Échos vedettes

«MÊME SI JE SUIS “LA FILLE DE...”, JE RESTE AVANT TOUT ROSALIE»

- — Rosalie Taillefer-Simard SAMUEL PRADIER

QUE CE SOIT COMME ARTISTE PEINTRE, COMÉDIENNE, ANIMATRICE, CONFÉRENCI­ÈRE OU CRÉATRICE DE DÉCORS, ROSALIE TAILLEFER-SIMARD MULTIPLIE LES PROJETS POUR L’AUTOMNE. ELLE EXPOSE ACTUELLEME­NT SES TOILES DANS UNE GALERIE DU PLATEAU, ELLE JOUERA DANS LA SÉRIE CLASH ET COANIME UNE ÉMISSION SUR LA CHAÎNE AMI-TÉLÉ. À 27 ANS, LA FILLE DE RENÉ SIMARD ET MARIE-JOSÉE TAILLEFER EST BIEN PARTIE POUR SUIVRE LES TRACES DE SES ILLUSTRES PARENTS.

Parce qu’elle ne pouvait pas suivre de cours d’anglais ou de musique au secondaire, en raison de sa surdité, Rosalie Taillefer-Simard s’est essayée aux arts plastiques. «J’ai tout de suite aimé ça. J’ai continué en arts au cégep et j’ai ensuite fait un bac en arts visuels. La peinture est une manière de m’exprimer différemme­nt. Je mets souvent des petits détails, des repères qui ont un lien avec ma personnali­té. J’intègre des choses que tout le monde ne peut pas forcément déceler. Je ne le dis pas parce que je veux que les gens fassent leur propre interpréta­tion.»

Pour son exposition, qui se déroule jusqu’au 24 septembre, elle a souhaité un titre significat­if,

Audition. «C’est un lien avec mon problème de surdité. Je trouve que c’est un mot qui me décrit et me représente bien. Le mot “audition” a aussi un sens différent, car quoi qu’on fasse, on est toujours en audition. Même une toile, quand elle est accrochée, est toujours en audition, puisque chaque regard la scrute et la juge.»

Admiratric­e du travail de Claude Tousignant, de Miro et de Corno, Rosalie aime travailler les couleurs. «Au quotidien, j’écris dans un cahier toutes mes pensées et mes réflexions. Je pars souvent d’une idée, puis je collecte des images que je découpe et assemble. Je vais ensuite créer ma toile avec ça sur Photoshop. Une fois que j’ai ce montage, je me mets devant la toile et je me laisse aller. La toile finale ressemble plus ou moins à mon montage. Souvent, les couleurs ne sont plus les mêmes. Je garde ces montages, mais je ne les montre jamais.»

Avec des parents aussi célèbres, Rosalie aurait pu sentir une certaine pression en devenant à son tour artiste, mais elle préfère voir le bon côté. «Je me sens totalement libre de faire ce que je veux, même si mes parents sont connus. Quand j’étais plus jeune et que j’allais magasiner avec ma mère, par exemple, c’était parfois étrange, car les gens nous regardaien­t tout le temps. Mais même si je suis “la fille de...”, je reste avant tout Rosalie. Et puis, j’aime mes parents et je suis fière d’eux. C’est un plaisir pour moi d’être leur fille.»

COMÉDIENNE SOURDE

En plus de travailler son art, Rosalie TailleferS­imard fera ses débuts en tant que comédienne à la télévision. En effet, elle a décroché un rôle dans la nouvelle série Clash, diffusée cet automne à Super Écran. «Je joue le rôle d’Élise, une sourde gestuelle, qui est la nièce du personnage de Chantal Fontaine. Je n’ai pas de dialogues, je parle seulement en langue des signes. Il a d’ailleurs fallu que je rencontre une sourde pour qu’elle me donne tous les mots dont j’avais besoin. Quand j’étais plus jeune, je parlais en langue des signes avec mon frère et mes parents. C’est quelque chose qui est en moi. Mais avec le temps, j’ai perdu pas mal de vocabulair­e, surtout des mots qu’on n’utilise pas souvent.» Son personnage arrivera un peu plus tard dans la saison et devrait nouer une relation avec un des personnage­s principaux. «Je n’ai jamais dit que je voulais être comédienne, mais dans ma tête, je me disais que j’aimerais faire une sourde dans une histoire. J’ai joué des rôles en danse, et je savais que je pourrais aussi jouer dans un autre type d’environnem­ent.»

Rosalie sera également coanimatri­ce à l’émission Mission accessible sur la chaîne AMI-télé, dès le 23 octobre. «On est trois animateurs: un aveugle, une personne en fauteuil roulant et une sourde. On va en mission pour montrer comment on doit souvent composer avec des choses difficiles. Par exemple, je vais voir un show d’humour, même si je ne comprends pas toutes les jokes. Parfois, je ris toute seule, à la mauvaise place. On essaie de conscienti­ser les propriétai­res de toutes sortes d’endroits et on apprend les solutions qui existent pour aider les gens qui en auraient besoin. Mais il n’y a aucune pitié. On accepte notre différence et on rit beaucoup durant les tournages.»

Même si elle a des implants cochléaire­s depuis l’âge de quatre ans, Rosalie se considère toujours comme une sourde. «Je fais souvent répéter les gens, je lis beaucoup sur les lèvres quand il y a plein de bruit... Par ailleurs, je ne sais pas ce que c’est d’entendre de la belle musique. Je suis désolée pour les musiciens et les chanteurs comme mon père. (rires)»

UNE NOUVELLE MAISON

Entre ses différents projets profession­nels, Rosalie Taillefer-Simard, qui vient tout juste de déménager avec Gabriel, son amoureux, met la touche finale à ses travaux de rénovation. «On est déménagés depuis environ un mois. On a acheté la maison en décembre dernier et on a passé plusieurs mois à rénover. On n’habitait pas dedans, ce qui nous a permis de tout faire nous-mêmes. Mon frère nous a pas mal aidés, ainsi que le père de mon copain. On a fait ça en famille, et ils nous ont appris plein de choses.»

Même René Simard a tenu à mettre sa touche personnell­e. «Mon père n’est tellement pas bon dans les rénovation­s! Mais il a quand même fait un effort. Il a peint mes garderobes. Ma mère est venue souvent parce qu’elle aime ça.» En couple depuis cinq ans et demi, Rosalie envisage l’avenir avec bonheur. «On aimerait se marier prochainem­ent, mais pas tout de suite. On veut d’abord bien s’installer et on verra ensuite.»

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