Échos vedettes

Par 4 chemins

-

Vous me voyez déjà venir avec mes gros sabots... Je veux vous parler de Jacques Languirand, qui nous a quittés le 26 janvier dernier, à l’âge de 86 ans. Comme il était atteint de la maladie d’Alzheimer depuis quelques années, il s’était retiré des ondes juste à temps en 2014. Après avoir tenu la barre de son émission Par

4 chemins pendant plus de 43 ans, à l’antenne de Radio- Canada, l’animateur s’est tu. Lui qui a passé toutes ces années à vulgariser des centaines d’ouvrages, d’essais et de nouvelles scientifiq­ues savait mieux que quiconque qu’il était impuissant face à la maladie. Et curieuseme­nt, c’est son cerveau, qu’il a lui- même beaucoup sollicité, qui aura flanché le premier; comme un médecin qui meurt du cancer ou un routier qui perd la vie au volant de son mastodonte. S’agit-il d’une simple coïncidenc­e ou de la loi de Murphy? Quand on l’interprète à la lettre et qu’on l’érige en principe de pessimisme, la loi de Murphy, vue sous cet angle, est le constat, élevé au rang de principe fondamenta­l de l’univers, que «le pire est toujours certain» ( Wikipedia). C’est-à- dire: «Qui vit par l’épée, périra par l’épée.» Ça y est! me voilà en train de «languirand­er». Comme lui, je trouve certaines explicatio­ns «tripatives».

Jacques Languirand était un monstre universel, un homme d’une culture débordante, un enfant surdoué, un clown céleste, un chercheur de réponses, un coach de vie, un jouisseur culturel et un amoureux de l’inconnu. Il est passé par la Terre pour y jeter un coup d’oeil. Il s’est servi d’un véhicule humain pour se fondre dans la foule, puis est reparti comme il était venu, sur la pointe des pieds. Heureuseme­nt, sa maladie ne l’a pas retenu trop longtemps ici. Ça n’aura été qu’un autre des 4 chemins qu’il aura empruntés pour parcourir son destin, qui devait le ramener là où il était en attente. Peut- être se cherche-t-il déjà une autre destinatio­n...

Ces réflexions sur la vie et la mort, il les a longuement partagées avec ses auditeurs à son émission de radio, mais aussi dans certaines production­s télévisuel­les dans lesquelles il apparaissa­it à titre de philosophe.

Lui qui se voyait plutôt comme un dramaturge, écrivain, animateur de radio ou de télévision, comédien, journalist­e, réalisateu­r, metteur en scène, professeur ou producteur, ça le faisait bien rire qu’on l’affuble du titre de philosophe. Et de ce rire, parlons- en! Ce rire unique, ce trait de sa personnali­té qui faisait qu’on l’associait immédiatem­ent à son auteur, comme une signature au bas d’une oeuvre.

Sa vie, il l’aura vécue à sa manière, à la recherche d’une vérité qu’il n’a pas trouvée ici-bas et qu’il trouvera peut- être à son prochain retour. Ne riez pas! Il était convaincu qu’on ne faisait que passer sur Terre, le temps d’expier et de grandir, et que ces passages s’inscrivaie­nt dans un cheminemen­t vers la connaissan­ce ultime et la sagesse. Et je pense comme lui! La mort fait donc partie de la vie. Rien ne sert de la maudire, il faut la célébrer. Cessons d’avoir peur de l’inconnu, concentron­s-nous sur le présent et faisons de ce présent quelque chose d’utile. Et si, pour ce faire, il faut passer par 4 chemins, alors allons-y!

La curiosité n’est pas un péché capital; c’est plutôt un luxe qu’on peut tous se permettre, car plus on sait d’où on vient, plus on sait où l’on va. Au revoir, monsieur Languirand!

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada