Une nouvelle génération prend la relève
On les voit partout depuis quatre ou cinq ans; ils occupent la scène culturelle au Québec, et même au Canada anglais. Je parle de ces jeunes acteurs et actrices qui s’installent dans notre univers télé ou cinéma au pays. Je pense à Caroline Dhavernas, à Maxim Roy ou à Karine Vanasse, qui ont ouvert la voie à celles ou ceux qui les suivront. Comme Anne-Élisabeth Bossé, Marie Soleil Dion, Pierre-Luc Lafontaine, Mehdi Bousaidan, qu’on retrouve dans la distribution de Ça décolle!, ou l’excellente Sarah-Jeanne Labrosse. En humour, les nouvelles têtes d’affiche sont Virginie Fortin, Katherine Levac, Léane Labrèche-Dor, Phil Roy et Pier-Luc Funk, pour ne nommer que ceux-là. De plus en plus de producteurs font appel à eux. Normal, ils ont du talent et maintenant de l’expérience. Puis, il faut bien le dire, le médium change; les plateformes se multiplient. On a beaucoup plus de possibilités qu’avant de travailler dans le secteur de la télévision ou du cinéma. Cette génération «réseaux sociaux» se sert de toutes les occasions pour produire elle-même ses émissions. On n’aurait pas vu ça, y a même pas 20 ans! Il fallait être à la merci d’un diffuseur, car c’était lui qui produisait alors les émissions qu’il diffusait par la suite. Puis sont venues les grandes maisons de production, qui ont fait travailler et découvrir plus d’un talent. Maintenant, on écrit, on produit, on joue et on diffuse ses propres émissions sur une plateforme ou une autre et, quand il n’y en a pas qui veulent diffuser le produit, on crée sa propre chaîne télé sur le Net. C’est fou!
Dans mon temps, tout ça n’était qu’un rêve. Mais il n’était pas interdit de rêver non plus. Louise Matteau et Normand Gélinas, alors deux jeunes acteurs en manque de travail, ont eu l’idée d’écrire eux-mêmes un téléroman destiné aux jeunes intitulé Avec le temps. C’est en 1975 que Radio- Canada diffusait cette émission, ancêtre de Chambres en ville. Je me souviens que Louise — qui m’avait écrit un rôle dans cette série qui a changé ma vie — m’avait confié que si personne ne nous offrait du travail, valait mieux s’en créer soi- même. Faut croire qu’ils étaient visionnaires. Aujourd’hui, être un créateur- entrepreneur, c’est la tendance. Les temps changent, les images, les vedettes, les idoles aussi. Il nous faudra donc nous habituer à de nouveaux visages. C’est une roue qui tourne; les générations se suivent mais ne se ressemblent pas, heureusement! C’est en vieillissant qu’on s’en rend compte.
Le message est très simple: «Profitez du temps présent!» Ça ne s’adresse pas seulement au public adulte, mais aussi aux jeunes qui crèvent l’écran aujourd’hui. La vie est comme un cycle de séchage: si tu ne fais pas attention, tu peux perdre un bas. Ça n’a pas vraiment de rapport, mais ça ressemble à l’humour d’aujourd’hui! Même si on apprécie encore ceux qui nous ont fait rêver, il n’est pas interdit de continuer de le faire avec ceux qu’on découvre. Ils ont du talent et ils sont là pour un bon bout de temps. Ils l’ont bien mérité; ils auront mis le temps et les efforts pour arriver là où ils sont. Une nouvelle génération prend la relève, et c’est sain pour la culture québécoise.