L’ÉQUILIBRE PARFAIT DE VIRGINIE FORTIN!
SI, JADIS, VIRGINIE FORTIN AVAIT LE SYNDROME DE L’IMPOSTEUR, CELUI- CI S’EST DISSIPÉ AU FIL DE SON INTERPRÉTATION MAGISTRALE D’ANAÏS, UNE JEUNE FEMME BIPOLAIRE DANS LA SÉRIE TROP. L’ÉQUILIBRE ENTRE LE JEU ET L’HUMOUR, C’EST CE QUI COMBLE LA COMÉDIENNE ET
Son personnage d’Anaïs, une jeune femme atteinte de troubles bipolaires, nous a charmés dès la première saison de Trop. Il s’agissait, pour Virginie Fortin, de son premier rôle dans une comédie dramatique. «À la saison 1, j’avais un petit stress de devoir être à la hauteur, un sentiment d’imposteur parfois, mais comme j’ai eu du plaisir à jouer les textes de Marie- Andrée Labbé et que la série a été bien reçue, je suis arrivée dans la saison 2 avec une petite fébrilité.»
Cette fois- ci, Anaïs s’accepte beaucoup plus dans sa bipolarité. «Je pense que la plupart d’entre nous avons un proche qui vit avec un trouble psychologique. J’en ai dans ma famille, dans mes amis. Je me suis dit: “Elle vit sa vie et ne se dit pas tous les jours qu’elle est bipolaire.”»
Le jeu de la comédienne et humoriste lui a valu de bons commentaires. « Je reçois des messages de téléspectateurs sur Facebook. Ils me disent que leur chum ou leur soeur est bipolaire, qu’ils regardent la série ensemble et que ça leur fait du bien.» C’est très flatteur pour celle qui, petite, rêvait d’être comédienne. «C’est une petite porte que j’avais fermée quand j’avais commencé à faire de l’humour, quand je m’étais rendu compte que j’avais peut- être plus le goût de faire de la scène, de faire rire. Avoir mon show et pouvoir écrire mes blagues me comblent. Mais j’ai redécouvert le travail d’équipe. Je ne veux pas juste jouer, mais tant et aussi longtemps que des opportunités aussi le fun que Trop vont se présenter, il va falloir que je les prenne!»
RIRE DU POUVOIR
Virginie Fortin rode en ce moment son premier one woman show, Du bruit dans le cosmos, dont la rentrée montréalaise aura lieu en novembre prochain. «Depuis que je suis petite, je trouve ça
weird qu’on soit dans l’espace. En même temps, ce qui se passe sur la Terre est juste un peu de “bruit dans le cosmos”. Je me sers un peu de ça pour remettre en perspective toutes nos habitudes de Terriens.» Elle parle notamment d’inégalités sociales, de la mort, du féminisme. «J’aime que l’humour se permette de rire du pouvoir, des instances supérieures de nos sociétés. J’ai fait des blagues de sans-abri et je n’aime plus ça. Je n’ai plus envie de rire facilement du plus faible.»
DES PARENTS FIERS
Elle est loin de l’époque où elle sentait le poids d’être la fille de Bernard Fortin sur ses épaules. « J’ai vécu mon secondaire en tant que “fille de Bernard Fortin”. Il était dans La petite vie, à la radio... Aujourd’hui, je sens qu’on est deux entités. Je suis très fière et très reconnaissante parce que, si j’ai envie de faire ça et que j’en suis capable, c’est beaucoup grâce à mon père pour le côté créatif. Le côté fonceur vient peut- être de ma maman!»
Ses parents l’ont toujours encouragée dans ses intentions. «Ils m’ont beaucoup fait confiance et m’ont donné toutes les possibilités de faire ce que je voulais faire dans la vie, alors je leur en serai éternellement reconnaissante. Ils sont bien fiers que je sois rendue là et que j’aie la chance de vivre de ce métier- là.»
DE RETOUR À ÉDIMBOURG
Celle qu’on peut aussi suivre dans Code F., à Vrak, séjournera, en août, pour la troisième année, deux semaines à Édimbourg, pour faire des shows au Festival Fringe. « Je vais y aller pour vivre les conditions les plus tough. Jouer devant 7 personnes, c’est vraiment plus difficile que de jouer devant 500 personnes. C’est la meilleure façon de prendre de l’expérience. Je vais faire la version anglaise d’une partie de mon show, mais avec moins de moyens, moins de promo et moins de public. Il y a aussi le challenge de faire de l’humour dans une autre langue devant des gens qui n’ont pas les mêmes références que toi. Il y a quelque chose de grisant et de terrifiant là- dedans! (rires) » MARIE-CLAUDE DOYLE