Mathieu et Benjamin Gratton: père et fils s’impliquent pour la Fondation de l’autisme
POUR LA FONDATION DE L’AUTISME
IL Y A UN AN, MATHIEU GRATTON LANÇAIT LA PAGE FACEBOOK LE MONDE DE BENJAMIN, OÙ IL PRÉSENTE DES CAPSULES VIDÉOS METTANT EN VEDETTE SON FILS AUTISTE. EN CE MOIS DE L’AUTISME, L’HUMORISTE A CHOISI DE S’IMPLIQUER DANS LA CAMPAGNE DE FINANCEMENT DE LA FONDATION DE L’AUTISME EN LANÇANT NOTAMMENT LA CHANSON MIRAGE. C’EST AU SALON DE QUILLES G PLUS, À MONTRÉAL, QUE MATHIEU ET BENJAMIN GRATTON NOUS ONT DONNÉ RENDEZ-VOUS. PENDANT QUE FISTON LANÇAIT LA BOULE, SON PAPA S’EST ENTRETENU AVEC NOUS.
Il n’est pas rare de voir Mathieu Gratton et son fils, Benjamin, dans un salon de quilles, un des endroits préférés de ce dernier. «C’est important, quand on sort ensemble, de toujours être dans un endroit où il ne se tannera pas, où il pourra faire une activité ou profiter du Wi- Fi», explique l’humoriste.
VEDETTE DE CAPSULES VIDÉOS
Fils de Patricia Paquin et de Mathieu Gratton, Benjamin est la vedette des capsules vidéos de la page Facebook Le monde de Benjamin, lancée il y a un an dans l’optique de sensibiliser les gens à la cause de l’autisme. À ce jour, plus de 56 000 personnes suivent la page. «Benjamin est toujours filmé à son insu. Je ne veux pas qu’il ait l’impression qu’il travaille quand il tourne dans les capsules. Je lui demande le moins possible d’apprendre un texte, parce qu’il n’aime pas ça. Il est meilleur au naturel. Avoir un enfant
autiste, c’est comme avoir un enfant pour la vie. On ne peut pas penser qu’à 18 ans il partira de la maison. Un autiste, c’est un Tanguy qui devient autonome petit à petit... À moins qu’il soit un cas très lourd et qu’on décide de l’envoyer dans une maison spécialisée avec des soins.»
UNE CHANSON POUR LA CAUSE
En ce mois de l’autisme, Le monde de Benjamin a décidé de s’impliquer auprès de la Fondation de l’autisme pour venir en aide aux familles qui ont un ou des enfants autistes et qui connaissent des difficultés financières, afin de pouvoir leur donner un peu de répit.
Pour donner de la visibilité à cette campagne de financement, Mathieu Gratton a mis à contribution ses talents de créateur pour la cause en écrivant la chanson Mirage, qui traite de l’autisme. Pour interpréter ses mots, il a voulu réunir un trio de papas en or. «Pour moi, Emmanuel Bilodeau est un grand acteur. Yann Perreau est un gars très sensible et un papa qui a un parcours assez intense. Patrice Michaud a gagné le prix de la meilleure chanson de l’année à l’ADISQ. Je ne connaissais pas sa personnalité; j’ai découvert un gars hypersensible et généreux.» Les gens peuvent faire un don en textant le mot Benjamin au 45678 ou en se rendant sur le site des lunetteries New Look, qui sont partenaires du Monde de Benjamin (newlook.ca/ benjamin).
TRÈS PROCHE DE SON FILS
À 16 ans, Benjamin va dans une école spécialisée où il a notamment l’occasion de faire un stage chez McDonald’s. « C’est une belle expérience pour lui parce que ça le prépare à peutêtre éventuellement avoir un travail.» Pour ce projet du Monde de Benjamin, père et fils travaillent ensemble. «Quand c’est fait dans l’improvisation, c’est super facile, mais quand vient le temps de travailler, même si Benjamin connaît un peu les rudiments de ce que ça représente de tourner pour une caméra, je me dis que, heureusement, je ne lui en demande pas trop... Je trouve que la vie demande souvent une certaine perfection, et c’est comme cacher la réalité. J’aime moins ça. Nous, les parents d’enfants autistes, on accepte nos enfants comme ils sont. On a une relation très proche, ce qui fait qu’on a bien du fun et qu’on se chicane, aussi. Contrairement aux adolescents neurotypiques (terme désignant les gens qui ne sont pas atteints
par des troubles du spectre autistique) qui, parfois, ne veulent pas voir leurs parents, lui et moi, on fait des activités tout le temps.»
UN QUOTIDIEN PARFOIS ROCK’N’ROLL
Un beau jour, Mathieu Gratton aimerait bien que Le monde de Benjamin fasse le saut à la télévision. Charles Lafortune et sa boîte de production Pixcom en sont à développer un projet de documentaire télé. «Dans les capsules vidéos, j’en montre le plus possible, mais personne ne voit vraiment le quotidien, à quel point c’est rock’n’roll, des fois, avec mon enfant. Si je fais le documentaire, ce sera pour montrer la réalité. Je pense que les gens seraient encore plus touchés de voir à quel point les réussites de Benjamin sont grandes, parce qu’il y a aussi des échecs. Dans la vie de tous les jours, s’il ne réussit pas quelque chose, il va s’autopunir. Il va se dire à voix haute qu’il n’est pas bon ou il va se crisper sur lui- même. Il va se confisquer lui- même ses objets comme son téléphone ou son ordinateur. Il a cassé sa tablette en deux parce qu’il n’avait pas gagné un million de dollars au jeu sur Internet Who Wants to Be a Millionaire?.»
Être parent d’un enfant autiste, ça chamboule un peu les choses de la vie et ç’a été le cas pour Mathieu Gratton. «Pendant plusieurs années, volontairement, je ne donnais pas de spectacles une semaine sur deux. Je n’ai pas développé ma carrière pendant une certaine période parce que j’étais occupé à manger avec mon fils le soir, à sortir avec lui. Je n’aurai jamais de regrets. On ne peut jamais dire qu’on n’aurait pas dû sacrifier ce temps- là pour notre enfant. Aujourd’hui, il a 16 ans et j’en ai 42. Je peux commencer ma carrière à zéro n’importe quand, si je veux», relate l’artiste, dont la carrière va bon train. Il présente d’ailleurs le spectacle d’humour Burn- out total avec sa blonde, la comédienne Fanny Blanchard, un peu partout dans la province. Ils iront même jouer dans un festival country en Ontario en mai.
DES DEUILS
Cela n’empêche pas Mathieu Gratton de composer avec les deuils que son fils doit faire. «Il y en a beaucoup... Benjamin a des rêves et il en parle. Pour lui qui adore les voitures, 18 ans, ça représente le fait d’avoir son permis et de conduire. On ne lui a pas dit que l’âge minimal pour le permis était de 16 ans. Il faut être réaliste. Personne ne veut que Benjamin conduise une voiture, parce que ça ne serait pas une bonne idée. (rires) Toutefois, je trouve des façons de réaliser ses rêves. Il conduira une voiture au mois de mai sur un circuit fermé et il sera bien encadré. Ce qui me fait le plus de peine, c’est son désir d’autonomie versus sa compréhension de ses capacités. Il pense qu’il peut tout faire tout seul, et c’est vrai qu’il peut, mais, comme on n’est pas tous accueillants envers la différence, on n’a pas le choix de le surveiller à l’occasion. Je trouve ça difficile de lui faire comprendre que je dois être avec lui même s’il ne le veut pas, et même si je sais qu’il en est capable. C’est pour le protéger, parce qu’il se parle tout seul et qu’il fait de grands gestes. Il pourrait blesser quelqu’un en courant dans un centre d’achats. Dans les endroits publics, il parle fort. Je me dis toujours: “Un jour, quelqu’un de malveillant pourrait arriver et le remettre à sa place, et j’aimerais ça être là à ce moment- là.”»
«Il y a beaucoup de deuils... Benjamin a des rêves et il en parle.»