Nathalie Mallette: une réflexion sur le pouvoir

DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LE THÉÂTRE APPELLE NATHALIE MALLETTE. APRÈS AVOIR REPRIS CET ÉTÉ LE SUCCÈS ESTIVAL DE 2017 LE CONCIERGE, ELLE OUVRE LA SAISON THÉÂTRALE À L’ESPACE GO DANS LE RESTE VOUS LE CONNAISSEZ

PAR LE CINÉMA. CETTE TRAGÉDIE SUR FOND D’HUMOUR S’AVÈRE UN BEAU DÉFI POUR LA COMÉDIENNE.

Jusqu’au 6 octobre à l’Espace Go, Nathalie Mallette est en vedette dans Le reste vous le

connaissez par le cinéma, une réécriture par l’auteur britannique Martin Crimp de la pièce Les

Phéniciennes, d’Euripide. C’est le metteur en scène Christian Lapointe, qui avait déjà vu Nathalie jouer au théâtre, qui lui a offert d’interpréter Jocaste, la mère d’OEdipe. «J’ai accepté parce que j’avais envie de travailler avec Christian, qui est un être généreux, chaleureux et gentil. Il est tout ce que j’aime d’un metteur en scène. Et aussi parce que c’était un défi de jouer là-dedans», raconte la comédienne, qui n’a pas souvent exploité ce registre de jeu qu’est la tragédie nimbée d’un fond d’humour. Cette leçon de mythologie a été actualisée. Il est question du combat entre les deux frères Étéocle et Polynice, les fils de Jocaste et d’OEdipe, pour le contrôle de la ville de Thèbes. Dans la pièce, cette guerre fratricide est transposée dans une école. «C’est une réflexion sur le pouvoir qui a encore beaucoup de résonance aujourd’hui. Plus on avance dans l’histoire, plus on bascule tranquillement dans la tragédie et la folie.»

EN RÉFLEXION

Cet été, la comédienne a repris la pièce Le

concierge au Théâtre Gilles-Vigneault, à SaintJérôme. «On a joué 104 fois le show. C’est quand même assez rare de pouvoir jouer autant de fois. J’y ai fait des rencontres formidables et c’est ce que j’aime beaucoup de mon métier: les rencontres.» Elle est choyée avec Le reste vous le

connaissez par le cinéma, puisqu’elle y partage la scène avec 13 autres acteurs, dont Marc Béland, Éric Robidoux et Marie-Ève Perron. La pièce sera également présentée au Centre national des Arts à Ottawa, du 14 au 17 novembre. Pour l’instant, Nathalie Mallette n’a rien d’autre à son agenda. «Il y a des projets qui se dessinent pour l’été prochain, mais je suis en réflexion. C’est un engagement de jouer dans un show. Je me donne le temps d’y penser. J’ai fait de la télé sans arrêt pendant 25 ans et, depuis environ deux ans et demi, c’est le théâtre qui se présente à moi. Tant que je travaille, que je peux jouer, c’est tant mieux.» Quand on lui demande si la télé lui manque, elle répond: «Quand j’ai fini 30 vies (2016), j’ai eu une période très sombre où j’ai ressenti une grosse inquiétude. Je ne sais pas pourquoi; je me disais que j’étais dans un tournant. Puis, le théâtre est devenu bien présent dans ma vie et cela m’a rassurée et calmée. Je suis très heureuse. Si la télé revient, ça sera tant mieux. J’aimerais ça en refaire, c’est sûr, mais je ne suis plus en mode panique par rapport à ça.»

SA FILLE SUR SES TRACES

Son conjoint, Robert Bellefeuille — avec qui elle est depuis 24 ans —, comprend bien le milieu. Il est directeur du programme de mise en scène à l’École nationale de théâtre du Canada depuis 10 ans, et assure depuis 3 ans la direction artistique du Festival international de la chanson de Granby. «C’est un très bon partenaire de vie. Il a confiance en mon travail et, souvent, il m’encourage, et me pousse à aller plus loin.»

Leur fille Jeanne, 13 ans, pourrait bien marcher dans leurs pas un jour. «Elle joue du piano et a choisi un collège où elle pouvait expérimenter le théâtre. J’ai bien l’impression qu’elle se dirigera dans les arts. C’est sûr que j’ai des inquiétudes parce que j’ai toute la conscience du métier que je n’avais pas quand j’étais enfant. Mon père était épicier et ma mère était à la maison. Aucun de mes parents ne pouvait me dire comment était le métier, mais je me dois de laisser à Jeanne le droit de faire ce qu’elle veut faire. Elle est brillante, sensible. J’ai confiance en elle.»