Échos vedettes

Myriam LeBlanc et Stéphan Allard: en couple depuis l’école

— Myriam LeBlanc et Stéphan Allard

- SAMUEL PRADIER

DEPUIS LEUR RENCONTRE AU CONSERVATO­IRE, MYRIAM LEBLANC ET STÉPHAN ALLARD ONT CUMULÉ LES PROJETS COMMUNS SANS EN FAIRE UN DOGME. MAIS POURQUOI CHANGER UNE ÉQUIPE GAGNANTE? POUR SA NOUVELLE MISE EN SCÈNE AU THÉÂTRE DU RIDEAU VERT, STÉPHAN A CHOISI SON AMOUREUSE POUR INCARNER GEORGE SAND DANS LA PIÈCE IMPROMPTU.

Parce qu’il a déjà joué dans cette pièce il y a plusieurs années, à Québec, Stéphan Allard a décidé de reprendre Impromptu au Théâtre du Rideau Vert, dans une mise en scène un peu plus décalée. La pièce raconte le séjour des compositeu­rs Franz Liszt et Frédéric Chopin, du peintre Eugène Delacroix, du poète Alfred de Musset et de l’auteure George Sand au domaine de campagne de la duchesse d’Antan. Friande d’art, la riche mécène ne se doutait toutefois pas de la décadence dont elle allait être témoin.

« J’ai essayé d’amener une autre lecture de ce qui avait été fait à l’époque. On a tendance à rendre ces personnage­s plus romantique­s qu’ils ne l’étaient. Dès qu’on lit des choses sur eux, on s’aperçoit qu’ils étaient tout le temps chauds, qu’ils traînaient dans les bars, qu’ils couchaient avec des putes...» Le metteur en scène est agacé de voir qu’on magnifie trop les artistes qu’on qualifie aujourd’hui de classiques. « J’ai voulu faire une version où ils boivent et se battent. J’ai abordé le travail avec les acteurs en leur disant que la perfection m’ennuie et que ce qui m’intéresse, ce sont les défauts. Je veux voir les défauts de ces personnage­s en premier. On est donc allés fouiller dans ces zones. Par exemple, Musset est alcoolique et il n’est plus capable d’écrire sans

boire. À côté, George Sand écrivait en se faisant payer au chapitre; elle écrivait énormément pour avoir le plus d’argent possible.»

De son côté, Myriam LeBlanc, qui joue George Sand, insiste sur le fait que ce n’est pas une pièce biographiq­ue. «Le prétexte doit rester ludique. On veut d’abord raconter le coup de foudre de George Sand et Frédéric Chopin, qui a duré plusieurs années. Cette relation a permis à Chopin d’écrire ses plus grandes oeuvres. George Sand s’est occupée beaucoup de lui. Elle le maternait parce qu’il avait une santé fragile et qu’il était difficile à gérer. Je pense qu’elle a davantage été sa mère que sa maîtresse.»

La comédienne confirme qu’il existe quand même une pression lorsqu’on doit jouer un personnage qui a réellement existé. «Il y a toute une oeuvre qui nous permet de la connaître et d’essayer de savoir qui elle a pu être. Il y a des dizaines de documentai­res, des romans, des écrits politiques, des romans épistolair­es, son autobiogra­phie qu’elle a écrite sur deux ans et qui compte 1200 pages... Je n’ai pas tout lu, mais j’ai essayé de toucher au plus de choses possible avant de me l’approprier. J’adore faire ce travail.»

En mettant en scène ce texte, Stéphan Allard voulait aussi mettre en avant la musique de Chopin. «Ce texte démontre également qu’on ne doit pas mordre la main qui nous nourrit. J’avais aussi envie de quitter le théâtre esthétisan­t. Ça ne m’intéresse pas vraiment de faire un beau tableau de l’époque; je cherche quelque chose de plus complet et de plus proche de ce que devait être la réalité.»

TRAVAILLER EN COUPLE

Parce qu’ils se connaissen­t tellement bien, Stéphan Allard n’a pas eu à aller chercher bien loin la comédienne qui jouerait George Sand dans la pièce. «On est un couple depuis l’école. On a fait le conservato­ire ensemble, ça fait maintenant 21 ans. On a très souvent joué ensemble, que ce soit au théâtre ou même dans la série 30 vies. On a joué des couples, des amants, mais aussi des frères et soeurs. On se connaît bien dans le travail.»

Pour Myriam LeBlanc, il n’y a pas de problème non plus à être dirigée par son conjoint. «Il est un bon metteur en scène, donc je ne m’obstine pas. Je sais que, s’il me donne une note, il a raison. Je ne suis pas orgueilleu­se. Je peux parfois expliquer mon point de vue, mais rien de plus.»

Inévitable­ment, les discussion­s sur le travail se poursuiven­t parfois à la maison. «On peut avoir des discussion­s sur le spectacle, entre deux gorgées de vin, mais on aime ça. Ce n’est pas un fardeau ou un parasite du quotidien. Si on travaillai­t ensemble à l’année, ça pourrait éventuelle­ment devenir lourd, mais ce n’est pas le cas. Le projet actuel est plus un privilège. Chaque discussion est agréable.» Stéphan affirme même qu’il peut lui arriver de reprendre des idées avancées par Myriam, sans forcément dire ensuite que ça vient d’elle. «On n’a pas d’orgueil ou d’ego blessé. D’ailleurs, quand je fais une mise en scène dans laquelle elle ne joue pas, je lui demande toujours de venir voir une répétition pour valider certaines choses. Je lui fais complèteme­nt confiance, et elle m’aide parfois à décoincer une situation.»

Le metteur en scène affirme avoir une méthode de travail très transparen­te avec tous ses comédiens, qu’il s’agisse de sa conjointe ou des autres. «Au début du travail, je leur dis qu’on est huit acteurs, un metteur en scène et des technicien­s, et que je souhaite que tout le monde mette son cerveau dans la même direction pour faire de ce spectacle un bel objet. Je ne vois pas pourquoi le gars aux éclairages n’a pas le droit de dire que, dans telle scène, il ne comprend pas l’intention d’un personnage. On travaille tout le monde ensemble.»

La pièce Impromptu est présentée au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 21 avril.

« On a fait le conservato­ire ensemble, ça fait maintenant 21 ans.»

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