«Je ne voulais pas révolutionner quoi que ce soit.» — Michel Tremblay
Lorsqu’il nous est arrivé avec sa pièce Les belles-soeurs, en 1968, il y a 50 ans, Michel Tremblay trouvait qu’il y avait une grande injustice au théâtre. «Dans le théâtre nordaméricain en général et québécois en particulier, on remarquait à l’époque que les femmes étaient presque toujours des personnages secondaires effacés, explique-t-il. Quand j’ai eu l’idée de transcrire le joual au théâtre, la première chose à laquelle j’ai pensé, c’était de faire une pièce avec des personnages de femmes et d’évacuer les hommes complètement. Au bout de deux jours, au lieu d’avoir 2 femmes, j’en avais 15 parce qu’en pensant à des prototypes féminins, j’en trouvais, j’en trouvais, j’en trouvais... J’avais été entouré de femmes toute ma vie!»
L’auteur voulait-il brasser la société, à l’époque? «J’ai écrit la pièce en donnant la parole aux femmes, mais pas en voulant révolutionner quoi que ce soit.» Pour lui, ce n’était qu’un simple exercice de style.
Un simple exercice de style qui a eu un impact immense... et qui a créé «le» scandale du Rideau Vert (là où le spectacle a vu le jour)!
Le rayonnement des Belles-soeurs a dépassé les frontières du Québec dès ses débuts. On a invité la troupe originale, composée notamment de Denise Proulx et de Denise Filiatrault, à se produire en France. «La France a ouvert les oreilles au Québec à partir du moment où on est allés leur parler de nous. Ça les intéressait de savoir qui on était.»
Pourquoi la pièce est-elle toujours pertinente aujourd’hui, 50 ans plus tard? «Les sociétés ont beau changer, si les rapports humains restent des rapports humains pertinents, la pièce peut traverser le temps.»