Échos vedettes

«LA SCÈNE ET LA DANSE VONT TOUJOURS ME MANQUER»

ANCIENNE DANSEUSE CLASSIQUE, LYDIA BOUCHARD EST DEVENUE UNE CHORÉGRAPH­E ET METTEUSE EN SCÈNE RECHERCHÉE À TRAVERS LE MONDE. ELLE TRAVAILLE AUSSI BIEN AVEC LE CIRQUE DU SOLEIL QUE POUR ROBERT LEPAGE, ELTON JOHN OU L’OPÉRA DE MONTRÉAL. QUAND ELLE PARLE AVEC

- Lydia Bouchard

Lydia, pourquoi avez-vous accepté le rôle de maître à Révolution?

C’est une formidable occasion pour moi d’avoir une tribune pour parler de ce qui a été toute ma vie: la danse. C’est une question qu’on se pose quand on fait une transition comme danseur. On sous-estime souvent toutes les connaissan­ces qu’on a acquises au cours de notre carrière.

Est-ce qu’un danseur est forcément plus apte à juger d’autres danseurs?

Je pense que, comme dans n’importe quel médium, il faut trouver le professeur qui nous parle et qui aime assez son métier pour bien nous le transmettr­e. Il y a toutes sortes de moments dans la vie d’un danseur. C’est un appel et une passion qu’on choisit quand on est enfant. Ensuite, ça devient comme une obsession. On vit une adolescenc­e assez étrange, parce qu’on passe cette période à se regarder devant un miroir. C’est un passage délicat. J’espère que les profs sont conscients de la grande responsabi­lité qu’ils ont quand ils guident ces jeunes. L’estime de soi des danseurs est importante, car on est souvent dans l’autocritiq­ue. Il ne faut pas que ça tombe dans l’extrême, car je vois parfois des histoires tristes. C’est pour cela qu’il faut bien les encadrer.

Qu’est-ce qui fait un bon danseur?

Que pouvez-vous apporter aux danseurs?

Je les reçois sur scène de la même façon que je pourrais les recevoir dans mon studio. Je leur donne mon opinion, qui n’est pas celle de tout le monde. Je donne mes commentair­es le plus simplement du monde. Pour certains, ça éveillera quelque chose, ça provoquera un changement et ouvrira une porte dans leur façon de voir un mouvement. J’espère donner des commentair­es constructi­fs pour que les danseurs puissent s’améliorer. C’est très important d’expliquer pourquoi on choisit quelqu’un ou pourquoi on ne le prend pas.

Est-ce que tous les danseurs de Révolution ont suivi un entraîneme­nt particulie­r?

On ne peut pas devenir un danseur comme on peut, par exemple, devenir un chanteur. Il y a quelque chose de très inné dans la voix, même si c’est un instrument qui se travaille. En danse, c’est aussi inné, mais il faut obligatoir­ement s’entraîner. Il faut travailler son corps. Il y a une musculatur­e qu’il faut développer pour venir soutenir un grand talent. Tous les danseurs sont passés par un entraîneme­nt rigoureux, et je parle de 20 ou 25 heures par semaine minimum.

Dansez-vous toujours?

Je n’ai pas dansé depuis deux ans, principale­ment parce que je n’en ai pas eu le temps. Mais j’ai beaucoup travaillé, notamment pour le Cirque du Soleil. J’ai fait de la mise en scène et de la chorégraph­ie avec bonheur, mais je n’ai plus le temps de m’entraîner. Et j’aime trop ce que je fais pour le faire à moitié. La scène et la danse vont toujours me manquer.

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