencé par se raconter nos propres expériences d’anxiété.» Car, oui, Marie-Ève a connu des épisodes troubles. « Je crois que tout le monde a vécu un épisode anxieux dans sa vie.»
Pour les auteures, échanger sur leurs angoisses a fait partie du processus. Puis, Marie-Ève et Marie- Claude se sont intéressées aux témoignages des gens de leur entourage. «Après, on a élargi nos recherches à quelque chose de plus scientifique.» Elles se sont rendues au Centre d’études sur le stress humain, à Montréal. Elles y ont rencontré une chercheuse qui leur a parlé de ses recherches, et elles ont lu des articles signés par la fondatrice du centre.
POURQUOI CHIENNE(S)?
Le titre de la pièce a de quoi faire jaser. «En appelant notre pièce Chienne(s), déjà, on ne lui met pas de masque; la dépression et l’anxiété, c’est quelque chose qui frappe!
Ce n’est pas quelque chose qui arrive chez vous habillé chic et poli.»
DU THÉÂTRE FÉMINISTE
La compagnie de théâtre qu’elle a cofondée avec Mar i e- Claude
St- Laurent, le Théâtre de l’Affamée, a une perspective féministe. Les metteurs en scène qui travaillent avec la troupe ont donc une grande liberté dans le portrait social. Dans
Chienne(s), les personnages secondaires n’ont pas de genre. « Quand on a commencé à écrire, on était prises avec nos propres biais sexistes. Par exemple, on attribuait automatiquement les personnages qui avaient des rôles de pouvoir à des hommes.» Voilà pourquoi elles ont laissé tomber les sexes.
Il s’agit de la toute première mise en scène de Marie
Ève. « Je sentais que j’étais rendue là dans ma démarche artistique.»
DE PARIS À MONTRÉAL
On retrouvera encore Marie- Ève Milot dans la prochaine saison des Pays d’en haut, à Radio- Canada. Elle jouera aussi dans la pièce Local B-1717, du 5 au 22 avril, à l’Entrepôt Beaumont Mini-Storage, situé au 454, avenue Beaumont, à Montréal.
L’an dernier, à l’invitation de Wajdi Mouawad — le directeur artistique du Théâtre de la Colline, à Paris —, l’actrice est allée jouer un spectacle solo dans la Ville Lumière, Les barbelés. Elle reprendra cette pièce en septembre, au Théâtre de Quat’Sous, à Montréal.