Échos vedettes

Maxim Martin et Livia: unis dans le deuil

Tournage imminent de la deuxième saison de leur série

- JEAN-FRANÇOIS BRASSARD

L’ANNÉE 2017 RESTERA LONGTEMPS GRAVÉE DANS LE COEUR DE MAXIM MARTIN ET DANS CELUI DE SA FILLE, LIVIA. POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE. DÉBUT OCTOBRE, TANDIS QUE VRAK DIFFUSAIT LES PREMIERS ÉPISODES DE MAX ET

LIVIA, L’AMOUREUX DE LA JEUNE FILLE ÉTAIT HAPPÉ MORTELLEME­NT PAR UN VÉHICULE. À LA VEILLE DU TOURNAGE DE LA DEUXIÈME SAISON DE LA SÉRIE, ILS REVIENNENT SUR CES ÉVÉNEMENTS.

L’été dernier, nous rencontrio­ns père et fille sur le plateau de tournage de Max et Livia. Entre eux, complicité, tendresse et admiration. Amour pur. Bravades et sourires en coin, aussi. Nous avions eu un coup de coeur pour cette ado de 16 ans belle comme un coeur, allumée, éloquente et aux manières fort élégantes. Pour Maxim, ce projet représenta­it l’aboutissem­ent d’un vieux rêve. Et le résultat fut plus que satisfaisa­nt, tant personnell­ement que profession­nellement.

On remet donc ça pour une deuxième saison, dont le tournage commencera bientôt. « On retrouve 95 % de l’équipe, souligne Maxim. Aller tourner, c’est comme si le temps s’arrêtait et qu’on entrait dans notre petite bulle. C’est de la bonne humeur, de la joie... Ça faisait neuf ans que j’avais ce projet en tête, et quand ça s’est concrétisé, je m’étais promis d’en savourer chaque seconde. Je n’arrêtais pas de me dire: “Je ne peux pas croire que je suis dans une série avec ma fille!”»

Livia rappelle: «Au départ, ma mère n’était vraiment pas d’accord avec l’idée de cette série. Elle avait peur. Mais quand elle a vu le résultat, elle était tellement fière de moi! Elle a vu que j’étais à mon affaire pendant les tournages. J’avais l’école, la danse, la série...» Son père l’interrompt: «Elle était hallucinan­te! Autant je suis fier de son talent, autant je suis admiratif de la façon dont elle a géré tout ça.» La jeune fille aujourd’hui âgée de 17 ans

«L’année dernière a été difficile, et je n’avais pas le choix de m’accrocher aux choses positives. La série m’a littéralem­ent sauvée.» — Livia «Pour un parent, le pire sentiment au monde est de se sentir impuissant. J’ai 48 ans et c’est la chose la plus triste que j’ai vécue...» — Maxim

poursuit: «Ç’a été l’une des plus belles expérience­s de ma vie. J’ai découvert plein d’affaires en moi. Ça m’a fait grandir.» On peut même avancer que Livia a eu une épiphanie. L’automne prochain, elle étudiera la photograph­ie au collège Dawson, mais elle sait maintenant qu’elle veut être comédienne. «Pendant le tournage, j’étais stressée à cause de l’école et des choses qui allaient moins bien dans ma vie. Mais dès que je mettais les pieds sur le plateau, plus rien n’allait mal.» Trois mois de bonheur, quoi!

Puis, l’automne dernier, Vrak diffusait l’émission. Livia a commencé à regarder la série seule, gênée qu’elle était de voir ses proches la regarder à l’écran en sa présence. Quant à Max, il est plus fier que jamais de sa fille: «Parfois, je me promène avec elle, et on croise des jeunes de 9, 10 ou 11 ans. Ils figent en la voyant! Pour eux, je ne suis pas Maxim Martin, mais le père de Livia.» Une atteinte à son ego dont il se réjouit. Il ajoute qu’après quatre semaines en ondes, Max et Livia trônait au sommet des émissions les plus regardées à Vrak, une place qu’elle a maintenue jusqu’à la fin. Mais, entretemps...

LA DIFFICULTÉ D’ACCEPTER

Le 4 octobre dernier, Livia a perdu son amoureux dans des circonstan­ces dramatique­s. Les médias ont abondammen­t fait état de Clément Ouimet, ce cycliste accompli de 18 ans décédé après avoir été heurté par un véhicule sur le chemin Camillien- Houde. Si tous ont été émus par cette tragédie, imaginons la détresse de Livia. Du moins, tentons de le faire...

Son père se souvient: « Quand l’accident est arrivé, elle s’est complèteme­nt fermée. On se parlait tous les jours, même si ça ne durait qu’une seconde. Je lui suggérais de lire ses messages sur Facebook parce que ça lui ferait du bien.»

Avec une lucidité et une honnêteté désarmante­s, la jeune fille fait valoir: «Il y a différents stades pour le deuil, dont l’acceptatio­n. Au début, je ne voulais pas le voir. Lire mes messages m’aurait fait réaliser qu’il était décédé et je ne le voulais pas.»

Puis, après un bon bout de temps, et en respectant son rythme, elle a consulté sa page Facebook. «J’ai senti beaucoup d’empathie de la part des gens. J’étais en choc post-traumatiqu­e et je le suis encore. Il y a des journées où ça me faisait vraiment du bien d’avoir de la compassion, mais il y en a d’autres où plein de souvenirs remontaien­t et je n’avais pas le goût qu’on me les rappelle.»

Depuis le drame, Livia continue d’entretenir précieusem­ent le lien qui l’unit aux proches de Clément. «C’est ma deuxième famille. Je veux qu’ils ne sortent jamais de ma vie. Je vais même souvent dormir chez eux. Je veux qu’on se serre les coudes, et ils le veulent aussi. Le premier mois, j’ai dormi là tous les soirs.»

Pendant ce temps, Maxim et la mère de Livia, Éloïse, ont été prévenants, tout en respectant les étapes de son deuil. «Pour un parent, le pire sentiment au monde est de se sentir impuissant. J’ai 48 ans et c’est la chose la plus triste que j’ai vécue, incluant les décès de mon père et de mon grand-père. Livia a passé énormément de temps avec la famille de Clément, et je trouvais ça beau.» Ce drame a encore rapproché le père et la fille, eux qui avaient déjà une excellente relation. Maxim poursuit: «Depuis octobre, on ne s’est pas chicanés une seule fois. On a quand même deux caractères de marde! On a appris à se parler différemme­nt.»

UN ENFER ORDINAIRE

Le deuil, on le sait, comporte différente­s étapes. Sur papier, le processus est parfaiteme­nt clair et logique. Mais c’est un cheminemen­t si personnel...

Livia a de bonnes journées. D’autres qu’elle souhaitera­it oublier. Plein de hauts et autant de bas. Normal. «La première année est la plus difficile parce qu’on vit tout pour la première fois sans l’autre. Le premier Noël, par exemple. Ça faisait deux ans que je passais les fêtes avec lui. Toutes ces “premières fois” sans lui sont extrêmemen­t difficiles. Ça va prendre du temps... Il y a des journées où je vais vraiment bien, mais le lendemain, je pourrais rentrer chez moi en pleurant et être fâchée contre tout le monde.» Normal. Infernal, mais normal.

Livia poursuit avec une transparen­ce à travers laquelle tous ceux qui ont perdu un proche se reconnaîtr­ont. « Certains aspects de ma vie ont été extrêmemen­t affectés. J’ai beaucoup plus de misère à gérer mes émotions. Parfois, je ne sais pas ce que je veux. Je ne sais même pas ce que je ressens parce que je ne me comprends pas moi- même. Ça m’a pris un mois avant de reparler à ma meilleure amie. J’étais fâchée contre elle, mais... elle n’avait rien fait!»

LUMIÈRE DANS LE BROUILLARD

«Le temps arrange les choses.» «Après la pluie, le beau temps.» Et bla bla bla... Des phrases toutes faites que n’ont le goût d’entendre ni Maxim ni Livia.

On vit, on traverse l’épreuve et on apprécie les jolies surprises de la vie. «De belles choses sont arrivées à travers ça, constate Maxim. Tous les amis de Clément se sont soudés pour aider les parents. C’est nous qui étions censés les consoler, et ce sont eux qui l’ont fait.»

Livia renchérit: «Il y a du beau qui arrive. L’année dernière a été difficile, et je n’avais pas le choix de m’accrocher aux choses positives. La série m’a littéralem­ent sauvée. D’ici quelque temps, je vais revivre l’une des expérience­s les plus malades de ma vie. Je suis chanceuse de vivre ça avec mon père. Ç’a été déterminan­t dans mon rétablisse­ment.»

Son père opine: « J’espérais que ce soit la bouée de sauvetage dont Livia avait besoin. Quand elle avait des journées plus grises, elle s’accrochait à ça.»

C’est à compter de la fin mai, et jusqu’en juillet, que sera tournée la deuxième saison de l’émission. Juste pour rire produisait la première saison, mais avec les événements que l’on connaît, Maxim s’est tourné du côté de Pixcom. « J’ai pris une décision rapidement parce que je ne voulais pas laisser la série en suspens, plaide Maxim. Le décès de Clément et le scandale autour de Gilbert Rozon sont arrivés à l’intérieur de deux semaines. J’étais dans le coeur de l’ouragan.»

À travers la tourmente, jamais il n’a été question de suspendre ou de décaler le projet. « Je tenais à faire une deuxième saison.» Ce n’est pas l’artiste qui parle, mais le père.

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