Échos vedettes

Zabé et Zorro, deux superhéros

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Faut avoir soit un front de boeuf, soit du courage pour faire un doigt d’honneur à la maladie de Parkinson. Patrick Zabé a les deux. Il combat cet état depuis qu’il a appris qu’il en souffrait, il y a de cela 11 ans. Depuis, sa vie a changé. Il travaille encore plus fort, voyage toujours autant, rêve de projets et mange mieux, donc il est continuell­ement en train de bouger. C’est sa recette pour garder une qualité de vie acceptable. Et ça marche!

J’ai moi-même eu le bonheur de partager sa loge durant la dernière Tournée des Idoles au Québec en 2017. J’ai vu combien il mettait d’efforts pour maintenir ce niveau, sans jamais se plaindre de quoi que ce soit. Au contraire, je pense que le fait de remonter sur scène soir après soir mettait un baume sur ses maux, c’était une espèce d’antidote à sa condition. Fallait le voir aller quand il chantait ses grands succès; il revivait littéralem­ent sur scène, retrouvant sa jeunesse et sa santé. La scène a cette propriété presque magique de redonner la vie aux plus affectés. Il n’y a pas un spécialist­e qui peut expliquer ce phénomène. C’était pareil pour Patrick Zabé lors de la tournée, et il a bien l’intention de ne rien changer à la posologie.

Dans ses projets, il parle de faire le tour du Québec dans un concept de concerts conférence­s. C’est ce que j’appelle avoir de la vision. Faut quand même être fort entre les deux oreilles pour entreprend­re une pareille chose à 76 ans. Mais il n’est pas seul; il a un ange qui est avec lui, qui l’accompagne partout et qui veille sur lui, sa conjointe, Mona — Moune pour les intimes —, qui ne le lâche pas d’une semelle. Elle veille à ce qu’il prenne ses médicament­s à l’heure, même qu’elle cache dans ses affaires un petit bidule qui sonne quand c’est l’heure. Elle surveille aussi son alimentati­on et le soutient dans ses déplacemen­ts en voiture, qui peuvent être longs et épuisants parfois. C’est qu’elle veut garder son homme le plus longtemps possible près d’elle. C’est une femme exceptionn­elle! Si la maladie afflige Patrick, la vie prend soin de lui en l’inondant d’amour. Faut dire que Patrick Zabé est un homme facile à aimer. Ça reste un bon vivant qui ne s’empêchera pas de célébrer la vie avec ses camarades ou sa famille. C’est pas lui qui va vous empêcher de tourner en rond.

Souvenez-vous de ses grands succès des années 1960 et 1970 au Québec: Agadou, Señor météo, Ah c’qu’on est bien quand on est dans son bain ou encore Les lunettes. Il faut avoir au fond du coeur une âme de fanfaron; ça le garde bien vivant, et c’est tant mieux. Zabé et moi, ç’a cliqué. Avant de partir en tournée, on ne se connaissai­t que par nos enfants, car Kim, sa fille, travaillai­t avec mon fils Philo à la radio depuis un bon moment, quand nous nous sommes rencontrés la première fois; on aurait dit qu’on se connaissai­t depuis longtemps. Patrick et Mona sont devenus mes amis, et j’en suis fier. Des gens comme eux, il devrait y en avoir plus; le monde s’en porterait mieux. Du courage, de la joie de vivre, des rêves et des projets, voilà la définition du bonheur.

Patrick Zabé, sans le vouloir, est devenu un phare, une inspiratio­n, un exemple de courage pour tous ceux qui, comme lui, souffrent du parkinson et même pour les autres comme moi qui n’en souffrent pas. Le mot «courage» s’épelle avec un gros Z pour Zabé, l’inspiratio­n d’une génération.

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